
Selon la dernière mise à jour d’une étude de longue date, comme les passes à poissons et un réseau de télémesure étendu sont désormais en place dans tout le réseau de la rivière Rouge, tout indique que des espèces comme l’esturgeon jaune, le buffalo à grande bouche, le doré jaune et le malachigan se déplacent partout où ces espèces trouvent un habitat adapté.
Depuis 2016, plusieurs organisations et agences du Manitoba, du Minnesota et du Dakota du Nord surveillent les déplacements des poissons (dans le temps et dans l’espace) dans le réseau de la rivière Rouge. Le projet cible un certain nombre d’espèces, dont l’esturgeon jaune, le buffalo à grande bouche, la barbue de rivière et le malachigan, qui sont présents dans toute la rivière Rouge. D’autres espèces surveillées, comme la carpe commune, la lotte, le doré jaune et le grand corégone, se cantonnent généralement au lac Winnipeg, mais se déplacent aussi dans le secteur aval du lac Rouge.
« Quand nous avons commencé à discuter de cette question (vers 2015-2016), nous nous intéressions surtout au doré jaune et au poisson-chat parce que, d’après les données préliminaires dont nous disposions, le poisson-chat, par exemple, se déplaçait beaucoup », nous a indiqué Mark Pegg, chercheur principal et écologiste aquatique à l’Université du Nebraska. « Or, il s’est avéré que cette espèce est celle qui se déplace le moins de toutes celles que nous étudions dans cette rivière... nous pensions que le poisson-chat était un grand voyageur, mais en termes relatifs, ce n’est pas le cas. »
Grâce à des années d’efforts et au soutien du Conseil international du bassin versant de la rivière Rouge ainsi que de l’Initiative internationale sur les bassins hydrographiques de la CMI, ce réseau de surveillance s’étend maintenant jusqu’à la rivière Assiniboine, au lac Winnipeg et à plusieurs tributaires de la rivière Rouge, et des centaines de poissons appartenant à huit espèces sont porteurs d’émetteurs acoustiques.
Ce détail à son importance, car les gestionnaires des ressources ont travaillé à définir les principales aires de répartition et les principaux habitats de ces espèces, afin d’affiner la réglementation et les activités de gestion.
L’esturgeon jaune et le buffalo à grande bouche en particulier ont tendance à être très mobiles dans le bassin versant de la rivière Rouge, nous a précisé Mme Pegg, puisqu’ils peuvent couvrir plusieurs centaines de kilomètres en peu de temps.
Les premières puces émettrices, implantées en 2016, sont arrivées au terme de leur durée de vie utile, ce qui a nécessité un marquage supplémentaire de l’esturgeon jaune au cours des dernières années.

Carte du réseau de récepteurs qui s’étend du lac Winnipeg jusqu’au réseau de la rivière Rouge (avec ses tributaires). Les couleurs désignent différentes parties du réseau hydrographique à des fins d’analyse. Crédits photo : Marshall Stuart et Mark Pegg
En 2023, le barrage de Drayton a été démantelé pour laisser la place à des rapides étagés, aménagés sur un substrat rocheux, afin de favoriser le franchissement des poissons. Jusqu’alors, ce barrage avait constitué la dernière barrière non aménagée dans la section américaine de la rivière Rouge. Le barrage à faible hauteur de chute d’eau n’était pas entièrement impraticable, mais il gênait la remontée du poisson. D’ailleurs, selon le réseau de récepteurs, les poissons semblaient surtout rester en aval en attendant que le niveau d’eau ne soit suffisamment élevé pour leur faciliter le franchissement. Les chercheurs voulaient donc voir comment les poissons réagiraient après la modification de la structure. Par ailleurs, d’autres stations de télémesure ont été installées près du « nouveau barrage » afin de fournir une image plus précise des répercussions que la nouvelle structure pourrait avoir sur les espèces. Au moment où nous rédigeons ces lignes, les données étaient encore en cours d’analyse.
Ces nouveaux récepteurs sont d’un nouveau type, a précisé le chercheur Marshall Stuart, étudiant au second cycle de l’université du Nebraska.
Ces dispositifs sont conçus pour mieux détecter les poissons marqués qui se déplacent dans des milieux bruyants et turbulents, comme ceux situés en amont et en aval du barrage de Drayton. D’autres récepteurs ont été installés en aval de Grand Forks (Dakota du Nord), pour augmenter la densité de couverture de 15 à 30 km (soit environ 9 à 19 milles). Huit autres puces acoustiques seront sans doute posées au printemps 2025 pour aider à suivre les déplacements des esturgeons.
D’après les données recueillies par les récepteurs installés dans les tributaires de la rivière Red Lake au cours des années passées, l’esturgeon remonte la rivière et franchit les rapides enrochés d’East Grand Forks, près de la confluence avec la rivière Rouge. Cependant, les poissons semblent être gênés par les rapides de Crookston, précise M. Stuart, qui fait remarquer qu’un esturgeon s’y est rendu et a fait demi-tour pour redescendre la rivière. La prochaine série de téléchargements de données aidera à déterminer s’il est courant que des poissons ne franchissent pas les rapides de Crookston.
L’équipe de recherche est en train de rédiger un rapport final qui devrait être terminé d’ici le 1er juin 2025. M. Stuart précise que des questions demeurent quant à l’impact de la dérivation de Fargo-Moorhead sur la mobilité des poissons. Il faut en outre déterminer si les poissons profitent de l’aménagement des rapides à l’emplacement de l’ancien barrage de Drayton. Le projet de dérivation Fargo-Moorhead (en anglais seulement) est un important effort de lutte contre les inondations déployé par l’US Army Corps of Engineers et par d’autres partenaires en vue de protéger la région en cas de crue de la rivière Rouge, ce qui devrait aboutir d’ici 2027.

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.