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L’étude du barrage propose des options d’amélioration de la passe à poissons sur la rivière Sainte-Croix, à hauteur de la frontière entre le Maine et le Nouveau-Brunswick

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Kevin Bunch

« La rivière Sainte-Croix offre un énorme potentiel pour certaines des plus importantes montaisons d’espèces de poissons différentes dans la région. »

Voilà ce qu’estime Sean Ledwin, directeur de la Sea Run Fisheries and Habitat Division du Department of Marine Resources (Maine) et membre du Conseil international de la rivière Sainte-Croix de la CMI. Cependant, pour rejoindre leurs zones de frai en amont, des espèces comme le gaspareau, l’alose d’été, l’alose savoureuse, l’anguille d’Amérique, la lamproie marine et le saumon de l’Atlantique doivent emprunter les passes vieillissantes de trois barrages situés dans le cours inférieur de la rivière.

Énergie NB, propriétaire du barrage Milltown — l’ouvrage qui, des trois, est le plus près de l’embouchure de la rivière —, est en voie de recevoir l’approbation du gouvernement pour être déclassé et pour que sa passe soit éliminée.

Les deux autres barrages, ceux de Woodland et de Grand Sault, appartiennent à la Woodland Pulp. Cette entreprise a collaboré à une étude à laquelle ont pris part de multiples organismes et gouvernements en vue d’explorer différentes solutions de remplacement des passes migratoires existantes et de permettre à plus de poissons de franchir les barrages.

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Les barrages de Milltown, de Woodland et de Grand-Sault sont tous situés dans le cours inférieur de la rivière Sainte-Croix. Crédit photo : CMI

« La rivière Sainte-Croix a le potentiel de permettre la plus importante remonte de gaspareaux au monde », affirme M. Ledwin. « Cependant, pour réaliser ce potentiel, il faut que les poissons puissent franchir les trois barrages en toute sécurité et dans des temps raisonnables. »

L’étude de la Woodland Pulp a consisté à analyser les infrastructures existantes des barrages de Woodland et de Grand-Sault ainsi que des environs, comme les voies ferrées et les bâtiments. Elle a aussi porté sur la topographie du cours de la rivière, le coût des solutions possibles et le comportement et les habitudes de nage de chacune des espèces de poissons ciblées. Ces données ont permis de dresser une liste des solutions à privilégier pour remplacer les actuelles passes à poissons. M. Ledwin précise que la Woodland Pulp a également fourni des renseignements détaillés sur ses propres procédures d’exploitation des barrages et structures.

L’étude donne une liste complète de solutions de rechange à l’intention du Conseil de la rivière Sainte-Croix de la CMI. Celles-ci vont d’échelles à poissons à fentes verticales à des élévateurs à poisson en passant par la modification du ruisseau Grand Falls au Nouveau-Brunswick (afin de favoriser les déplacements des poissons en amont et en aval), et par la reconfiguration du réseau en aval par la création de dérivations destinées à aider le poisson à contourner les prises d’eau des centrales électriques.

Un groupe de travail composé de représentants de la Woodland Pulp, de la CMI et de son Conseil de la rivière Sainte-Croix, de Pêches et Océans Canada, de la National Oceanic and Atmospheric Administration des États-Unis, du US Geological Survey, du US Fish and Wildlife Service, du Maine Department of Marine Resources, de la nation Peskotomuhkati (Nouveau-Brunswick) et de la tribu Passamaquoddy (Maine) s’est penché sur l’information recueillie et a examiné les options les plus viables. Le rapport final de l’étude décrit la démarche de réflexion suivie et le processus de sélection des meilleures solutions pour chaque endroit. M. Ledwin précise que l’étude a pris environ un an et demi.

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L’échelle à poissons de la Grand Falls Power House est vieille et mal adaptée à la plupart des espèces ciblées. Crédit photo : CMI

D’après lui, l’amélioration des passes à poissons sur la rivière Sainte-Croix pourrait présenter d’énormes avantages. Du point de vue écologique, le gaspareau est consommé par de nombreuses autres espèces de poissons et d’oiseaux, notamment par des espèces marines très prisées par ceux qui fréquentent ces secteurs côtiers. L’augmentation du stock de poissons pourrait aussi avoir des retombées commerciales positives. Le gaspareau, par exemple, sert tout autant à la consommation humaine qu’à la pêche au homard, sous la forme d’appât.

« Le gaspareau représente un énorme potentiel pour la vie marine côtière, notamment pour les baleines, les oiseaux, les macareux moines et bien d’autres espèces », ajoute M. Ledwin. « L’amélioration des passes à poissons serait un véritable coup de pouce écologique. »

Le saumon de l’Atlantique n’est pas revenu dans la rivière Sainte-Croix depuis des décennies, mais il a été inclus dans l’étude sur les futurs travaux de restauration. On a constaté la présence de populations d’aloses savoureuses et d’anguilles d’Amérique, mais celles-ci demeurent relativement faibles parce que les actuelles passes à poissons n’ont pas été conçues pour ces espèces.

On recense annuellement dans la rivière des populations relativement faibles de lamproies marines et d’aloses d’été, et ces espèces cibles ont été prises en compte dans l’étude. L’esturgeon noir et l’esturgeon à museau court (Acipenser brevirostrum) ont aussi été inclus à la demande des membres du groupe de travail autochtone, car ces poissons ont déjà frayé dans la rivière par le passé.

Cette étude constitue une première étape importante, mais selon M. Ledwin, il reste encore beaucoup de travail à faire avant que puisse commencer la construction des nouvelles passes à poissons aux barrages de Woodland et de Grand-Sault. D’autres informations sur les voies empruntées par les poissons et des recherches plus poussées sur le lit de la rivière à proximité des barrages permettraient d’en savoir davantage sur le schéma de circulation de l’eau et aussi de mieux choisir le genre de passes à mettre en œuvre.

M. Ledwin indique qu’une fois que la Woodland Pulp et ses partenaires seront satisfaits des passes proposées, les travaux de conception et de construction exigeront probablement un financement extérieur sous la forme de subventions par des initiatives comme le Bay of Fundy Aquatic Connectivity Project (projet américain de connectivité aquatique de la baie de Fundy) ou des crédits généraux du gouvernement fédéral.

L’étude a été financée par l’Initiative internationale sur les bassins hydrographiques de la CMI, en partenariat avec le gouvernement de l’État, les gouvernements fédéral et provincial, les gouvernements autochtones et la Woodland Pulp.

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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