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Le nombre de gaspareaux continue de croître dans la rivière Ste Croix

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Kevin Bunch
alewife st croix

Les gaspareaux retournent à la rivière Ste‑Croix en plus grand nombre : à la fin de la saison d’échantillonnage, le 18 juillet, on avait dénombré 270 659 passages au barrage de Milltown, situé entre Saint‑Stephen (Nouveau‑Brunswick) et Calais (Maine). À cette même date, 255 aloses savoureuses ont été dénombrées dans la nasse du barrage Milltown, soit une augmentation massive par rapport aux 54 dénombrées en 2017 et aux 11 enregistrées en 2015.

Ces résultats ont été anticipés après la réouverture des passes à poisson il y a plusieurs années, tandis que les gaspareaux retournaient dans ce qui a toujours été une zone de frai importante pour eux. Cela faisait des siècles que la rivière Ste‑Croix était un lieu de frai pour des millions de gaspareaux, fournissant de la nourriture aux êtres humains, aux oiseaux, à la faune et à d’autres poissons.

« Il y a dans la rivière Ste‑Croix d’énormes quantités d’habitats de poissons anadromes sous-exploités, et elle pourrait être la source la plus importante de production de gaspareaux anadromes indigènes dans l’État », explique Sean Ledwin, directeur de la Sea-Run Fisheries Division for Maine Department of Marine Resources. « Il est encourageant de voir remonter les faux‑harengs et les aloses en plus grand nombre. »      

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Les gaspareaux vivent dans l’océan. Photo : Gouvernement du Massachusetts

Le nombre de gaspareaux au‑delà du barrage de Milltown était de 16 677 en 2013, mais il a augmenté au cours des années suivantes, avec 157 750 passages au barrage en 2017. Malgré de faibles débits dans la rivière en 2018, on n’a pas observé de changement notable dans le nombre de gaspareaux remontant les eaux, selon Barbara Blumeris, secrétaire du Conseil international de la rivière Ste-Croix.

Cette année, le nombre de gaspareaux est encourageant, mais il reste encore beaucoup à faire pour rétablir le nombre de remontées que la rivière a connues dans le passé, explique Ed Bassett, spécialiste du système d’information géographique (SIG) multimédia de la tribu Passamaquoddy à Pleasant Point et spécialiste des gaspareaux dans la tribu. Autrefois, des millions de poissons, dont des gaspareaux, des ombres, des saumons et des anguilles d’Amérique, remontaient la rivière depuis l’océan Atlantique pour frayer. Dans le bassin fluvial, les gaspareaux en particulier étaient une proie importante pour d’autres poissons et pour les animaux et les oiseaux, dont l’aigle à tête blanche d’Amérique, et, avec d’autres poissons, ils constituaient une ressource importante sur les plans alimentaire et culturel pour les personnes vivant le long des berges.

À partir des années 1800, la retenue d’eau a réduit le nombre des remontées de gaspareaux, mais une passe à poisson construite au barrage de Milltown en 1981 a suscité un regain, avec le retour de 2,6 millions de gaspareaux en 1987. Cela a coïncidé avec le déclin de l’achigan à petite bouche dans le lac Spednic, qui a déclenché dans le Maine un mouvement visant à bloquer les gaspareaux, dont l’aboutissement a été l’adoption, en 1995, d’une loi interdisant le passage des poissons au-delà des barrages de Grand Falls et de Woodland, du côté américain de la rivière. Des études ont montré que la crainte que les gaspareaux nuisent aux populations d’achigans était sans fondement, et les passes à poisson ont été rouvertes à Woodland en 2008 et à Grand Falls en 2013.

Selon M. Bassett, il pourrait y avoir des problèmes si environ 2 millions de poissons tentaient de remonter comme cela se produisait dans les années 1980, car le passage actuel pourrait devenir un goulot d’étranglement.  Il rappelle également que les passes à poisson actuelles ont été construites principalement pour le saumon - qui n’est pas encore revenu dans la rivière Ste‑Croix – et, bien que les gaspareaux puissent les utiliser et les utiliseront, elles ne sont pas construites pour être faciles à franchir pour d’autres espèces migratoires comme l’anguille d’Amérique ou l’alose.

Par conséquent, ces aloses et anguilles pourraient avoir de la difficulté à localiser ou à franchir la passe et se blesser ce faisant. Le passage en aval peut aussi être périlleux : si les espèces de poissons se rapprochent trop des turbines, elles peuvent y être aspirées et tuées.

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Le barrage de Milltown (vu ici en débit extrême). Photo : CMI

La tribu Passamaquoddy travaille à un plan de rétablissement à long terme du passage des poissons pour la rivière Ste‑Croix, avec une subvention du US Fish and Wildlife Service. Un effort connexe est en cours, en collaboration avec la bande Peskotamuhkati, au Nouveau-Brunswick, au moyen de subventions du gouvernement canadien. M. Bassett explique que l’élaboration du plan, en cours depuis environ deux ans, fait l’objet d’une coordination entre les deux entités, ainsi qu’avec les gouvernements, les organisations externes et le secteur privé.

Selon M. Bassett, le plan devrait être achevé au cours des deux prochaines années, mais il faudrait que des fonds soient disponibles pour mettre en œuvre les recommandations.

En fin de compte, le rétablissement du nombre des remontées de gaspareaux à des millions de poissons pourrait aider à relancer la pêche pour ceux qui en dépendent pour se nourrir : M. Bassett explique que la morue, la goberge et l’aiglefin se nourrissent tous de gaspareau et que leur nombre a considérablement diminué à mesure que le nombre de poissons-proies diminuait dans la rivière. Le rétablissement devrait également faciliter considérablement le retour du saumon de l’Atlantique.

Selon Heather Almeda, directrice générale de la St. Croix International Waterway Commission, à l’heure actuelle, le saumon ne remonte toujours pas la rivière Ste‑Croix, le dernier y ayant été observé en 2004.

Le dénombrement des poissons et une partie du projet de suivi des poissons sont financés par l’Initiative internationale des bassins hydrographiques de la CMI, et les rapports sont disponibles sur le site Web de la CMI.

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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