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Succès et défis dans le dossier des secteurs préoccupants canadiens

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Raj Bejankiwar
IJC
Wheatley Harbour

Le bassin des Grands Lacs couvre une superficie de plus de 750 000 kilomètres carrés. Au Canada, il abrite 90 % de la population ontarienne, approvisionne 8,5 millions de personnes en eau potable et compte pour 40 % des activités économiques du Canada.

La dépendance envers le bassin a mené à la détérioration de la santé écologique des Grands Lacs. Dans l’ensemble du secteur canadien du bassin, tout comme dans le secteur américain, de nombreux endroits ont été dégradés.

Dans ces « points chauds », l’eau doit subir un traitement supplémentaire avant d’être utilisée, la vie aquatique est en péril ou sa consommation comporte des risques, et des mises en garde liées à la baignade, à la pêche et à la navigation de plaisance sont émises. La source de la dégradation peut aller du développement industriel aux rejets de stations de traitement des eaux usées, sans compter la pollution historique héritée d’anciennes pratiques. Ces lieux sont désignés des secteurs préoccupants (SP).

Qu’est-ce qu’un secteur préoccupant?

En 1987, l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs entre le Canada et les États‑Unis a établi officiellement les SP comme lieux géographiques où la dégradation environnementale restreint l’utilisation humaine ou la capacité d’un secteur à soutenir la vie aquatique. Une utilisation bénéfique altérée indique un changement dans l’intégrité chimique, physique ou biologique du lieu, qui est devenu une norme pour l’évaluation de sa gravité dans un SP. Il existe 14 utilisations bénéfiques évaluées pour chaque SP.

Chaque SP est doté d’un plan d’assainissement, qui est une stratégie exhaustive pour pallier les utilisations bénéfiques altérées dans le secteur.

Port de Wheatley, lac Érié

Le Canada a 17 SP, dont deux sont en voie de rétablissement et trois sont rétablis. Le port de Wheatley, sur le lac Érié, est le plus récent SP qui a été remis en état et rayé de la liste des SP canadiens. Le SP du port de Wheatley avait été inscrit à la liste en 1987 à cause de cinq utilisations bénéfiques altérées. Un dernier nettoyage a été effectué en 2010.

Port de Wheatley. Source : Gouvernement de l’Ontario.
Port de Wheatley. Source : Gouvernement de l’Ontario.

Un SP est retiré de la liste par le gouvernement du Canada lorsque l’information sur la surveillance environnementale confirme que la qualité de l’environnement a été restaurée conformément aux critères établis en consultation avec d’autres ordres de gouvernement, la CMI et le public.

Le succès obtenu au port de Wheatley est le fruit de plus de 20 ans d’effort. Le processus de nettoyage d’un SP est long, complexe et souvent dispendieux. Au port de Wheatley, plus de 4 millions de dollars ont été investis pour moderniser les usines de traitement des eaux usées. Des organismes fédéraux, en collaboration avec des partenaires provinciaux et financiers, ont travaillé avec les municipalités et les collectivités pour restaurer l’intégrité écologique de ce SP.

Port de Hamilton Le SP du port de Hamilton, situé à l’extrémité ouest du lac Ontario, pose un défi continu. Selon l’évaluation initiale effectuée en 1989 et 1992, il présentait 11 utilisations bénéfiques altérées. Le nettoyage du port de Hamilton a permis d’assainir quelque 675 000 mètres cubes de sédiments contaminés. Il reste encore huit utilisations bénéfiques altérées à pallier, et les coûts de nettoyage du port s’élèvent à 770 millions de dollars.

Port de Hamilton. Source : John Hall, coordonnateur du plan d’assainissement du port de Hamilton.
Port de Hamilton. Source : John Hall, coordonnateur du plan d’assainissement du port de Hamilton.

Environ 376 hectares d’habitat du poisson et d’autres espèces sauvages et 12 kilomètres d’habitat riverain ont été restaurés. La première phase du projet de nettoyage du récif Randle a débuté en mars dernier; elle devrait être achevée d’ici la fin de 2017. Catherine McKenna, ministre d’Environnement et Changement climatique Canada, prévoit que le projet de nettoyage produira des millions de dollars en retombées économiques, y compris la création d’emplois, le développement des affaires et le tourisme. Cependant, il reste encore beaucoup à faire avant d’entamer les deux prochaines phases du projet de nettoyage.

Responsabilités

Les rejets d’eaux usées traitées et les trop-pleins d’égouts unitaires contribuent à la détérioration des conditions dans les SP des Grands Lacs. Ce problème se manifeste non seulement dans le port de Hamilton, mais aussi dans les SP de la baie de Nipigon, du havre Peninsula, de la rivière St. Marys, de la Communauté urbaine de Toronto et de la baie de Quinte.

Non seulement le gouvernement fédéral est-il responsable de remettre en état les SP, mais les collectivités locales sont directement touchées par le processus de nettoyage extrêmement dispendieux.

En 2010, le gouvernement du Canada a renouvelé et rendu permanent son financement de 48 millions de dollars par an à l’intention des initiatives visant les Grands Lacs : 22 millions de dollars des programmes et initiatives d’Environnement Canada, et 26 millions de dollars des différentes activités d’autres ministères. Des 22 millions de dollars, une somme de 6 millions est allouée par année pour assainir les sédiments contaminés dans les SP des Grands Lacs.

Dans les SP binationaux, des efforts concertés sont requis de la part des gouvernements canadiens et américains, des gouvernements provinciaux et des administrations municipales. Par exemple, dans le SP de la rivière Détroit, le gouvernement canadien a investi 60 millions de dollars dans la construction d’un bassin de traitement de rétention afin de réduire et de traiter les trop-pleins d’égouts unitaires à Windsor, éliminant ainsi 22 trop-pleins d’égouts unitaires situés le long des rives de Windsor et réduisant considérablement la pollution provenant des eaux usées domestiques du côté canadien.

Le financement le plus récent était une subvention américaine de plus de 7 millions de dollars pour un projet de restauration de l’habitat dans la rivière Détroit. Le SP de la rivière Détroit présente 9 utilisations bénéfiques altérées et continue d’exiger l’attention de toutes les parties prenantes pour les atténuer efficacement.

Pour participer aux initiatives communautaires portant sur les SP et faire mieux connaître les SP dans votre collectivité, consulter la page des secteurs préoccupants de la CMI. 

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Raj Bejankiwar
IJC

Rajesh Bejankiwar is a physical sciences officer at the IJC’s Great Lakes Regional Office in Windsor, Ontario.

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