
Vous lisez présentement le troisième d’une série d’articles qui mettent en lumière l’innovation dont font preuve les collectivités situées le long des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent pour s’adapter à la période actuelle de crues, en mettant l’accent sur les travaux effectués dans l’État de New York, en Ontario et au Québec pour se préparer aux crues extrêmes à l’avenir. Le deuxième article de la série, sur les lacs Michigan et Huron, a paru dans notre numéro d’octobre. Le premier article sur le lac Érié et la rivière Niagara a été publié en septembre.
Pleins feux : Les rives du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent
Le lac Ontario est le plus petit des Grands Lacs en superficie, avec ses 19 009 kilomètres carrés (7 340 milles carrés) et pour la longueur de son littoral, soit 1 146 km (712 milles).
Il est bordé par la province de l’Ontario, sur la rive nord, et par l’État de New York, au sud. On y trouve également plusieurs grandes villes canadiennes comme Toronto, Hamilton et Mississauga. La rive sud comprend des villes comme Rochester et Oswego. En tout, plus de 8 millions de personnes habitent le long des rives du lac Ontario.
Étant le plus en aval de la chaîne des cinq Grands Lacs, le lac Ontario reçoit le débit d’entrée du lac Érié par la rivière Niagara et son débit de sortie se déverse dans le fleuve Saint-Laurent. Le Saint-Laurent s’écoule du lac Ontario vers Montréal, au Québec, où il rejoint la rivière des Outaouais en route vers le golfe du Saint-Laurent. La longueur totale du fleuve Saint-Laurent, du lac Ontario au golfe du Saint-Laurent, se chiffre à près de 1 200 km et le fleuve est bordé par le Québec et l’Ontario ainsi que par l’État de New York. Le fleuve Saint-Laurent est la porte d’entrée de la navigation commerciale dans tout le réseau hydrographique des Grands Lacs.
Depuis 2017, le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent ont connu deux crues records qui ont causé d’importants dommages socio‑économiques aux riverains. Ces inondations récentes ont été causées par une combinaison de facteurs. En 2017, elles ont été le résultat de précipitations printanières records dans les bassins du lac Ontario et de la rivière des Outaouais. En 2019, il y a eu des apports records en provenance du lac Érié et de la rivière des Outaouais, aggravés par la fonte rapide de la neige accumulée à la fin du printemps, le tout combiné à des précipitations supérieures à la moyenne dans le bassin du lac Ontario. Les inondations qui en ont résulté ont touché de nombreuses municipalités, entreprises et propriétaires riverains le long du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent jusqu’à Montréal.
Depuis 2019, le niveau du lac Ontario a baissé, et les villes et villages le long de ses rives prennent des mesures pour améliorer la résilience de leurs rives en prévision de futures crues.
New York
En mai 2019, le gouverneur de l’État de New York, Andrew Cuomo, a annoncé l’Initiative de résilience et de développement économique du lac Ontario (REDI) dans le cadre de l’intervention de l’État face au niveau sans précédent atteint par le lac Ontario en 2017 et 2019. Ce programme de subventions est conçu pour financer des projets de résilience le long des rives du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent dans les régions qui ont subi des dommages par suite d’inondations au cours des dernières années.
Dans le cadre de l’Initiative REDI, le littoral est divisé en cinq régions distinctes afin de déterminer les besoins, les priorités, les risques et les préoccupations en matière de sécurité à l’échelle régionale. Le budget de l’initiative a été fixé à 300 millions de dollars, et une commission REDI composée principalement de commissaires de l’État de New York approuve l’octroi de subventions à divers projets proposés. À ce jour, une centaine de projets soutenus par des municipalités ont été lancés avec l’aide des subventions de l’Initiative REDI.
Ces projets varient de la restauration et de la réparation de cordons littoraux et de la mise en place de structures naturelles de stabilisation des rives (comme l’ajout de végétation) à la protection des pompes à eau à risque et au remplacement des conduites d’égout par des conduites modernes conçues pour résister à une crue. Des subventions d’environ 8 millions de dollars de l’Initiative REDI sont consacrées au dragage des chenaux de navigation du port et, dans certains cas, des déblais sont utilisés pour reconstruire les bancs de sable côtiers. La liste des projets par région et par municipalité se trouve sur le site Web de l’Initiative REDI.
Outre les subventions municipales, en 2019, l’Initiative REDI a également permis de distribuer 30 millions de dollars à des entreprises touchées par les inondations (ou à risque d’inondation) et 20 millions de dollars de plus aux propriétaires d’habitations endommagées. Les projets comprenaient la réparation de dommages causés par les inondations, l’élévation ou le déplacement de bâtiments vers la terre ferme, l’élévation d’équipement essentiel comme les systèmes de chauffage et de refroidissement ou la fortification de propriétés pour réduire les risques d’inondation futurs.
Ontario
Toronto, la plus grande ville du Canada, a également ressenti les effets du niveau élevé des lacs au cours des dernières années et des projets y sont menés pour protéger les zones vulnérables aux inondations futures. Waterfront Toronto est un organisme créé en 2001 par la ville de Toronto, la province de l’Ontario et le gouvernement du Canada pour revitaliser le secteur riverain de Toronto. L’organisme réalise un important projet de résilience du secteur riverain à l’embouchure de la rivière Don, qui se jette dans le lac Ontario.

Le projet d’infrastructure habilitante et de protection contre les inondations des terrains portuaires et de l’embouchure de la rivière Don, d’une valeur de 1,25 milliard de dollars, offrira une protection contre les inondations de surface qui se déversent dans la rivière Don et les inondations le long du lac Ontario en renforçant la résilience dans le cadre du réaménagement des terrains portuaires.
Les terrains portuaires sont une péninsule de 350 hectares sur le lac Ontario, située juste au sud de la rivière Don qui deviendra éventuellement l’île Villiers, un nouveau secteur résidentiel et commercial de la ville. Le terrain se trouve dans la zone inondable de la rivière Don et risque également d’être inondé par le lac Ontario.
Une partie des plans consiste à créer une embouchure naturalisée de la rivière Don qui relie la rivière Don au lac Ontario, ce qui permettra d’augmenter le drainage pendant les phénomènes météorologiques extrêmes. Le projet permettra d’ajouter 13 hectares de nouvelles terres humides côtières à l’embouchure de la rivière. Ces terres humides sont conçues pour résister aux fluctuations extrêmes du niveau du lac Ontario et elles fourniront un habitat essentiel aux poissons et à la faune du secteur. Le réaménagement des terrains portuaires a commencé en 2013. Toutefois, par suite des crues du lac en 2017 et 2019, Waterfront Toronto a recalculé le niveau du lac sur 100 ans et a réévalué la conception des infrastructures en conséquence. Le projet devrait être terminé en 2024.
Québec
Montréal, la deuxième ville en importance au Canada, est située au confluent du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais, qui ont tous deux de grands bassins hydrographiques. En 2017 et 2019, l’île de Montréal a connu des inondations qui ont entraîné la déclaration de l’état d’urgence et l’évacuation dans certains secteurs à risque élevé.
Même si le niveau de l’eau entourant l’île de Montréal a augmenté davantage en 2019 qu’en 2017, seulement 10 % des maisons ont été touchées comparativement à 2017.
La mairesse Valérie Plante attribue ce succès au fait que la municipalité a réussi à accroître rapidement sa capacité d’intervention en cas d’inondation après la crue de 2017 et qu’elle a donc été en mesure d’intervenir plus rapidement et plus efficacement en 2019. Les mesures d’urgence mises en place en 2019 ont coûté environ 17 millions de dollars canadiens à la municipalité.
Afin d’éviter des coûts semblables à l’avenir, la municipalité prend des mesures pour atténuer les répercussions des inondations.
La nouvelle Stratégie montréalaise pour une ville résiliente, publiée en 2018 dans le cadre de la participation de Montréal au programme international des 100 villes résilientes, est un élément clé de ces mesures. La stratégie de Montréal met l’accent sur l’adaptation aux changements climatiques, y compris l’amélioration de la capacité qu’a la municipalité d’intervenir en cas d’inondations majeures.
La municipalité a mis sur pied un comité chargé d’étudier les méthodes mondiales de planification, d’adaptation et d’atténuation face aux catastrophes naturelles, et plus particulièrement aux inondations. En se fondant sur les pratiques exemplaires d’autres villes, le comité élaborera un plan pour Montréal et publiera un rapport contenant des recommandations sur les mesures d’adaptation et d’atténuation dans le cadre de son plan d’action quinquennal. Une autre mesure incluse dans la stratégie consiste à mieux comprendre les probabilités d’inondation et des vulnérabilités sur l’ensemble du territoire de la municipalité.
Un nouveau projet de cartographie qui fournit des renseignements détaillés sur la gravité des inondations dans les secteurs à risque est un autre élément clé des mesures adoptées. La municipalité a également annoncé un moratoire sur les nouvelles constructions dans les zones à risque élevé qui ont été inondées en 2017 et 2019. Pour en savoir plus sur ces projets, vous pouvez consulter l’article intitulé « Les gouvernements provinciaux et des États réagissent au risque accru d’inondation sur les berges du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent », paru dans notre numéro d’avril.

Christina Chiasson is a policy analyst for the Canadian Section of the IJC in Ottawa, Ontario.

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.