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Les tempêtes s’intensifient dans le Midwest : Plus question de badiner avec la météo

storm wisconsin

Dans le Midwest, on adore parler de la pluie et du beau temps, et tant mieux si c’est avec une pointe d’humour. Au travail ou à l’épicerie, le papotage commence presque invariablement par des propos dans le style : « Combien de neige avez-vous eu à pelleter chez vous? », « Avez-vous entendu le vent hurler hier soir? » ou le grand classique « Fait-il assez fret à votre goût? ». 

Or, cette envie de plaisanter a pris un coup ces dernières années et le ton est devenu plus sérieux par la force des choses. 

En effet, les habitants de la rive sud du lac Supérieur, qui s’étend de Duluth, au Minnesota, vers l’est, jusqu’à la péninsule supérieure du Michigan, ont vu trois macro-tempêtes s’affaler sur la région au cours des sept dernières années. Compte tenu de la fréquence et de l’intensité de ces phénomènes, les experts pensent qu’ils sont provoqués par les changements climatiques.

En 2012, les rues de la ville de Duluth ont été détruites, et des animaux se sont noyés dans le zoo local, qui était aux deux tiers sous l’eau. Deux phoques et un ours polaire en ont profité pour s'échapper.

En 2016, l’autoroute 2 à l’est d’Ashland, au Wisconsin, et les routes environnantes sont restées immobilisées pendant des jours, ce qui a isolé les résidents de la réserve de Bad River, les privant de toute possibilité de se procurer des aliments, de l’eau et des fournitures médicales.

En 2018, de nombreuses routes et rues de Houghton, au Michigan, se sont effondrées sous la force des inondations.

Ces trois tempêtes ont causé de nombreux décès et des dommages de plus de 150 millions de dollars dans la région, sans parler des effets durables sur la salubrité des eaux du lac Supérieur.

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Trois macro-tempêtes entre 2012 et 2018 le long de la rive sud du lac Supérieur ont créé des panaches sédimentaires si massifs qu’ils étaient visibles de l’espace. Photo : NASA

Des chercheurs du Mary Griggs Burke Center for Freshwater Innovation du Northland College d’Ashland, au Wisconsin, suivent l’évolution de ces tempêtes depuis des années.

Ils s’efforcent de comprendre les répercussions à court et à long terme que ces précipitations plus fréquentes et plus intenses attribuables aux changements climatiques peuvent avoir sur la qualité de l’eau de la rive sud. Leurs recherches portent notamment sur la prolifération des panaches sédimentaires qui se déversent dans le lac, les effets sur les riverains et, ce qui est d’autant plus surprenant, la menace croissante des algues bleues, c’est-à-dire des cyanobactéries qui ont plutôt tendance à envahir des lacs moins profonds et plus chauds, comme le lac Érié.

Le Centre Burke s’occupe par ailleurs d’organiser des réunions d’experts pour discuter des défis de la protection des ressources en eau, maintenant et à l’avenir. Ainsi, il a coordonné une rencontre en septembre 2019 dans le cadre des consultations publiques de la Commission mixte internationale dans la région des Grands Lacs. Des experts locaux en ont profité pour fait part de leurs préoccupations à la Commission au sujet de l’état de la rive sud du lac Supérieur, tout en évoquant des lacunes dans l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs de 2012 entre le Canada et les États-Unis.

Le Centre compte publier un Livre blanc décrivant les principaux enjeux dont il a été question lors de la réunion de septembre en plus des tempêtes causées par les changements climatiques, des panaches sédimentaires et de la prolifération d’algues bleues sans précédent, à savoir :

  • Débordement des égouts et eaux pluviales contaminées
  • Préoccupations au sujet du ruissellement agricole
  • Érosion du gazoduc de la canalisation 5 d’Enbridge qui traverse la réserve de Bad River
  • Activités minières proposées en amont des affluents du lac Supérieur
  • Une planification à long terme inadéquate et l’approche fragmentée suivie pour la gestion de la qualité de l’eau.

Le Livre blanc conclut en énonçant les principales considérations pour l’avenir de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs :

« Par exemple, plusieurs experts ont suggéré que la CMI examine l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs pour voir s’il y aurait lieu de le remanier — peut-être en profondeur — afin de régler des questions nouvelles et émergentes qui n’étaient pas préoccupantes au moment de sa rédaction, il y a près de 50 ans. »

« Au lieu d’ajouter des annexes à l’accord original chaque fois qu’il s’agit d’aborder de nouvelles questions, comme les changements climatiques, certaines personnes présentes dans la salle ont avancé qu’il serait peut-être temps de rédiger une toute nouvelle version au complet afin d’adopter une vision plus globale des problèmes et des besoins du bassin. »

Certaines choses ne changeront jamais, comme la passion des habitants du Midwest pour parler de la météo. Mais les recherches du Centre Burke, qui réunit des experts pour discuter des défis liés à l’eau et diffuser l’information, peuvent se traduire par des progrès palpables à présent que nous entrons dans une nouvelle ère de macro-tempêtes et de préoccupations relatives à la qualité de l’eau. Il y va de la protection et de l’amélioration de la qualité de l’eau sur la rive sud du lac Supérieur et de tous les Grands Lacs au Canada et aux États-Unis.

Pour avoir accès au Livre blanc et à d’autres renseignements, dont des enregistrements vidéo et audio de la visite de la CMI au Collège Northland, veuillez consulter le site Northland.edu/watersummit.

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