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Suivre de près les algues du lac Érié : une question grave et urgente

Personnel de la CMI

Vous avez peut-être entendu parler des plus récentes prévisions concernant les proliférations d’algues nuisibles dans le lac Érié. Les scientifiques utilisent le mot « grave » pour décrire la menace à laquelle fera face cet été le moins profond des Grands Lacs.

Voici un autre mot approprié à la situation : urgent.

Le lac Érié est une source d’eau potable pour les villes et les collectivités situées sur ses rives, dont Toledo, en Ohio, qui a dû composer avec un avis de ne pas consommer l’eau à l’été 2014 en raison de la contamination de son eau d’approvisionnement par des cyanotoxines. Le lac était aux prises avec un excès de phosphore, un élément nutritif présent partout, des engrais agricoles au fumier, et des rejets d’eaux usées aux eaux de ruissellement urbaines. Cet élément nutritif peut nourrir les efflorescences d’algues qui produisent des toxines nuisibles pour les humains et les animaux.

Une image satellite du lac Érié prise le 6 juillet 2015. Photo : NOAA/MODIS
Une image satellite du lac Érié prise le 6 juillet 2015. Photo : NOAA/MODIS

La plus récente prévision de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et de ses partenaires est une preuve de plus que le lac a besoin d’aide. Si les plus récentes prévisions se concrétisent, la prolifération de cet été serait la deuxième plus grave après la prolifération record de 2011, un changement important par rapport aux prévisions précédentes faisant état d’une prolifération relativement faible.

Les prévisions saisonnières pour le lac Érié sont fondées sur des modèles qui traduisent les charges printanières d’éléments nutritifs en proliférations d’algues prévues dans le bassin ouest du lac Érié. Les prévisions d’une grave prolifération sont attribuables aux fortes pluies de juin qui ont produit des débits et des charges d’éléments nutritifs record dans la rivière Maumee, qui traverse Toledo et le nord-est de l’Indiana.

Jeff Reutter

Pour résoudre ce problème, il faudra une sérieuse action binationale visant à réduire de manière substantielle le phosphore à l’origine de cette menace verte.  

Le Canada, les États-Unis, l’Ohio, le Michigan, l’Ontario et les villes riveraines du lac Érié travaillent activement à l’adoption d’un cadre de travail et des mesures nécessaires pour freiner la pollution par les éléments nutritifs et rétablir le lac Érié. La bonne nouvelle est que les principaux scientifiques et organismes gouvernementaux conviennent qu’il faut couper 40 % de la quantité de phosphore dans le bassin ouest du lac. La véritable difficulté réside dans la vitesse à laquelle les charges de phosphore dans le lac Érié peuvent être réduites.

Un récent article dans le blogue de la CMI résumait la question : l’annexe 4 de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs entre le Canada et les États-Unis engage les gouvernements à établir des objectifs concernant les concentrations et les charges de phosphore d'ici février 2016.  

Des cibles de réduction du phosphore de 40 % ont été publiées en juin par l’Agence des États-Unis pour la protection de l’environnement (USEPA) et Environnement Canada. Ces chiffres sont en accord avec le rapport PELE de la CMI, publié en février 2014.

Le grand public peut commenter les cibles de l’USEPA et d’Environnement Canada jusqu’au 31 août.

Après l’examen des commentaires et l’adoption des cibles de phosphore, les deux gouvernements fédéraux iront de l’avant avec leurs plans d’action nationaux. Les États de l’Ohio et du Michigan et la province de l’Ontario ont déjà annoncé leur intention d’accélérer la réduction de la pollution qui nourrit les algues, et ils ont établi des cibles de réduction de 20 % d’ici 2020 et une réduction totale de 40 % d’ici 2025.

Entre-temps, espérons que cet été ne soit pas une répétition de l’an dernier. En août 2014, les résidants et les commerces desservis par le service d’approvisionnement en eau de Toledo, en Ohio, ont été touchés par une efflorescence algale nuisible, et des centaines de milliers de personnes ont dû cesser de boire l’eau du robinet pendant deux jours. Au Canada, la petite collectivité de l’île Pelée a été touchée de manière semblable.

 Efflorescence algale sur le lac Érié au large de Toledo (Ohio) montrée par une image satellite prise le 1er août 2014. Photo : USGS
Efflorescence algale sur le lac Érié au large de Toledo (Ohio) montrée par une image satellite prise le 1er août 2014. Photo : USGS

Cette fois-ci, il y a de nouvelles lignes directrices concernant la salubrité de l’eau potable, et les représentants de Toledo affirment qu’ils sont mieux préparés pour faire face à une telle situation. En mai 2015, l’USEPA a émis des valeurs provisoires pour les avis sanitaires sur la base d’une exposition de 10 jours à des toxines algales, et qui protègent davantage les enfants de moins de six ans, pour aider les services publics à mieux protéger la population contre les toxines algales dans l’eau potable.

Les effets rapportés chez les humains suite à une exposition à court terme aux cyanotoxines dans l’eau potable sont la gastroentérite, ainsi que des lésions au foie et aux reins. L’exposition aux efflorescences de cyanobactéries en eaux récréatives mène à des réactions allergiques, notamment à des symptômes apparentés à ceux du rhume des foins; à des éruptions cutanées; et à des troubles gastrointestinaux. Des études menées sur des animaux ont démontré que les effets d’une exposition à long terme aux cyanotoxines comprennent des lésions au foie et aux reins.

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