Élaboration de cadres pour la surveillance et l’évaluation du risque écologique des microplastiques dans les Grands Lacs laurentiens

Eden Hataley, Karen Kidd, Chelsea Rochman and Rebecca Rooney
IAGLR
microplastics workshop participants 2023 ann arbor michigan

L’article suivant est publié dans l’édition de l’automne 2023 de la Lakes Letter (pages 13 à 14), une publication de l’Association internationale pour la recherche sur les Grands Lacs. Cet article est réimprimé ici avec permission.  

Il est maintenant entendu que les plastiques, en particulier les microplastiques, sont omniprésents dans le bassin des Grands Lacs laurentiens, le long des berges et dans les eaux de surface, dans les sédiments et dans le biote, soit dans les oiseaux, les poissons et les moules. Au cours de la dernière décennie, plus de 60 titres scientifiques ont été publiés sur le thème de la pollution par les plastiques dans la région. Les études en question portent sur les niveaux de contamination dans les Grands Lacs et leurs bassins hydrographiques, sur les effets subis par la faune locale, par les sources, par le transport, par la répartition du phénomène et sur le devenir des plastiques dans le bassin, sans oublier le recours à des politiques et lignes directrices pour régler le problème. Ce qui demeure moins bien compris, ce sont les tendances spatiales à long terme des niveaux de contamination, les risques actuels et futurs et la meilleure approche pour gérer le problème des plastiques en conséquence. Le Conseil consultatif scientifique des Grands Lacs de la Commission mixte internationale (CMI) redouble d’efforts pour combler les lacunes actuelles, en particulier sur les plans de la compréhension et de la résolution du problème des microplastiques dans les Grands Lacs.

En 2015, le Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs de la CMI a lancé un bulletin d’observation des microplastiques, qui résume ce qui concerne les microplastiques et les plastiques en général dans la région, sous l’angle des sciences, des politiques et des médias. En 2016, la CMI a organisé un atelier sur la pollution par les microplastiques dans les Grands Lacs en vue de compiler les progrès et les lacunes à l’échelle locale et de formuler des recommandations pour relever les défis posés par les microplastiques dans la région. L’atelier a réuni 33 experts des États-Unis et du Canada représentant divers secteurs : milieu universitaire, gouvernement, industrie et organisations non gouvernementales. Il en a résulté 10 recommandations adressées à la CMI et aux ministères fédéraux canadiens et américains aux fins d’examen, et touchant aux mesures liées à la science et à la recherche, aux politiques et à la gestion, ainsi qu’à l’éducation et à la sensibilisation.

Dans la foulée de l’atelier de 2016 (et au vu des progrès constatés à l’échelle internationale sur la question), le Conseil consultatif scientifique des Grands Lacs a mis sur pied un groupe de travail chargé de la surveillance de l’environnemental et des risques écologiques associés aux microplastiques dans les Grands Lacs. Celui-ci, qui est codirigé par les auteurs de cet article, a entamé ses travaux au début de 2023. Il est composé d’experts de la question, américains et canadiens. L’objectif général du groupe de travail est d’élaborer et de proposer des cadres coordonnés de surveillance des microplastiques et d’évaluation et de gestion des risques écologiques dans les Grands Lacs.

Dans un premier temps, le groupe de travail a effectué une recension de la littérature pour synthétiser les progrès récents et les connaissances scientifiques actuelles sur les plastiques, ce qui s’entend des données de surveillance propres aux Grands Lacs, des méthodes de mesure (sur le terrain et en laboratoire), des données de toxicité concernant les espèces pertinentes, ainsi que des lacunes sur le plan des connaissances connexes. À cette fin, le groupe de travail a tenu une séance à la conférence annuelle de l’AIRGL de 2023 à Toronto, afin de réunir des chercheurs et de leur permettre d’échanger des renseignements à jour sur les plastiques dans les Grands Lacs. La séance a fait l’objet de 22 présentations et de 17 affiches portant sur divers sujets, dont la surveillance, l’élaboration de méthodes et les tests de toxicité.

plastic pollution publications great lakes chart

Nombre cumulatif de publications parues sur la pollution plastique dans le bassin des Grands Lacs laurentiens, y compris d’articles publiés jusqu’en juin 2022. Données tirées de McIlwraith et coll., 2023

Iciici De plus, le groupe de travail organise deux ateliers, l’un pour créer un cadre de surveillance de la pollution par les microplastiques dans les Grands Lacs et l’autre pour élaborer un cadre d’évaluation et de gestion des risques écologiques. Le premier atelier, qui a eu lieu à Ann Arbor, au Michigan, en septembre dernier, a été un succès, et les produits comprendront des lignes directrices harmonisées sur la surveillance des méthodes sur le terrain, l’assurance de la qualité et le contrôle de la qualité, ainsi que des exigences de déclaration pour les microplastiques dans l’eau. les sédiments et le biote dans les lacs et les affluents. Les participants à l’atelier ont également discuté des principaux facteurs à prendre en considération dans la conception du programme de surveillance, y compris la saisie de la variabilité spatiale et temporelle, la répartition des sources et les possibilités d’intégrer les microplastiques dans les programmes de surveillance existants des Grands Lacs.

Le deuxième atelier, qui aura lieu en janvier prochain à Windsor, sur la rive ontarienne, portera sur l’adaptation des cadres existants d’évaluation et de gestion des risques écologiques pour les microplastiques dans les eaux de surface et les sédiments en vue de les appliquer aux données de surveillance des Grands Lacs.

À la faveur de différentes collaborations, le groupe de travail a eu la chance d’apprendre d’autres équipes qui effectuent des travaux semblables sur l’harmonisation de la surveillance des microplastiques et l’évaluation des risques écologiques partout aux États-Unis, en Californie (avec le Southern California Coastal Water Research Project), et à Chesapeake Bay (avec l’équipe d’action contre la pollution plastique de Chesapeake Bay).

Le groupe poursuivra son travail jusqu’au début de 2024. Il en découlera des outils qui devraient sonner lieu au lancement d’un programme de surveillance à long terme des microplastiques dans les Grands Lacs et un cadre d’évaluation des risques pour comprendre les répercussions de la contamination sur les ressources locales et la faune. Le rapport de projet sera soumis aux commissaires de la CMI pour les éclairer dans les conseils qu’ils prodiguent aux gouvernements des États-Unis et du Canada. S’ils sont adoptés, ces outils permettront de disposer d’informations sur le suivi à faire relativement à l’étendue de la pollution par les microplastiques et à leur impact de contaminants.

Eden Hataley, Karen Kidd, Chelsea Rochman and Rebecca Rooney
IAGLR

Eden Hataley is a Ph.D. candidate in the Department of Physical & Environmental Sciences at the University of Toronto Scarborough.

Karen Kidd is a professor in the Department of Biology and the School of Earth, Environment and Society at McMaster University.

Chelsea Rochman is an assistant professor in the Department of Ecology & Evolutionary Biology at the University of Toronto.

Rebecca Rooney is an associate professor in the Department of Biology at the University of Waterloo.