Comment l’IIBH a-t-elle permis d’harmoniser les données et d’aider les conseils à se préparer aux changements climatiques

kevin bunch
Kevin Bunch
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Depuis le lancement de l’Initiative internationale sur les bassins hydrographiques (IIBH), il y a 25 ans, la CMI recherche sans cesse de nouvelles façons d’appliquer les principes qui en découlent : par une collaboration transfrontalière avec les experts locaux, le public et les nations autochtones; par l’application d’une approche consistant à estimer que les bassins hydrographiques sont des écosystèmes complets qui ne se limitent pas aux frontières géopolitiques, et par le biais d’une réévaluation des décisions de gestion visant à tenir compte des changements climatiques. Ces principes transpirent dans toutes les actions d’envergure menées au titre de l’IIBH tout le long de la frontière canado-américaine.

Harmonisation des différents ensembles de données géospatiales provenant du Canada et des États-Unis

Le Canada et les États-Unis recueillent des données et des ensembles de données sur l’eau pour leurs bassins hydrographiques respectifs.

Les deux pays peuvent appliquer des approches et des normes différentes en matière de collecte des données, ce qui pose des défis particuliers dans le cas des bassins hydrographiques transfrontières. Avant l’IIBH, les gestionnaires des eaux, les scientifiques et les planificateurs de l’utilisation des sols devaient utiliser des données ou des renseignements incomplets qui ne concordaient pas d’un pays à l’autre.

En 2008, la CMI a mis sur pied un groupe de travail spécial sous l’égide de l’IIBH afin d’harmoniser les ensembles de données géospatiales entre les deux pays. Dans la décennie qui a suivi, les membres de ce groupe de travail (soit des experts d’organismes canadiens et américains, d’universités, d’autres organisations ainsi que du personnel de la CMI) se sont penchés sur les aires de drainage de ces bassins hydrographiques qui enjambent la frontière. Ainsi, par l’entremise de deux groupes distincts, les membres du groupe de travail ont œuvré à l’harmonisation des données géospatiales canadiennes et américaines dans la région, données jusque-là disparates, afin de fournir en continu une image complète des bassins hydrographiques.

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Différences entre les ensembles de données sur les eaux du bassin de la rivière à la Pluie avant et après l’harmonisation. La carte de gauche présente les ensembles de données originaux du Canada et des États-Unis, tandis que celle de droite présente les données harmonisées. Source : CMI

Les données harmonisées sont rendues publiques par l’US Geological Survey (USGS) et Ressources naturelles Canada. La CMI, l’USGS et Ressources naturelles Canada continuent de collaborer et d’évaluer la nécessité d’actualiser les ensembles de données harmonisés sur les bassins hydrographiques, car les outils et les approches de surveillance au Canada et aux États-Unis changent au fil du temps.

SPARROW ou l’utilisation des données harmonisées pour comprendre les charges de nutriments dans les rivières et les lacs

En s’appuyant sur l’exemple du Groupe de travail sur l’harmonisation des données, l’IIBH a appuyé l’élaboration d’un modèle de bassin versant pour faire face à la croissance exponentielle et à la récurrence des proliférations d’algues dans les réseaux d’eaux transfrontalières. Ce modèle établit un lien entre les tendances en matière de qualité de l’eau et les activités naturelles et humaines, et il fournit des renseignements détaillés sur les causes et les effets de certains problèmes dus à des nutriments comme le phosphore et l’azote qui pénètrent dans les cours d’eau. Étant donné qu’il s’agit de bassins hydrographiques communs où les nutriments peuvent traverser la frontière internationale, ce projet de modélisation permet également d’atteindre l’objectif de l’IIBH qui est de prévenir et de résoudre les problèmes transfrontaliers.

Le modèle connu sous le nom de SPARROW (pour SPAtially Referenced Regression On Watershed attributes, ou Modèle de régression par coordonnées spatiales appliquées aux bassins hydrographiques), a été élaboré par l’USGS et utilisé sur des parties du bassin des rivières Rouge et Assiniboine dans le cadre de partenariats avec le Conseil national de recherches du Canada et Environnement et Changement climatique Canada. À la suite de la création d’ensembles de données harmonisés, il était en effet devenu possible d’étendre le modèle vers le nord dans la partie canadienne du bassin. Ce projet a débuté en 2011 et s’est terminé en 2015. SPARROW a ensuite été appliqué au bassin des Grands Lacs à la faveur d’activités soutenues visant à éliminer la pollution par les nutriments, notamment dans le lac Érié, où un plan de gestion adaptative élaboré par Environnement et Changement climatique Canada et l’Environmental Protection Agency des États-Unis est fondé sur les résultats du modèle.

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Carte SPARROW du grand bassin des rivières Rouge et Assiniboine. Source : CMI

Planifier l’avenir en fonction des changements climatiques

En raison des changements climatiques, les gestionnaires des eaux et les conseils de la CMI éprouvent de plus en plus de difficulté à se fier aux données antérieures pour prévoir les conditions futures dans les plans et cours d’eau transfrontaliers. Sur les plans de la préparation et de la planification, l’IIBH a permis d’outiller les conseils de la CMI en matière d’évaluation des répercussions potentielles des changements climatiques dans leurs bassins.

L’utilisation d’outils comme les modèles climatiques peut aider les conseils à évaluer les répercussions possibles sur leurs responsabilités, à déterminer en quoi les changements climatiques pourraient impacter leur travail, et à envisager les changements nécessaires pour leur permettre de continuer de remplir leur mission.

Il s’agit du « Cadre d’orientation sur les changements climatiques », qui a été mis en œuvre par le Conseil international du bassin versant de la rivière Sainte-Croix en 2017. À cette époque, le Conseil a constaté que la région en général allait se réchauffer et recevoir plus de précipitations, ce qui risquait d’aggraver les problèmes de qualité de l’eau et les conditions hygrométriques dans le bassin (à la hausse ou à la baisse). Le Conseil envisage, au cours des prochaines années, de mettre à jour son évaluation grâce à des données supplémentaires et à de nouveaux modèles informatiques.

D’autres conseils de la CMI en sont à diverses étapes de la mise en œuvre du cadre, soit le Conseil international de contrôle du lac Osoyoos, le Conseil international de contrôle du lac Kootenay et le Conseil international du bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie. Tous ont pris des mesures pour appliquer le cadre à leur niveau. De plus, les principes du cadre ont été utilisés dans l’étude sur les inondations dans le bassin du lac Champlain et de la rivière Richelieu terminée en 2022 et par le Comité de gestion adaptative des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent à l’occasion de son examen de l’efficacité du plan de régularisation du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent.

Ces initiatives stratégiques de l’IIBH contribuent toutes à faire en sorte que les gestionnaires des eaux, les organismes et les conseils de la CMI disposent de l’information dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées et prévenir et résoudre les différends avant qu’ils ne s’aggravent, ce qui est une des valeurs de l’IIBH.

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Le commissaire de la CMI, Lance Yohe, en train de couper un gâteau pour célébrer les 25 ans de l’IIBH lors de la réunion semestrielle du printemps de la Commission à Washington, D.C. Photo : CMI

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.