L’article suivant est tiré d’un bulletin archivé. Consultez notre bulletin Eaux partagées.

Réduction de la contamination des Grands Lacs par les contaminants : Les efforts régionaux pourraient être insuffisants

Par le personnel de la CMI

Le terme « pollution toxique » évoque probablement l’image d'un tuyau d’égout municipal déversant des eaux usées et des produits chimiques dans une rivière ou un ruisseau coulant dans un décor bucolique.

Cependant, les scientifiques savent depuis un certain temps que la pollution toxique peut aussi se déplacer dans l’air et se déposer sur des continents éloignés après avoir voyagé sur des milliers de kilomètres dans l'atmosphère pour rejoindre le bassin des Grands Lacs. Une proportion croissante de la pollution toxique entrant dans les Grands Lacs est transportée selon ce processus, appelé transport atmosphérique à longue distance. Par conséquent, les efforts régionaux visant à réduire les émissions de substances toxiques, tout aussi importants soient-ils, ne peuvent pas suffire à stopper l'augmentation des niveaux de pollution toxique dans les lacs.

La centrale d’Ontario Power Generating sur le lac Érié a cessé de brûler du charbon – une source de mercure dans l'atmosphère – le 31 décembre 2013. En juillet 2015, Ontario Power Generation a annoncé que l'usine sera fermée. Mention de source : OPG 2007
La
centrale d’Ontario Power Generating sur le lac Érié a cessé de brûler du charbon – une source de mercure dans l'atmosphère – le 31 décembre 2013. En juillet 2015, Ontario Power Generation a annoncé que l'usine sera fermée. Mention de source : OPG 2007

L’Accord sur la qualité de l'eau dans les Grands Lacs – un document qui a force exécutoire et qui guide la Commission mixte internationale – stipule que l’eau des Grands Lacs devrait permettre la consommation par les humains de poissons « sans restriction due à la contamination par des polluants nocifs ». À cet égard, la CMI est particulièrement préoccupée par le dépôt atmosphérique d’une substance toxique : le mercure.

(Voir aussi : Les neuf polluants dans la mire – Comment on a réduit les rejets de substances toxiques dans le lac Supérieur, et ce que cela pourrait vouloir dire pour les autres Grands Lacs)

Les bactéries présentes dans les sédiments peuvent convertir le mercure en une substance toxique appelée méthylmercure. La concentration de méthylmercure augmente dans les poissons à mesure que l’on monte dans la chaîne alimentaire, processus appelé bioaccumulation. Quand les humains consomment du poisson contaminé, ils peuvent éprouver un certain nombre de problèmes de santé graves.

Les nourrissons et les enfants sont particulièrement à risque lorsqu’ils sont exposés au méthylmercure. Les enfants dont les mères mangent de grandes quantités de poissons contaminés pendant leur grossesse peuvent avoir un développement neurologique déficient ou voir leurs fonctions cognitives altérées, y compris la mémoire, l'attention, le langage, la motricité fine et les capacités visuo-spatiales.

Les concentrations de mercure dans les poissons des Grands Lacs ont diminué de manière importante dans les années 1970 et 1980. Les émissions atmosphériques de mercure provenant des États-Unis ont diminué d'environ 60 % entre 1990 et 2005, tandis que les émissions canadiennes ont diminué d’environ 85 % entre 1990 et 2010. Cela est dû en partie à la fermeture de centrales au charbon au Canada et aux États-Unis.

En dépit de ces réalisations exemplaires, les concentrations de mercure ont augmenté dans certaines espèces de poissons des Grands Lacs au cours des années 2000. Comment cela s’est-il produit?

La Chine et d'autres pays asiatiques ont connu les hausses les plus importantes d’émissions de mercure de 1990 à 2010, principalement en raison de l’augmentation du nombre de centrales au charbon. Ainsi, en dépit des progrès régionaux visant à réduire les émissions, l'augmentation des charges de mercure atteignant les Grands Lacs par transport atmosphérique à longue distance peut annuler les réductions d'émissions en Amérique du Nord.

Le Canada et les États-Unis ont déjà démontré qu’il est possible de réduire les émissions de mercure, et ce, de manière importante. La province de l'Ontario, au Canada, est la première parmi les provinces et les États en Amérique du Nord dépendant grandement du charbon à éliminer l’électricité produite par les centrales au charbon.

En raison des effets graves pour la santé causés par l'exposition au mercure, la lutte contre la pollution par le mercure provenant de l'extérieur de l'Amérique du Nord est essentielle à la santé de l'écosystème des Grands Lacs et des personnes qui y vivent. La principale recommandation de la CMI aux gouvernements afin de s’attaquer aux dépôts atmosphériques de mercure est de financer un réseau de surveillance qui permettrait aux scientifiques de retracer méthodiquement les sources et les tendances de la pollution au mercure à l'intérieur et à l'extérieur du bassin des Grands Lacs.

La CMI recommande la mise en place de stations de surveillances telles que cet échantillonneur de dépôts humides à Station biologique Kellogg au Michigan pour faire le suivi des dépôts atmosphériques de mercure. Mention de source : Lake Michigan Air Directors Consortium, 2013
La CMI recommande la mise en place de stations de surveillances telles que cet échantillonneur de dépôts humides à Station biologique Kellogg au Michigan pour faire le suivi des dépôts atmosphériques de mercure. Mention de source : Lake Michigan Air Directors Consortium, 2013

Le transport atmosphérique et le dépôt de produits chimiques toxiques sont à l'avant-garde des défis environnementaux auxquels est confronté le bassin des Grands Lacs. La surveillance des apports de substances toxiques telles que le mercure sera cruciale pour l'élaboration de politiques visant à protéger la région des Grands Lacs et les personnes qui y vivent.

Les dirigeants mondiaux sont à Paris ce mois-ci pour tenter de parvenir à un accord sur les émissions de combustibles fossiles, qui aiderait à régler une partie de cette pollution atmosphérique. Pour que les Grands Lacs soient vraiment propres, une action mondiale s’impose.

Abonnez-vous à notre bulletin !

Formulaire d'inscription