La pollution chimique des eaux des Grands Lacs a fait l’objet d’un grand intérêt lors des récentes réunions publiques du CMI, particulièrement lors de la discussion qui a eu lieu à Sarnia, en Ontario, sur les mesures prises par le Canada et les États-Unis à l’égard des produits chimiques sources de préoccupations mutuelles (PCSPM).
Les contaminants chimiques dans le bassin des Grands Lacs ont historiquement posé des risques pour la santé humaine et de la faune pendant de nombreuses années. Le dernier Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs entre le Canada et des États-Unis, l’Accord de 2012, vise à « restaurer et conserver l’intégrité chimique, physique et biologique des eaux de l’écosystème du bassin des Grands Lacs.
Les deux pays se sont engagés à adopter des mesures à l’égard des produits chimiques sources de préoccupations mutuelles (PCSPM) en vertu de l’Annexe 3 de l’Accord de 2012. En vertu de l’Annexe 3, le Canada et les États-Unis ont identifié des PCSPM de sources humaines, à propos desquels les deux pays ont convenu qu’ils étaient potentiellement nocifs pour la santé humaine ou l’environnement. Maintenant que ces PCSPM ont été identifiés, les pays travaillent à réduire les rejets provoqués par les humains par l’entremise d’activités personnelles, gouvernementales ou commerciales, ainsi qu’à réduire l’utilisation de produits contenant des PCSPM.
Les gouvernements collaborent avec des groupes partenaires et le milieu universitaire, ainsi que des experts du gouvernement et de l’industrie, pour étudier la question des effets néfastes sur la santé ou l’environnement pour une liste de PCSPM potentiels. Les effets de l’exposition des humains ou des animaux aux PCSPM dépendent de la toxicité des produits chimiques et du niveau d’exposition. Les produits chimiques peuvent aussi passer dans les chaînes alimentaires et les réseaux trophiques des systèmes aquatiques, entraînant des niveaux plus élevés de contamination chez les espèces prédatrices.
- le mercure
- l’acide perfluorooctanoïque (APFO)
- les acides perfluorocarboxyliques (APFC) à chaîne longue
- l’hexabromocyclododécane (HBCD)
- les biphényles polychlorés (BPC)
- Le sulfonate de perfluorooctane (SPFO)
- Les polybromodiphényléthers (PBDE)
- Les paraffines chlorées à chaîne courte (PCCC)
Les effets chez les humains sont entre autres des problèmes neurologiques (mercure), des éruptions cutanées (HBCD) et le cancer (BPC)
Des mesures de gestion visant à contrôler les rejets des PCSPM dans l’environnement ainsi que leur utilisation devraient constituer la prochaine étape du processus. Les stratégies binationales propres à chaque CMC servent de guides pour ces mesures, et l’élaboration de stratégies pour les BPC et les HBCD est en cours.
La prochaine série d’examens techniques pour les nouveaux PCSPM commencera bientôt, et les propositions de PCSPM sont bienvenues en tout temps. Jusqu’à présent, parmi les propositions, figurent les radionucléides --- des types d’atomes qui sont radioactifs et qui peuvent émettre une radiation dans l’environnement à mesure qu’ils se décomposent. Bien que certains radionucléides surviennent naturellement, ils peuvent provenir aussi d’autres sources, comme des activités humaines telles que les essais d’armes et l’exploitation de centrales nucléaires, qui produisent des déchets. L’exposition aux radiations peut occasionner une augmentation des cas de cancer chez les humains. Les signataires de la proposition pour les radionucléides citent les risques pour la santé et le manque de stratégies de surveillance binationales actuelles pour les Grands Lacs.
Dans la version préliminaire de l’Évaluation triennale des progrès du CMI (en anglais seulement) on souligne que les gouvernements ont réussi à réaliser la première série d’identifications des PCSPM, où l’élaboration de processus pour la nomination et l’examen des PCSPM est une première étape positive. On y indique aussi que les gouvernements pouvaient aussi compter sur les leçons apprises lors de cette première série de propositions de PCSPM pour améliorer les mesures prises à l’égard des objectifs de l’AQEGL. Par exemple, l’élaboration par les gouvernements de stratégies binationales visant à contrôler les PCSPM a pris bien du retard par rapport au calendrier, et le nombre élevé de PCSPM potentiels nécessite qu’on rationalise le processus de proposition des PCSPM. Enfin, les progrès réalisés dans la réduction des niveaux de produits chimiques hérités du passé est encourageant, mais des contaminants émergents sont préoccupants.
Jennifer Boehme is a senior environmental scientist at the IJC’s Great Lakes Regional Office and serves as chair of the GLOS Board.
