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L’étude sur les crues du lac Champlain et de la rivière Richelieu souligne la puissance des milieux humides

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Chrissy Chiasson
IJC
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Le Groupe d’étude international du lac Champlain et de la rivière Richelieu a été créé en 2017 pour faire suite à la demande des gouvernements canadien et américain d’examiner les causes des crues du bassin du lac Champlain et de la rivière Richelieu ainsi que leurs impacts et les risques qu’elles produisent, puis de recommander des solutions.

Pendant que le Groupe d'étude prépare ses conclusions et ses recommandations pour les présenter à la Commission mixte internationale (CMI) en 2022, des experts poursuivent leur recherche sur la protection contre les crues et sur la gestion du réseau.

Pour trouver des solutions contre les inondations, le Groupe d’étude est chargé de centrer son examen sur quatre objectifs clés :

  1. Explorer des mesures potentielles structurales modérées d’atténuation des crues.
  2. Étudier des moyens d’entraver le débit des cours d’eau pendant les inondations.
  3. Élaborer des outils pour améliorer les interventions dans les cas d’inondation et la préparation aux situations d’urgence.
  4. Évaluer des façons d’améliorer la gestion des plaines inondables.

Le Groupe d’étude prévoit publier en début décembre son rapport intitulé Assessing flood control attributes of wetlands and riparian agricultural land in the Lake Champlain-Richelieu River watershed, qui porte sur le 2e thème de cette étude. 

Ce rapport présente le rôle que peuvent jouer les milieux humides pour ralentir le débit des ruisseaux et des rivières qui se déversent dans le lac Champlain pendant les inondations et évalue l’efficacité qu’aurait l’acheminement d’eaux de crue vers les milieux humides et vers des terres agricoles.

Les milieux humides sont des éléments naturels du paysage des bassins hydrographiques qui peuvent contribuer à ralentir les eaux de crue et à réduire l’intensité des inondations en aval. Le stockage des eaux de crue dans les milieux humides en amont du lac Champlain est considéré comme une méthode naturelle d’atténuation des inondations.

Les experts de l’étude ont élaboré des modèles pour comprendre le rôle que jouent actuellement les milieux humides sur les apports d’eau dans le lac Champlain et sur le débit de la rivière Richelieu. Ils ont ainsi évalué dans quelle mesure l’ajout de milieux humides au bassin hydrographique et l’inondation temporaire de terres agricoles contribuerait à réduire l’intensité des inondations.

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Plantes aquatiques le long des berges d’un milieu humide dans le bassin versant du lac Champlain et de la rivière Richelieu. Photo : Madeleine Papineau

Les experts ont ensuite utilisé ces modèles pour déterminer dans quelle mesure l’ajout de milieux humides dans le bassin hydrographique et le stockage temporaire d’eaux de crue dans les terres agricoles réduiraient les inondations.

Milieux humides actuels

Pour déterminer l’effet actuel des milieux humides, les experts ont quantifié la superficie des milieux humides se trouvant dans le bassin.

Ces milieux humides recouvrent environ 7 % du bassin et ont une superficie totale d’environ 1 684 kilomètres carrés (650 milles carrés), ce qui dépasse la superficie du lac Champlain, qui est d’environ 1 270 kilomètres carrés (490 milles carrés).

Outre leur stockage efficace de l’eau du bassin, les milieux humides sont favorables à l’environnement, car ils fournissent un habitat aux poissons, aux oiseaux et à la faune et ils filtrent les produits chimiques et les nutriments qui s’introduisent dans le réseau hydrographique.

Les experts ont adapté leurs modèles aux caractéristiques du bassin hydrographique pour évaluer avec quelle l’efficacité les milieux humides actuels atténuent l’impact des inondations.

En examinant ainsi 20 affluents du lac Champlain, ils ont découvert que les milieux humides actuels ont réduit les débits les plus élevés de 9 à 52 %. Leurs modèles ont également démontré que les milieux humides réduisent en moyenne le niveau maximum d’eau annuel du lac Champlain de 12 centimètres (4,7 pouces) et celui de la rivière Richelieu de 9 cm (3,5 pouces). Ils réduisent aussi en moyenne de 6 % l’écoulement annuel de la rivière Richelieu et de 22 % l’apport net annuel du bassin du lac Champlain.

Ces résultats illustrent les principaux services hydrologiques que fournissent actuellement les milieux humides. Ils démontrent également que, pendant la crue de 2011, sans ces milieux humides le niveau d’eau du lac Champlain aurait atteint une hauteur maximale de 15 cm (6 po) de plus et celui de la rivière de 12 cm (4,7 po) de plus à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Ajout de milieux humides

Les experts ont examiné plus à fond avec quelle efficacité l’ajout de milieux humides dans le bassin hydrographique et l’inondation temporaire de terres agricoles amélioreraient le stockage des eaux. Bien que la modélisation de ces scénarios indique que ces mesures réduiraient quelque peu les inondations, elles nécessiteraient une vaste superficie du bassin hydrographique. De plus, il est peu probable que l’on puisse les appliquer à l’échelle requise pour obtenir des avantages importants dans le lac Champlain et dans la rivière Richelieu.

Les auteurs du rapport en déduisent que compte tenu des politiques, des programmes et des règlements en vigueur au Canada et aux États-Unis, en favorisant la restauration et la construction de milieux humides par rapport à l’inondation de terres agricoles, on établirait un cadre socialement acceptable qui renforcerait au fil du temps la résilience du bassin hydrographique Champlain-Richelieu.

Comme la superficie nécessaire pour réduire de façon importante le débit de la rivière Richelieu et le niveau d’eau du lac Champlain semble prohibitive, ces mesures n’apportent peut-être pas une solution viable. Soulignons toutefois que la portée de l’étude et son mandat sous-jacent ne prévoient pas une analyse de rentabilité détaillée.

Soulignons néanmoins que les résultats de cette modélisation hydrologique apportent de précieux conseils aux décideurs. Une fois l’étude terminée en 2022, les parties intéressées pourront se servir de cet outil mis au point pour déterminer les aires potentielles de stockage de l’eau et pour évaluer de multiples scénarios sur chaque sous-bassin versant du bassin hydrographique.

Si vous désirez plus d’information sur la méthode suivie pour examiner avec quelle efficacité le stockage de l’eau dans les milieux humides atténuerait les inondations, vous pouvez visionner un webinaire technique présenté à ce sujet en novembre 2020.

Photo of Christina Chiasson
Chrissy Chiasson
IJC

Christina Chiasson is a policy analyst for the Canadian Section of the IJC in Ottawa, Ontario.

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