L’article suivant est tiré d’un bulletin archivé. Consultez notre bulletin Eaux partagées.

Le savoir autochtone : un vécu et des perspectives précieuses

Rachel Carmichael Campbell
IJC
Diana Moczula
IJC
Photo of Christina Chiasson
Chrissy Chiasson
IJC
ik collage part one

« Indigenous Knowledge : Lived Experiences and Valuable Perspectives » (Savoir autochtone: un vécu et des perspectives précieuses) est une série en trois parties qui se penche sur le potentiel que représente le savoir autochtones en matière de renforcement de la gestion de l’eau en Amérique du Nord. Cette série repose sur des entrevues de personnes des deux côtés de la frontière qui ont collaboré avec la Commission mixte internationale (CMI) et qui, soit sont Autochtones, soit ont une expérience de travail dans le domaine du savoir autochtones. La série vise à promouvoir une meilleure compréhension du savoir traditionnel autochtone, à articuler les avantages et les obstacles associés à l’intégration de ce savoir dans la gestion de l’eau, et à déterminer les bienfaits découlant de l’établissement de relations avec les peuples, les nations et les communautés autochtones. Le présent article inaugure la série.

L’importance et la valeur du savoir autochtone

Pendant des milliers d’années, les peuples autochtones ont prospéré sur les terres et les eaux maintenant connues sous les noms de Canada et États-Unis. Ils possèdent une compréhension intrinsèque de la terre, de l’eau et des interrelations qui y sont associées; c’est ce qu’on appelle couramment le savoir autochtone.

Le « savoir autochtone » est désigné de bien des façons et il n’existe pas de définition unique pour le décrire, mais ses composantes de base sont les connaissances, les pratiques et les traditions qui se transmettent de génération en génération, depuis des temps immémoriaux. Le plus souvent, ces éléments d’information concernent un lieu en particulier et sont transmis oralement, sous la forme de récits ou d’enseignements directs au sujet du territoire. Le savoir autochtone est diverse et la CMI reconnaît la pluralité des systèmes de savoir compte tenu de la diversité des communautés et des nations autochtones le long de la frontière.

Parler de savoir autochtone revient à reconnaître les torts, passés et présents, que le colonialisme a occasionnés à de nombreux peuples autochtones au Canada et aux États-Unis. En reconnaissance de ces préjudices et de la valeur du savoir traditionnel autochtone, la CMI cherche constamment des occasions d’apprendre des peuples autochtones et d’établir avec eux des relations qui soient fondées sur le respect mutuel et sur un ensemble d’intérêts communs dans le domaine de la gestion des eaux transfrontalières. Toute participation proactive et mutuellement bénéfique à la gestion des eaux passe nécessairement par l’instauration de relations solides et respectueuses avec les peuples, les nations et les organismes autochtones.

Avantages réciproques de la prise en compte du savoir autochtone 

La CMI, en tant qu’organisation signataire de traités, aide les gouvernements du Canada et des États-Unis à gérer conjointement les eaux transfrontalières. L’inclusion des peuples et des nations autochtones dans cette gestion des eaux transfrontalières est essentielle à l’intégration des intérêts et du savoir de ces détenteurs de droits.

henry lickers ik
Le commissaire Henry Lickers est un Haudenosaunee (Iroquois) du clan de la tortue (nation Seneca). Photo : CMI

Le commissaire canadien Henry Lickers – premier commissaire autochtone nommé à la CMI et l’un des premiers scientifiques autochtones nommés à un des conseils de la CMI – a souligné à quel point différents points de vue peuvent transformer la gestion de l’eau.

« Les sociétés occidentales voient les choses sous l’angle des droits et des lois », estime-t-il, « mais les Autochtones, eux, accordent la priorité aux responsabilités. »

Cette façon de voir est reprise par Kelsey Leonard, de la Nation indienne de Shinnecock et membre du Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs de la CMI. Pour elle, les Autochtones appréhendent la gouvernance de l’eau comme étant « l’accomplissement de leurs responsabilités envers les générations futures, la relation qu’ils entretiennent avec l’eau étant vivante ».

Il importe que nous nous acquittions en priorité de notre responsabilité collective de nouer entre nous des liens de collaboration et de confiance, et d’assumer la responsabilité de l’eau. Ce sont là sont des étapes importantes sur la voie de la modernisation de la gouvernance de l’eau.

kelsey leonard ik
Kelsey Leonard (PhD) est membre de la Nation indienne de Shinnecock. Elle siège au Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs et se spécialise dans la gouvernance autochtone de l’eau. Photo : Kelsey Leonard

Bien que les nombreux avantages du savoir autochtones puissent éclairer et faire évoluer la gestion de l’eau, il est essentiel que ces avantages bénéficient à toutes les parties concernées, c’est-à-dire aux résidents du bassin, à personnes qui détiennent le savoir et à celles qui sont investies de la responsabilité de ce savoir. L’importance de répartir les avantages équitablement et d’entretenir des relations équilibrées est souvent ressortie des conversations avec les personnes interrogées.

chris paci ik
Chris Paci (PhD) est membre du Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs. Photo : Chris Paci

Chris Paci, membre canadien du Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs de la CMI, affirme que l’intégration des diverses savoirs traditionnels autochtones et des connaissances scientifiques occidentales dans la prise de décisions passe nécessairement par des relations fondées sur la réciprocité, où les avantages bénéficient également à toutes les parties. Un examen continu et critique des avantages et des risques communs doit faire partie intégrante de tout projet. Comme le dit le professeur Paci : « Ce qui rend l’inclusion bénéfique, c’est une prise de décisions plus solides et plus durables. On évite de faire de mauvais choix dès lors que les connaissances autochtones sont prises en compte et intégrées. »

gail faveri ik
Gail Faveri est une ancienne membre du Conseil du bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie. Photo : Gail Faveri

Gail Faveri, ancienne membre du Conseil du bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie de la CMI, de 2013 à 2018, affirme que l’inclusion du savoir traditionnnel autochtone dans la gouvernance de l’eau est une façon de jeter des ponts.

« Nous pourrons ainsi cesser de voir les choses chacun de son côté pour accorder plus d’attention à notre travail collectif », estime Mme Faveri.

C’est en favorisant et en valorisant l’inclusion du savoir autochtone dans les projets des conseils de la CMI que nous pourrons améliorer les relations avec les peuples autochtones en misant sur le respect mutuel, ce qui facilitera la collaboration mutuelle dans l’avenir.

kelli saunders ik
Kelli Saunders est la coordonnatrice des relations internationales à la Lake of the Woods Water Sustainability Foundation. Photo : Kelli Saunders

Kelli Saunders, coordonnatrice des relations internationales à la Lake of the Woods Water Sustainability Foundation, a fait écho à ce sentiment en soulignant la nécessité d’intégrer le savoir traditionnel autochtone dans la gestion moderne de l’eau dans le cadre de la reconnaissance des droits des peuples autochtones en matière de ressources naturelles.

« L’inclusion du savoir autochtone et la participation des Autochtones à la prise de décisions est la seule façon de progresser dans le sens d’une bonne intendance de l’eau », affirme Mme Saunders.

« Nous pouvons apprendre les uns des autres, tant pour ce qui est de comprendre la santé de l’écosystème que de respecter la ressource et de prendre des décisions en vue de protéger les deux. L’intégration du savoir autochtone dans les projets liés à la gouvernance de l’eau a pour avantage de favoriser, de la part de toutes les parties concernées, une approche plus complète et une ouverture des perspectives sur la ressource et sur la protection de cette dernière. Dans bien des cas, cela signifie une façon très différente de faire les choses, mais le changement est une bonne chose. »

Et ensuite?

La deuxième livraison de cette série explorera le rôle du savoir autochtone dans les initiatives passées de la CMI et fournira des idées sur la façon dont ce savoir traditionnel pourra être mieux intégré dans les futurs travaux de la CMI.

Rachel Carmichael Campbell
IJC

Rachel Carmichael Campbell is a student analyst at the IJC’s Canadian Section office in Ottawa, Ontario.

Diana Moczula
IJC

Diana Moczula is a junior policy analyst at the IJC’s Canadian Section office in Ottawa, Ontario.

Photo of Christina Chiasson
Chrissy Chiasson
IJC

Christina Chiasson is a policy analyst for the Canadian Section of the IJC in Ottawa, Ontario.

Abonnez-vous à notre bulletin !

Formulaire d'inscription