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Une nouvelle approche pour financer et gérer les systèmes d’eaux pluviales

kevin bunch
Kevin Bunch
rooftop with native plant garden

 

green roof
Un « toit vert » permet de convertir le toit d’un bâtiment en un jardin, qui retient les eaux pluviales et permet leur évaporation sans ruissellement dans le système d’eaux pluviales. Photo : Philadelphia Water Department

Les précipitations extrêmes mettent maintenant à rude épreuve l’infrastructure d’évacuation des eaux pluviales; des municipalités de l’Ontario, des États‑Unis et d’ailleurs envisagent de nouvelles façons de financer les systèmes existants ainsi que des incitatifs pour les propriétaires fonciers afin de réduire les charges.

Par le passé, des villes et des villages du Canada et des États‑Unis ont financé les coûts d’immobilisation et d’entretien des systèmes d’eaux pluviales par le biais de taxes foncières, selon Ellen Schwartzel, sous‑commissaire du bureau du Commissaire à l’environnement de l’Ontario (CEO). Le montant payé était basé sur le total des taxes foncières, indépendamment du volume réel de ruissellement produit par une propriété qui pénètre dans le réseau. Le système fonctionne lorsque les pluies sont relativement légères, mais, lors de pluies fortes durant une courte période, le ruissellement excessif peut entraîner des inondations et de la pollution.

« Un stationnement, par exemple, peut ne pas avoir une assiette d’impôt foncier élevée, mais produit beaucoup de ruissellement, » d’après Schwartzel. « Lorsque les municipalités ont réalisé que les surfaces asphaltées étaient problématiques, elles ont commencé à envisager des façons de faire correspondre les coûts à assumer avec les frais déboursés par les propriétaires. »

Étant donné le nombre de municipalités qui ont répondu dans un sondage du CEO à propos des eaux pluviales qu’elles ne récupéraient pas leurs coûts, certaines municipalités ont commencé à faire payer les propriétaires fonciers pour le volume de ruissellement produit par les surfaces construites – approche recommandée par le CEO depuis dans son rapport de 2016 sur les frais entraînés par la gestion des eaux pluviales en milieu urbain. Schwartzel mentionne qu’une propriété qui comprend un bâtiment ou des surfaces asphaltées a naturellement une surface absorbante plus petite. Ainsi, les surfaces absorbantes restantes (cours, zones naturelles, aménagement paysager) ne sont pas en mesure d’absorber tout le ruissellement avant d’atteindre la saturation.

groundwater supply storm impermeable concrete
Moins d’eau peut pénétrer dans le système d’eau souterraine après la pluie lorsque les surfaces sont imperméables et bétonnées. Photo : Philadelphia Water Department

Natural environment = Milieu naturel 

Urban environment = Milieu urbain 

40%/30% evaporation = 40 %/30 % d’évaporation 

10%/55% runoff = 10 %/55 % de ruissellement 

25%/10% shallow infiltration = 25 %/10 % d’infiltration en surface 

25%/5% deep infiltration = 25 %/5 % d’infiltration en profondeur 

Pour encourager les propriétaires fonciers à réduire le volume de ruissellement causé par leurs propriétés, ces municipalités peuvent réduire les taxes foncières en échange d’une absorption plus importante de ruissellement sur une propriété, dit Schwartzel. Par exemple, un propriétaire foncier peut utiliser un béton perméable pour permettre à l’eau de pénétrer dans le sol ou installer des rigoles de drainage ou des jardins pluviaux afin de recueillir plus d’eau. Schwartzel ajoute que les propriétaires d’entreprises peuvent également considérer l’installation d’un toit vert qui retiendra l’eau dans les zones densément bâties où les autres mesures ne sont pas possibles. De façon collective, ces mesures écologiques sur chaque propriété composent une « infrastructure écologique » qui offre plusieurs avantages par rapport au système traditionnel de traitement au point de rejet des eaux pluviales, dont les coûts de traitement des eaux.

Schwartzel souligne que les problèmes liés à la gestion du ruissellement continuent de croître en même temps que les municipalités et les villes. Moins d’eau se rend dans le système d’eau souterraine, et il est possible de voir que les ruisseaux et les cours d’eau sont réduits à un faible débit ou sont complètement asséchés jusqu’à ce que survienne une tempête importante.

L’afflux d’eau peut alors mener à de l’érosion et à des crues soudaines. Toutes ces mesures visant à réduire le ruissellement et à gérer les eaux pluviales sur place peuvent également avoir des effets positifs sur la qualité de l’eau. L’eau qui ruisselle jusque dans les égouts a tendance à accumuler les polluants, des sédiments aux fluides utilisés dans les voitures, en passant par des déchets.

Lorsqu’il y a des débordements d’égouts, les eaux usées se mêlent aux eaux pluviales. Lorsque l’eau des réseaux d’égouts sort des canalisations, elle entraîne ces polluants. Aux États‑Unis, des villes travaillent également à la gestion des eaux pluviales, et des améliorations à la qualité de l’eau ont été notées après l’implémentation de changements à Philadelphie depuis 2010. La Ville envisageait de remplacer son système de facturation des eaux pluviales au mètre – où les propriétés sont facturées selon la quantité d’eau utilisée – depuis les années 1990, selon Erin Williams, directrice de la facturation et des incitatifs liés aux eaux pluviales du département de l’Eau (Water Department) de Philadelphie. La Ville a collaboré avec un comité consultatif de citoyens de 1994 à 1996 afin d’examiner les autres méthodes de financement des coûts des services liés aux eaux pluviales, et les participants ont proposé de fonder un système sur l’écoulement et la superficie de surfaces imperméables sur une propriété. Cela a pris 14 ans de plus pour que la Ville mette à niveau ses réseaux informatiques et analyse les données avant de pouvoir mettre le système en œuvre, précise Williams.

Lors des premières années du programme, Williams mentionne que les propriétaires fonciers n’étaient pas motivés par les incitatifs financiers visant à réduire le volume de ruissellement causé par leurs propriétés à cause des coûts très élevés des changements à apporter. En réponse, la Ville de Philadelphie a commencé à offrir des subventions pour des projets d’aménagement comme l’installation de toits verts et de revêtements poreux afin que les propriétaires fonciers réduisent les coûts liés à la gestion des eaux pluviales. Plus récemment, toujours d’après Williams, la Ville a mis sur pied un nouveau site Web qui permet de créer des liens entre des entrepreneurs et des ingénieurs et des projets que des propriétaires fonciers souhaitent effectuer.

« C’est comme un site de rencontre pour la gestion des eaux pluviales, », explique Williams.

Il n’y a aucun effet sur les revenus du département de l’Eau de la Ville durant la transition du système de facturation des eaux pluviales au mètre, mais les coûts engendrés par la gestion des eaux pluviales, dans le cadre du plan de gestion à long terme de la Ville, permettront de réduire les trop‑pleins d’égouts unitaires, note Williams. Le programme de la Ville visant à réduire ces trop‑pleins a été surnommé le programme Green City, Clean Waters en raison de son incidence prévue sur la qualité de l’eau.

rain garden
Les jardins pluviaux absorbent les précipitations qui s’écoulent d’un toit ou d’une terrasse, drainant ainsi l’eau dans le sol. Photo : Philadelphia Water Department Kevin Bunch est un rédacteur spécialiste des communications au bureau de la section États‑Unis de la CMI à Washington, D.C.

Le CEO recommande à l’Ontario de faire face aux temps violents liés aux changements climatiques et d’exiger que toutes les municipalités adoptent le recouvrement intégral des coûts pour la gestion des eaux pluviales et offrent des incitatifs relativement aux mesures d’absorption et de stockage du ruissellement sur les propriétés. Schwartzel souligne que le plus gros obstacle pourrait être l’information, c’est‑à‑dire que certaines personnes considèrent qu’il s’agit d’une nouvelle taxe alors qu’en réalité cela remplace une taxe qui existe déjà. Certaines personnes pourraient payer plus ou moins selon la nature de leur propriété. Ces mesures permettraient également aux municipalités de mieux assumer les coûts de l’infrastructure existante et d’offrir un financement fiable à long terme pour l’entretien et les investissements futurs, mentionne Schwartzel.

Certaines grosses villes, comme Toronto, peuvent se permettre de construire de gros réservoirs pour stocker les eaux pluviales jusqu’à ce qu’elles soient traitées et rejetées en un débit plus lent au cours de plusieurs jours ou encore des bassins de retenue pour empêcher les inondations. Schwartzel mentionne que les plus petites villes et les villages sont souvent paralysés devant les coûts et la complexité perçus des systèmes de restructuration, comme le financement de la gestion des eaux pluviales. Cependant, Schwartzel précise que la province pourrait prendre le rôle de responsable et préparer un cadre commun et des pratiques exemplaires afin d’orienter les municipalités vers une gestion plus durable des eaux pluviales.

 

 

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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