L’article suivant est tiré d’un bulletin archivé. Consultez notre bulletin Eaux partagées.

Mes années au service des collectivités et des eaux transfrontalières

Par Dereth Glance, CMI

 


Après cinq ans, le temps est venu pour moi de quitter mes fonctions à titre de commissaire de la section américaine de la CMI. « L’emploi rêvé de mes rêves », voilà comment j’ai souvent décrit cette occasion incroyable qui m’a été offerte par le président Obama et le Sénat américain. J’ai accepté le poste de directrice exécutive de la Resource Recovery Agency du comté d’Onondaga, de qui relève la gestion du système des déchets solides, ce qui comprend la réduction des déchets, le compostage, le recyclage, l’élimination et la production d’énergie pour ma collectivité locale de Syracuse, dans l’État de New York. Je quitte la Commission à la fête du Travail de 2016.

La Commission, qui possède des bureaux à Washington, D. C., et à Ottawa et Windsor, en Ontario, a la chance de compter sur des employés travaillants et talentueux, sur des commissaires consciencieux et courageux, et sur la très grande expertise de plus de 20 conseils internationaux qui tiennent la Commission informée et qui s’acquittent de leurs responsabilités le long de la frontière canado‑américaine. Je suis très reconnaissante de l’apport de chaque membre de la famille de la CMI pour l’amélioration des eaux transfrontalières partagées, que ce soit dans les domaines des sciences et des politiques ou pour la mise au point d’outils pour la prise de décisions éclairées. La CMI met à profit les meilleures ressources de chaque pays afin de concrétiser l’esprit du Traité des eaux limitrophes internationales de 1909.

Patricia A. Morris, directrice du Bureau régional des Grands Lacs (à gauche), et Lana Pollack, présidente de la section américaine de la Commission (à droite), ne veulent pas laisser partir Dereth. Photo : Archives de la CMI.
Patricia A. Morris, directrice du Bureau régional des Grands Lacs (à gauche), et Lana Pollack, présidente de la section américaine de la Commission (à droite), ne veulent pas laisser partir Dereth. Photo : Archives de la CMI.

Une bonne diplomatie de l’eau repose sur des relations à long terme sur le terrain, de solides données scientifiques et une conscience géographique aiguë. Pour pouvoir respecter la multitude d’utilisations et les nombreux utilisateurs de l’eau pendant les périodes de débit faible, moyen et élevé, il faut déployer des efforts constants afin de prévenir les conflits et favoriser une collaboration constructive entre toutes les administrations locales, étatiques, provinciales et nationales. À titre d’organisation binationale exerçant ses activités sans lien de dépendance avec les gouvernements canadien et américain, la CMI est en mesure de transcender la politique et de rester concentrée sur les sciences et les besoins à long terme. La Commission est la mieux placée pour effectuer une vérification indépendante des décisions stratégiques et des investissements essentiels qui ont une incidence sur la qualité et le débit de l’eau le long de notre magnifique frontière.

Au cours des cinq dernières années, j’ai visité des collectivités, admiré d’incroyables paysages et nagé dans nos eaux partagées, depuis l’Osooyos jusqu’au Maine. J’ai vu des collectivités être inondées pour connaître l’année suivante une incroyable sécheresse. Ce passage d’un extrême à l’autre semble s’effectuer plus rapidement que jamais à mesure que le climat se réchauffe année après année. Les conflits ne disparaîtront pas et continueront d’exiger de l’attention, de bonnes données et des sciences encore meilleures. L’importance de la résilience offerte par des écosystèmes naturels comme les terres humides et les plaines inondables, et les avantages liés aux fluctuations du niveau de l’eau peuvent aider les collectivités à vivre en harmonie avec les lacs et les cours d’eau transfrontaliers, alors que les forces mondiales auront pour effet de doubler les agents de perturbation locaux déjà en place.

Je suis fière du travail accompli par la CMI au cours des cinq dernières années. Plus particulièrement, l’harmonisation des données géographiques hydrographiques change la donne. Une image vaut mille mots et les cartes fournissent de précieux renseignements, peu importe notre langue maternelle. En ayant une frontière perméable et précise sur le plan géographique avec des bassins hydrographiques transfrontaliers bien définis, le public et les gestionnaires disposent des connaissances essentielles pour prendre des décisions.

Dereth, en bleu, rend visite aux membres du personnel du Bureau régional des Grands Lacs de Windsor, en Ontario. Patricia A. Morris, directrice du Bureau, est à sa gauche, et Lana Pollack, présidente de la section américaine de la Commission, est à sa droite. Photo : Archives de la CMI.
Dereth, en bleu, rend visite aux membres du personnel du Bureau régional des Grands Lacs de Windsor, en Ontario. Patricia A. Morris, directrice du Bureau, est à sa gauche, et Lana Pollack, présidente de la section américaine de la Commission, est à sa droite. Photo : Archives de la CMI.

Puisqu’il faut continuellement avoir une vision à long terme de la gestion des niveaux de l’eau des Grands Lacs, la CMI a mis sur pied le Comité de gestion adaptative des Grands Lacs (Comité GAGL) en 2015 pour soutenir les conseils internationaux de contrôle des Grands Lacs de la CMI. Depuis presque 100 ans, les gouvernements confient régulièrement à la CMI la tâche de réaliser des études approfondies sur les débits et les niveaux de l’eau des Grands Lacs, normalement à la suite d’une baisse ou d’une crue des eaux. En tenant à jour et en améliorant continuellement ces données et modèles étalonnés, on peut maximiser l’investissement effectué par les Canadiens et les Américains afin de disposer des connaissances les plus actualisées dans le but d’orienter la gestion efficace des structures de contrôle sur la rivière St. Marys, la rivière Niagara et le fleuve Saint‑Laurent au fil des ans.

Je dis souvent que nous sommes à l’ère de réparer les pots cassés. Il est important de comprendre les différentes pièces d’un système complexe, comme la qualité de l’eau et la quantité d’eau. Il est également important de comprendre l’incidence de ces deux facteurs substantiels sur le système dans son ensemble. La CMI, par l’entremise de son Initiative internationale sur les bassins hydrographiques et les travaux s’y rapportant, a adopté une approche beaucoup plus unifiée à l’égard de la gestion de l’eau en éliminant les oeillères inutiles qui contribuaient auparavant à compartimenter la qualité de l’eau et la quantité d’eau.

Par exemple, le Conseil international du bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie, lancé en 2012, prend appui sur un siècle d’histoire et est en mesure de relever de nombreux défis – qu’il s’agisse du problème sans cesse croissant de la prolifération d’algues toxiques ou d’inondations record – avec la participation générale locale de part et d’autre des bassins hydrographiques, ce qui comprend les membres des Premières Nations, des Métis et des tribus, et les autres membres d’organismes gouvernementaux et non gouvernementaux.

Le renouvellement par le Canada et les États‑Unis de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs en 2012 incarne cette réflexion. Il englobe les principes de la précaution, de la prévention et de la gestion adaptative, tout en reconnaissant l’influence qu’exerce la quantité d’eau de surface et souterraine sur trois aspects importants de la plus grande superficie d’eau douce en Amérique du Nord, à savoir de l’eau potable, des poissons comestibles et de l’eau propice à la baignade, ainsi que l’importance de la participation efficace du grand public.

Il reste encore beaucoup de travail à faire. Il faut depuis longtemps moderniser la gestion des niveaux et des débits de l’eau du lac Ontario et du fleuve Saint‑Laurent. Il ne fait aucun doute que les changements climatiques influencent déjà les niveaux et la qualité de l’eau, sans compter les perturbations des sols de plus en plus importantes en raison d’une intensification de l’agriculture, les activités nouvelles et en expansion dans le domaine de l’exploration minière et la croissance des principales agglomérations. En travaillant ensemble et avec la nature, et non contre elle, et en améliorant notre compréhension de ces systèmes complexes, des collectivités locales et de tous les ordres de gouvernement, nous serons mieux préparés pour gérer adéquatement nos eaux partagées afin de favoriser la paix et la prospérité pendant le reste du présent siècle et pour ceux à venir.

Dereth Glance a siégé à la CMI à titre de commissaire de la section américaine de juillet 2011 à septembre 2016.  

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