La première phase d’une étude d’impact de l’exploitation minière dans le bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie a révélé l’existence de liens étroits entre les sites miniers et l’ensemble du bassin versant où un très grand nombre de milieux humides sont interconnectés tout comme, probablement, tout un réseau de nappes phréatiques peu profondes. Les chercheurs ont également constaté de possibles lacunes d’envergure sur le plan des données, lacunes qui méritent une analyse plus poussée.
L’étude a été commandée par le Conseil du bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie et par le Conseil consultatif des professionnels de la santé.
Doug Franchot, membre du Conseil du bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie, précise que les résultats de l’étude ont suscité un grand intérêt en raison du passé de la région en matière d’exploitation minière.
Le substratum rocheux du bassin de la rivière à la Pluie et du lac des bois et regorge de métaux comme le nickel, l’or, le cuivre et le lithium qui sont enfouis dans une région vierge et écosensible. Cette région comptait jadis de nombreuses mines de fer et d’or, dont beaucoup ont été abandonnées, et l’intérêt croissant pour l’électrification et l’exploitation stratégique des ressources minérales a donné lieu à une montée en puissance de l’exploration minérale au cours des dernières années.
« Le Citizens Advisory Group (conseil du bassin versant) s’inquiète de l’impact de l’exploitation minière depuis la création du conseil du bassin versant en 2014. Chaque nouveau projet est étudié sous toutes ses coutures, mais jamais dans un contexte général, soit par rapport à l’ensemble du bassin versant. » Pour M. Franchot, « il convenait donc d’adopter un point de vue historique très large. »
Selon lui, le grand problème réside dans le fait qu’il n’existe pas de données environnementales, par ailleurs nécessaires, pour évaluer les impacts potentiels et les risques associés aux nouveaux projets miniers dans la région.
L’étude a été réalisée dans le cadre de l’Initiative internationale sur les bassins hydrographiques de la CMI, sous la surveillance des deux conseils de la Commission.
Elle a été confiée aux soins du Geological Survey des États-Unis, tandis que la Commission géologique du Canada a assuré le travail du côté nord du bassin. Les chercheurs ont commencé par recenser cinq catégories de données : l’emplacement des mines existantes, la qualité de l’eau des cours et des plans d’eau, la santé de la faune et de la flore aquatique (soit des poissons, des plantes et des insectes), le potentiel minéral et l’hydrologie du bassin.
Les données, qui remontent à 20 ans au moins, ont été tirées de sources gouvernementales dans les deux pays, ce qui s’entend également de tribus et de Premières Nations. De plus, l’exercice a porté sur un examen de la documentation existante.
Hazen Russell, responsable du projet du côté canadien, précise que, pour ce qui est de la santé des communautés aquatiques, les chercheurs ont utilisé plusieurs indicateurs, y compris les contaminants et la présence d’insectes sensibles à la mauvaise qualité de l’eau. Le potentiel minier a été déterminé au moyen de données provenant directement d’organismes gouvernementaux, ainsi que de renseignements sur les permis exigés des sociétés minières qui devaient être déposés auprès des gouvernements des États et des provinces.
Aliesha Krall, qui a dirigé le projet à l’USGS, précise que le Canada et les États-Unis appliquaient des processus d’échantillonnage, des fréquences de prélèvement et des ensembles de données concernant la qualité de l’eau qui étaient différents, tout comme l’emplacement des mines, et qu’une partie du projet a donc consisté à harmoniser les données existantes pour parvenir à un ensemble cohérent afin d’établir la référence recherchée.
« L’harmonisation consiste à réunir des ensembles de données », ajoute Mme Krall. « Les ensembles actuels fournissent des renseignements semblables, mais ils ne sont pas normalisés pour permettre de comparer des pommes avec des pommes. »
Grâce à des données harmonisées, poursuit Mme Krall, les chercheurs ont pu dresser un relevé de l’emplacement de toutes les mines du bassin, actives comme abandonnées, et mettre la main sur une grande partie des données relatives à la qualité de l’eau.
Le projet n’en est pas terminé pour autant, ajoute Mme Krall. De nombreux ensembles de données peuvent avoir trop d’attributs ou de catégories pour être facilement harmonisés. D’autres catégories de données ont été partiellement analysées, mais il faudra une deuxième phase pour bien les comprendre.
Jim Stark, directeur de la Commission sur la politique de l’eau à l’Assemblée législative du Minnesota et membre du Conseil du bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie, indique que la phase 2 de l’étude sera axée sur l’identification des zones les plus prometteuses pour l’exploitation minière et sur l’évaluation de la qualité de l’eau ainsi que sur l’obtention de données hydrologiques et écosystémiques pour déterminer la sensibilité des eaux aux impacts miniers. Il est possible, ajoute-t-il, qu’au terme de la phase 2, il soit recommandé d’exercer une surveillance accrue dans certaines parties du bassin hydrographique de la rivière à la Pluie.
Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.