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Lutter contre l’écrevisse envahissante pour sauver les œufs des poissons indigènes

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Kevin Bunch
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Pour la deuxième année consécutive, des groupes du Michigan érigent des barrières et des pièges pour essayer d’éloigner l’écrevisse à taches rouges (dite aussi écrevisse américaine) des œufs vulnérables de touladi et de corégone.

Ce travail se fait en partenariat avec du personnel de la Station de recherche sur les pêches de Charlevoix du département des Ressources naturelles du Michigan (DNR), de l’organisme The Nature Conservancy et de l’université Central Michigan.

L’expérience vise à empêcher les écrevisses à taches rouges de consommer des œufs le long des récifs rocheux de la baie Petite Traverse et d’Elk Rapids pendant la saison de frai d’octobre à novembre, selon David Clapp, directeur de la station. Les recherches ont révélé que les prédateurs d’œufs sont un facteur important dans la lutte que les deux espèces indigènes clés ont dû mener dans le nord du lac Michigan, en particulier contre des espèces exotiques comme l’écrevisse américaine et le gobie à taches noires (gobie arrondi).

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Carte montrant à la fois la baie Petite Traverse au nord et Elk Rapids au sud, près de la baie Grande Traverse. Photo : Google Maps

L’écrevisse à taches rouges a été introduite dans le lac Michigan à partir de son habitat indigène de la rivière Ohio dans les années 1960 ou au début des années 1970, probablement sous forme d’appâts échappés ou de projets de biologie scolaires. Cette espèce, facilement reconnaissable à sa couleur rougeâtre et à ses grosses pinces lisses, est plus agressive que les espèces indigènes, qu’elle déplace en grande partie dans la région de la baie Traverse. Ces écrevisses sont considérées envahissantes parce qu’elles circulent dans les récifs chaque automne pour se régaler des œufs de poisson pendant les saisons de fraie. Les chercheurs et les collaborateurs du projet (dont les bandes Odawa et Ottawa des baies Petite Traverse et Grande Traverse, respectivement) tenaient à donner à ces œufs une meilleure chance de survie. Grâce à une subvention de 550 000 $ de l’Environmental Protection Agency des États‑Unis, administrée par The Nature Conservancy (et un soutien en nature de tous les partenaires du projet), le DNR du Michigan et ses partenaires ont pu entreprendre ce projet expérimental de trois ans à l’automne 2018 pour empêcher l’entrée de l’écrevisse envahissante.

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Une écrevisse à taches rouges. La taille de cette espèce varie habituellement entre 3,5 et 10 cm (1 3/8-4 po). Photo : US Geological Survey

M. Clapp explique que le grand corégone, en plus d’être important sur le plan écologique, est aussi un poisson commercial important qui est aux prises avec de faibles populations en raison des changements environnementaux. La truite grise est un important prédateur indigène et une importante source de pêche récréative. Par le passé, le cisco a également frayé sur ces récifs, avec une population faible mais en expansion et cette espèce pourrait elle aussi bénéficier du projet.

La stratégie comporte deux volets. Dans un premier temps, les membres du projet ont installé des barrières en vinyle jusqu’aux récifs et autour de ceux-ci, les maintenant en place à l’aide de flotteurs et de chaînes. Les écrevisses peuvent essayer de franchir ces barrières à la nage, mais elles risquent d’être mangées par l’achigan à petite bouche. Le personnel du DRN effectue également un « piégeage intensif » à l’intérieur et à l’extérieur de la barrière pour l’écrevisse à taches rouges et retire les exemplaires attrapés à l’aide de lignes comportant de 7 à 11 pièges chacune. En 2018, ces travaux se sont uniquement déroulés à la baie Petite Traverse.

« Nous avons aussitôt constaté certains effets », se réjouit M. Clapp. « La disparition d’œufs est le seul indice qui nous permet de mesurer notre degré de réussite, mais nous avons vu un assez bon mouvement vers le contrôle de ces écrevisses. »

Comparativement à une section témoin du récif, en 2018, les chercheurs ont trouvé moins d’écrevisses dans la section expérimentale, précise-t-il. Les œufs étaient encore mangés par les gobies et, en moindre mesure, par des espèces indigènes comme le chabot.

L’effort de 2019, qui a été élargi pour inclure le récif à Elk Rapids, est toujours en cours et les résultats n’étaient pas encore disponibles au moment de la rédaction.

Selon M. Clapp, l’emplacement des rapides Elk est beaucoup plus populaire chez le grand corégone, probablement en raison d’un habitat légèrement différent en ce qui a trait à la taille des roches et à l’espace qui les sépare. Cette année, le DRN a également étiqueté certaines écrevisses envahissantes pour se faire une meilleure idée de leur taille et des déplacements de leur population. La mesure devrait faciliter les ajustements nécessaires pour rendre la stratégie de piégeage plus efficace.

Si ces efforts ont un effet positif sur les populations de truite et de corégone d’ici la fin de l’étude de trois ans en 2020, M. Clapp annonce que la prochaine étape consisterait à faire des essais à plus grande échelle et voir s’il est possible d’obtenir les mêmes résultats sans avoir à vider les pièges aussi souvent. Il ajoute que le partenariat envisage également des moyens de contrôler les gobies à taches noires dans les récifs.

« Il y en a beaucoup, et ils sont dans un habitat difficile à contrôler, mais nous pensons à des moyens d’y arriver aussi », affirme-t-il.

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Le récif de la baie Petite Traverse. Les objets en forme d’anneaux sont des filets à œufs enfouis sous les pierres. Photo : Michigan DNR

 

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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