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Une question d’équilibre : régularisation du lac Supérieur et rivière St. Marys

Le Conseil international du lac Supérieur a récemment augmenté le débit sortant total du lac Supérieur passant par la rivière St. Marys. Comme c’est habituellement le cas pour cette période de l’année, le débit sortant devrait continuer d’augmenter au cours de l’été avant de commencer à baisser à l’automne. Pour permettre cette augmentation du débit sortant, le débit qui passe par les ouvrages compensateurs, à l’entrée des rapides de la St. Marys, a aussi été augmenté. 

Pourquoi est-ce nécessaire, et pourquoi maintenant? 

Tout d’abord, un peu de contexte. L’eau sortant du lac Supérieur est régularisée depuis l’achèvement des ouvrages compensateurs en 1921. La CMI a établi les objectifs et limites de base pour la régularisation du débit sortant du lac Supérieur dans son ordonnance d’approbation de 1914. Cette ordonnance reconnaissait les besoins de divers groupes d’intérêt touchant le lac Supérieur et la rivière St. Marys, dont les navigateurs, les producteurs d’hydroélectricité et les propriétaires riverains.

Depuis 1978, la Commission a fait plusieurs ajouts à son ordonnance d’approbation. Ainsi, l’ordonnance précise maintenant que les niveaux des lacs Michigan et Huron doivent aussi être pris en considération lorsqu’on décide du débit sortant du lac Supérieur.

Cela signifie que les débits sortants du lac Supérieur sont établis en tenant compte des divers intérêts en amont et en aval.

La capacité de régulariser les débits sortants du lac Supérieur ne signifie pas qu’il est possible de maîtriser entièrement le niveau du lac. C’est que les principaux facteurs qui jouent sur les apports d’eau aux Grands Lacs – précipitations sur les lacs, évaporation et ruissellement – ne peuvent être maîtrisés. Nous savons que le niveau d’eau tend à monter au printemps et à l’été en raison de la fonte nivale et des pluies accrues, mais il est difficile de prévoir dans quelle ampleur. 

Le plan de régularisation du lac Supérieur tient compte de tous ces facteurs. Il tient compte des niveaux d’eau actuels, de ce que les apports et niveaux d’eau pourraient être au cours des prochains mois, puis il essaie d’atteindre un équilibre en tenant compte de tous les intérêts et de toutes les sources d’incertitude, ce qui n’est pas une tâche facile.

An aerial view showing the St. Marys River control structures. Credit: U.S. Army Corps of Engineers.

Vue aérienne montrant les ouvrages de régularisation de la rivière St. Marys. Photo : U.S. Army Corps of Engineers.

 

 

D’hier à aujourd’hui

Après plus d’une décennie de faibles niveaux d’eau, le niveau du lac Supérieur est passé au-dessus de la moyenne à la suite des récentes conditions humides, ce qui ne s’était pas vu depuis 1998. Dans l’intervalle, les niveaux des lacs Michigan et Huron ont aussi été bas de façon soutenue, et les lacs ont atteint des minimums record en janvier 2013. Mais depuis, les conditions ont été plus humides, et les niveaux des lacs Michigan et Huron, tout comme celui du lac Supérieur, ont donc monté; ils restent toutefois sous la moyenne.

Avec la hausse des niveaux d’eau, le débit sortant du lac Supérieur a augmenté. Et comme le niveau du lac Supérieur est maintenant relativement plus élevé que les niveaux des lacs Michigan et Huron, le plan de régularisation a été utilisé pour « pousser » un peu les débits à la hausse afin de ramener un équilibre entre les niveaux des lacs. Ce principe d’équilibre avantage ces trois lacs, car les débits peuvent être « poussés » à la baisse en cas de retour du balancier, soit lorsque les niveaux des lacs Michigan et Huron sont relativement plus élevés que le niveau du lac Supérieur.

Alors, qu’en est-il des ouvrages compensateurs?

Le débit sortant mensuel du lac Supérieur passe par les diverses installations situées dans la rivière St. Marys. Moins de 1 pour cent du débit total est destiné à l’approvisionnement en eau domestique et à la navigation dans les écluses. Un débit minimal est aussi requis pour maintenir l’habitat du poisson dans les rapides principaux et dans les passes à poissons en aval des ouvrages compensateurs. La quantité est généralement de moins de 10 pour cent du débit sortant total du lac Supérieur.

The St. Marys Rapids. Credit: U.S. Army Corps of Engineers.

Les rapides de la St. Marys. Photo : U.S. Army Corps of Engineers. 

Le reste, et la grande majorité, de l’eau (plus de 90 pour cent en moyenne) est utilisée pour la production d’hydroélectricité, divisée en parts égales entre le Canada et les États-Unis. Toutefois, lorsque le débit alloué à la production d’hydroélectricité dépasse la capacité des centrales, l’excédent doit être relâché par les rapides de la St. Marys, grâce à l’ouverture de vannes additionnelles. Dans certaines circonstances, le débit sortant par les ouvrages compensateurs a représenté plus de 30 pour cent du débit sortant total du lac Supérieur.  

Donc avec l’augmentation des niveaux et des débits d’eau, à quoi peut-on s’attendre cet été?

Les niveaux et les débits ont augmenté, et bon nombre des personnes qui ont souffert des bas niveaux d’eau pendant des années considèrent cela comme une bonne chose. Mais le Conseil international du lac Supérieur reconnaît que beaucoup de personnes sont aussi préoccupées par les débits et niveaux inhabituellement élevés qui sont attendus cet été, en particulier dans les rapides de la St. Marys. Par conséquent, la CMI a donné les pouvoirs au Conseil pour ajuster les débits sortants au cours des prochains mois.

Le Conseil doit ajuster les débits en tenant compte des intérêts en amont et en aval, en limitant les effets sur les niveaux d’eau et en tenant compte des imprévus que nous réserve dame nature. Mais en ajustant les débits sortants, le Conseil espère limiter les répercussions négatives dans la rivière St. Marys River au cours des prochains mois.

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