Tous ensemble! La mobilisation et l’habilitation des collectivités grâce à l’IIBH

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Kevin Bunch
26 septembre 2023
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Si, en vertu de l’Initiative internationale sur les bassins versants (IIBH) de la CMI, il convient de considérer que les bassins constituent un seul et même écosystème qui transcende les frontières, il ne faut pas négliger pour autant les autres principes sur lesquels repose l’Initiative.

Ainsi, il est fondamental de viser un engagement réel et suivi auprès des communautés locales. C’est en s’appuyant sur les savoirs et les réseaux des personnes qui connaissent et comprennent le mieux leur bassin hydrographique que les conseils de la CMI parviennent à prendre des décisions éclairées et viables dans la durée.

Les conseils obéissent à différentes approches pour parvenir à ces fins : certains sont chargés de se pencher sur l’ensemble des enjeux des bassins hydrographiques dont ils s’occupent, tandis que d’autres exercent des responsabilités plus limitées.

Nombre de conseils, dont le Conseil international du bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie, le Conseil international du bassin versant de la rivière Rouge et le Conseil international de contrôle du lac Osoyoos, ont décidé d’élargir leur composition pour accueillir des Autochtones et des représentants de collectivités locales. Ce faisant, les populations locales ont leur mot à dire dans les processus décisionnels des conseils et elles peuvent veiller à ce que les préoccupations ou les connaissances locales, notamment écologiques, soient prises en compte.

La CMI et ses conseils appliquent de telles mesures depuis plus d’une décennie. Par exemple, en 2007, au moment de sa création, le Conseil international du bassin de la rivière Sainte-Croix a inclus un membre du public et, en 2013, le Conseil international du bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie a réservé certains sièges à des Autochtones et à des représentants du grand public.

En marge de l’élargissement de la composition des conseils, les communautés locales et les nations autochtones ont pu être représentées de différentes façons. C’est le cas au Conseil international du bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie qui comprend un groupe consultatif communautaire dont les membres proviennent tous des collectivités et des nations autochtones environnantes. Ces derniers font part de leurs idées et avis au conseil, qui en tient compte dans ses prises de décisions. De plus, la participation de la communauté a joué un rôle essentiel dans l’aboutissement de plusieurs projets financés par l’IIBH, projets que les conseils de la CMI ont entrepris au cours des dernières années.

En 2019, les commissaires de la CMI ont convenu d’une liste de priorités pour l’organisation, y compris une plus grande mobilisation des Autochtones, ce qui fait également partie des priorités de l’IIBH dans le plus récent plan quinquennal de l’initiative.

Ces mesures se sont en partie concrétisées sous la forme de changements dans la composition des conseils, mais aussi par l’élaboration et la conception de projets financés par l’IIBH.

En collaboration avec la White Earth Nation, les Premières Nations de la rivière à la Pluie ainsi que les gouvernements provinciaux, étatiques et fédéraux, le Conseil du bassin de la rivière Rouge a étudié l’impact des passes à poissons sur les écosystèmes en fonction d’espèces revêtant une importance sur le plan culturel, comme l’esturgeon jaune (et d’autres espèces vitales comme le barbue de rivière et le buffalo à grande bouche) de sorte à déterminer dans quelle mesure les poissons parviennent à passer d’un bout à l’autre du bassin versant de la rivière.

Les savoirs et les communautés autochtones se sont par ailleurs retrouvés au centre du Forum scientifique sur l’eau du lac Osoyoos 2022, tenu en collaboration avec la bande indienne d’Osoyoos et la Syilx Okanagan Nation Alliance.

Le forum, qui avait pour thème le rapprochement entre les façons de voir autochtones et occidentales en matière de savoirs, de science et de gestion, a été réalisé en collaboration avec des experts autochtones et des spécialistes non autochtones appartenant à des gouvernements, à des universités et à des collectivités locales occidentales.

De même, le troisième Rapport sur l’état du bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie — publié en 2022, et rédigé et édité par des experts des sciences occidentales et des savoirs autochtones — traite des défis et des préoccupations dans le bassin, selon deux modes de savoirs, et il met en perspective les grands enjeux auxquels sont confrontées les collectivités locales de la région. Le Conseil du bassin de la rivière Rouge et le Conseil international de contrôle du lac Supérieur administrent aussi des projets financés par l’IIBH qui visent à améliorer la collaboration avec les nations autochtones locales et l’engagement dont elles sont l’objet.

Parmi les autres projets collaboratifs financés par l’IIBH, mentionnons l’étude sur les passes à poissons de la rivière Sainte-Croix menée avec des partenaires fédéraux, étatiques, provinciaux, locaux et autochtones, qui consiste à examiner la faisabilité et les options d’amélioration des passes à poissons de la rivière. L’étude en question a donné lieu à un effort concerté destiné à mettre en pratique certaines recommandations du rapport. Des groupes locaux ont par ailleurs recueilli des fonds pour améliorer le franchissement du barrage Woodland par les poissons.

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La passe migratoire du barrage Woodland a fait l’objet d’une étude par le Conseil de la rivière Sainte-Croix menée en collaboration avec les communautés autochtones. Source : CMI

Dans le bassin du lac des bois et de la rivière à la Pluie, l’IIBH a appuyé un projet d’évaluation des risques liés aux espèces aquatiques envahissantes, avec le soutien des autorités locales, provinciales, étatiques et fédérales, afin de recenser les menaces les plus immédiates dans la région. L’Initiative a aussi apporté son soutien pour que le projet WET se déroule dans les écoles locales du Minnesota, en complément d’un chantier ontarien visant à enseigner l’écosystème local aux enfants.

Un autre projet dans le bassin versant du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent a consisté à recenser les répercussions écologiques des bas niveaux d’eau dans le lac Saint-Laurent, en collaboration avec le Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent et en association avec des organismes étatiques et fédéraux ainsi qu’avec des groupes locaux et des groupes autochtones qui ont contribué à l’étude et à diffuser les conclusions tirées.

Ces projets de collaboration aident à mieux connecter les conseils aux collectivités de ces bassins hydrographiques. De plus, les groupes locaux sont souvent encouragés à élaborer de nouveaux projets d’IIBH avec leur conseil, qui peuvent les aider à s’acquitter de leurs responsabilités de conseil et à soutenir les priorités locales.

Le travail de la CMI et de ses conseils est mieux servis par la collaboration avec des experts des bassins hydrographiques transfrontaliers. Grâce à l’IIBH, l’apport des points de vue des résidents locaux et de Autochtones s’est traduit par un plus large éventail de connaissances et par l’adoption de décisions plus réfléchies de la part des gestionnaires de l’eau, ce qui représente une approche idéale pour relever les défis du XXIsiècle.

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Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.