Le personnel de la CMI
La plupart du temps, les gens sont suffisamment avisés pour se tenir loin des eaux polluées. Mais l’envie d’en avertir les autres pourrait les démanger.
Le docteur Matthew Keifer, un membre du Conseil consultatif des professionnels de la santé de la Commission mixte internationale (HPAB), affirme que les plateformes de média social comme Facebook, Twitter et Instagram font partie des premiers endroits vers lesquels les gens se tournent lorsqu’ils veulent partager et trouver de l’information sur des questions de santé publique.
« La meilleure façon de prendre le pouls de la société dans ces domaines est de lire ce qu’ils en disent », a indiqué M. Keifer.
Photo : Rosaura Ochoa
Il a déjà été établi que les médias sociaux sont un indicateur des enjeux émergents, en particulier dans le cas d’incidents comme celui de la prolifération d’algues nuisibles d’août 2014, qui a été à l’origine des avis d’interdiction de boire l’eau pour les usagers du réseau d’eau de Toledo, en Ohio.
La situation était la même cette année, en raison des préoccupations continues à propos des proliférations dans le lac Érié et dans d’autres plans d’eau : les gens partageaient des mises à jour personnelles et provenant des médias.
Gazouillis de juillet 2015 sur les préoccupations portant sur les proliférations d’algues dans le lac Érié.
M. Keifer et d’autres membres du Conseil visent à en apprendre davantage sur la santé publique en identifiant les tendances et autres indicateurs dans les médias sociaux.
Le Conseil a publié une demande de renseignements en mai, dans le but de puiser dans ce domaine de recherche, pour savoir « comment les données des médias sociaux pourraient être utilisées pour aider la caractérisation des relations des individus et des populations avec les lacs et les cours d’eau avoisinants; comment ces individus et populations perçoivent les changements dans ces réseaux hydrographiques dynamiques; et comment ces changements influent sur leur santé et leur sentiment de bien-être ».
M. Keifer a indiqué que les économies locales sont touchées lorsqu’il y a une baisse de la qualité de l’eau, que ce soit en raison des gens qui ne se rendent pas à la plage et qui ne vont pas manger à un restaurant ou en raison de ceux qui annulent leur séjour à l’hôtel, leur réservation de camping et leur voyage de pêche.
« Actuellement, nous ne voyons pas les conséquences directes sur la santé de certaines de ces expositions », a indiqué M. Keifer, directeur du National Farm Medicine Center à Marshfield, au Wisconsin. « Nous constaterons très probablement des conséquences sociales et économiques ».
Des travaux semblables ont été réalisés auparavant. Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis, par exemple, ont découvert qu’ils peuvent prédire les éclosions de grippe par le nombre et l’emplacement des gens qui partagent de l’information sur la grippe sur Twitter.
Image : Duncan Hull
À ce jour, aucune réponse à la demande du Conseil n’a été reçue, a indiqué Jennifer Boehme, secrétaire du Conseil et spécialiste de l’environnement au Bureau régional des Grands Lacs (BRGL) de la CMI à Windsor, en Ontario.
Par contre, un certain nombre d’organisations non gouvernementales ont fait part de leur intérêt pour les résultats du projet.
Le Conseil poursuit l’initiative, et il rédige une proposition de plan de travail. Un volet de cette initiative pourrait consister en une étude sur les conversations dans les médias sociaux entourant les épisodes d’efflorescences algales annuelles dans le lac Érié.
« C’est le type de sujet qui peut être élargi pour inclure d’autres bassins versants », a indiqué Mme Boehme.
M. Keifer indique qu’il existe de nombreux programmes informatiques qui peuvent balayer l’Internet pour recueillir ce type de données. Le défi est d’analyser les données, et de trouver la façon de les utiliser pour faire avancer le mandat du Conseil.
Du point de vue du Conseil, une des questions les plus difficiles pour les chercheurs en santé est de lier les épisodes environnementaux à des effets sur la santé. Un projet pilote permettrait de savoir si les médias sociaux donnent ou non de l’information sur les voies d’exposition.
Plutôt que de sonder les gens après les faits, cette méthode donne de l’information en temps réel non seulement sur les répercussions à proprement parler, mais aussi sur les mesures que les gens prennent et prendront probablement. Si nous comprenons cela, nous pourrions être en mesure de fournir de meilleures mises en garde et de meilleurs conseils à la population.