Une évaluation exhaustive indique que l’épandage actuel et passé d’engrais et de fumier est la plus importante source d’excès de phosphore dans le bassin occidental du lac Érié

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Des mesures audacieuses sont nécessaires pour établir et mettre en œuvre des moyens de restaurer la santé du lac Érié 

Dans un rapport publié aujourd’hui par la Commission mixte internationale intitulé Les pratiques d’épandage d’engrais et leurs répercussions sur la qualité de l’eau dans le bassin occidental du lac Érié, une analyse approfondie des données existantes laisse peu de doutes sur le fait que l’épandage d’engrais chimique et de fumier constitue la source principale d’excès de phosphore dans le bassin occidental du lac Érié. Le Comité de la priorité scientifique du Conseil consultatif scientifique de la Commission mixte internationale a réalisé cette évaluation afin de mieux comprendre l’incidence passée, actuelle et future du ruissellement agricole non ponctuel de phosphore dans le bassin occidental du lac Érié et ses possibilités de causer des conditions eutrophiques et l’apparition d’efflorescences algales nuisibles (EAN). Le secteur étudié comprend le bassin occidental binational du lac et le réseau hydrographique des rivières Sainte-Claire et Détroit, qui alimente directement le lac Érié. 

Les engrais chimiques constituent la source principale de phosphore d’origine agricole dans le bassin en général et aux États-Unis, alors qu’au Canada, les engrais chimiques et le fumier sont des sources à peu près égales. Étant donné que les données binationales comparables les plus récentes remontent à 2006‑2007 et qu’il n’existe pas de moyen bien établi de distinguer, en laboratoire, entre les charges de phosphore provenant des engrais et celles provenant du fumier, il est nécessaire d’obtenir plus de données précises sur la vente et l’épandage d’engrais ainsi que sur la production et l’épandage de fumier afin de mieux comprendre les sources d’origine proprement agricole. 

L’analyse montre également que l’excès de phosphore provenant de l’épandage d’engrais et qui est stocké dans les sols agricoles, les fossés à proximité, les zones tampons et les terres humides peut contribuer à la présence de nutriments pendant des années, voire des décennies. Le rapport indique qu’« il suffirait d’une petite 'fuite' de P excédentaire pour contribuer à la prolifération d’algues. »  Heureusement, l’étude a découvert que, depuis les années 1980, après une période d’accumulation de phosphore dans les sols, l’épandage d’engrais à l’échelle des bassins versants est à peu près équilibré par l’élimination du phosphore dans les récoltes. 

L’expansion du travail de conservation du sol, comme le semis direct, coïncide avec l’augmentation de phosphore qui pénètre dans le lac, puisque le nutriment s’accumule dans la partie supérieure du sol. L’utilisation répandue de tuyaux de drainage souterrains artificiels peut aussi faire augmenter la quantité de phosphore qui pénètre dans le lac. Ainsi, malgré les avantages que présentent ces deux pratiques, elles pourraient contribuer grandement à l’apparition d’efflorescences algales nuisibles. Il faut mener davantage d’études et d’activités de surveillance pour quantifier les deux sources et examiner de nouvelles façons de faire liées à ces pratiques afin d’en récolter les fruits prévus sans accroître l’apport de nutriments dans le lac Érié. 

Les changements climatiques devraient avoir un effet sur la quantité de phosphore qui pénètre dans le lac Érié. Les années qui présentent d’importantes précipitations et des températures élevées de l’eau peuvent augmenter les rejets de phosphore provenant des terres agricoles, accélérer la prolifération d’algues nuisibles et allonger le délai de récupération. Encore une fois, davantage de surveillance est nécessaire pour évaluer les conséquences des changements climatiques sur l’apport en nutriments et pour adapter les mesures de gestion afin qu’elles atteignent les cibles de réduction des nutriments dans le bassin occidental du lac. 

Le rapport indique enfin que les méthodes de gestion liées à l’épandage de phosphore – y compris le moment choisi, le taux et l’équipement utilisé – pourraient avoir un effet plus important sur les rejets de phosphore à partir des terres agricoles que la catégorie du fertilisant (fertilisant chimique ou engrais). Il est nécessaire d’examiner l’efficacité des méthodes de gestion actuelles dans l’objectif d’en élaborer de nouvelles afin de réduire avec plus d’efficacité l’apport dans le lac de phosphore provenant de l’épandage d’engrais et de fumier. Il faudrait élargir le programme de gestion des éléments nutritifs 4B pour l’épandage de fertilisants et en évaluer l’efficacité en vue de créer de nouvelles approches.

 « Les mesures de contrôle du phosphore adoptées dans les années 1970 ont démontré que l’eutrophisation du lac Érié pouvait être inversée », indique le rapport. « Le défi, cette fois-ci, concerne les sources agricoles de nutriments diffuses, qui nécessiteront un ensemble d’interventions différent. Le lac Érié a bénéficié de mesures audacieuses dans le passé et il lui faut une action tout aussi audacieuse aujourd’hui s’il s’agit de protéger sa santé et de préserver sa valeur pour les futures générations du bassin. »

En sa qualité d’organisation binationale créée par le Canada et les États-Unis en vertu du Traité relatif aux eaux limitrophes de 1909, la Commission mixte internationale tient le rôle d’évaluateur indépendant des progrès accomplis par les deux gouvernements envers la réalisation des objectifs de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs.

Pour de plus amples renseignements, consulter le rapport complet. Une infographie comprenant les grandes lignes du rapport se trouve plus bas.

Pour de plus amples renseignements : 

Sally Cole-Misch

Windsor

519‑257‑6733

colemischs@windsor.ijc.org

Sarah Lobrichon

Ottawa

613‑922‑5368

lobrichons@ottawa.ijc.org

Frank Bevacqua

Washington

202‑736‑9024

bevacquaf@washington.ijc.org

 


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