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Les neuf polluants dans la mire Comment on a réduit les rejets de substances toxiques dans le lac Supérieur, et ce que cela pourrait vouloir dire pour les autres Grands Lacs

Un programme pilote novateur a réussi à réduire les rejets de substances chimiques toxiques – notamment à faire tomber les rejets de mercure et de dioxines – provenant de sources avoisinant le lac Supérieur [en anglais seulement]. Les résultats fournissent un modèle pour les programmes de réduction dans les autres Grands Lacs.

La réussite découle du défi lancé en 1990 par la Commission mixte internationale (CMI) aux gouvernements des États‑Unis et du Canada d’éliminer à toutes fins utiles les rejets de certaines substances toxiques persistantes dans le lac Supérieur. Les gouvernements ont relevé le défi en 1991 par la création du Programme binational du lac Supérieur [en anglais seulement], auquel participent les autorités fédérales et celles de la province et des États qui entourent le bassin du lac Supérieur.

La vaste démarche écosystémique du Programme binational comporte une initiative ciblée, le Programme de démonstration du rejet zéro dans le lac Supérieur [en anglais seulement], qui vise à éliminer complètement neuf polluants du bassin.

Les neuf polluants comprennent quatre pesticides et des contaminants bien connus comme le mercure, le DDT et les BPC (biphényles polychlorés). Avec pour objectif d’annuler les rejets de ces polluants d’ici 2020, un plan sur vingt ans a été élaboré.

Les quantités de chacun des neuf polluants ont diminué depuis le lancement du programme. À l’échelle du bassin, les rejets de mercure ont chuté de 80 % et les rejets de dioxines, de 85 %. Les quantités de DDT et d’autres pesticides interdits autour du lac Supérieur ont beaucoup diminué aussi depuis 2001. L’adoption de règlements et de politiques a également contribué à réduire les concentrations des polluants visés.

Mais il reste encore beaucoup à faire.

L’un des principaux enjeux de la réduction des apports de mercure vient de l’extraction minière de la taconite dans le district ferrifère du Minnesota, même si l’industrie s’est engagée à supprimer de 75 % ses rejets de mercure d’ici 2025. Le Forum binational du lac Supérieur [en anglais seulement] a tenu des réunions publiques en 2013, qui ont mené à des recommandations d’exploitation minière responsable s’harmonisant avec les buts du Programme de démonstration du rejet zéro dans le lac Supérieur. Les centrales électriques à charbon participent aussi à la contamination par le mercure, et les plus importantes d’entre elles ont réduit considérablement leurs émissions dans la région des Grands Lacs. La Province de l’Ontario a éliminé entièrement les centrales électriques à charbon [en anglais seulement].

 The Lake Superior shoreline. Credit: Carri Lohse-Hanson.
La rive du lac Supérieur. Photo : Carri Lohse‑Hanson.

« À l’instar du fabricant qui souhaite éviter les défauts de fabrication ou de l’employeur qui veut qu’aucun employé ne se blesse, nous avons un objectif de rejet nul », explique Carri Lohse‑Hanson, coordonnatrice du Forum binational du lac Supérieur. « Il est inévitable que des défauts de fabrication, des blessures et des rejets se produisent, mais il importe de s’approcher le plus possible de l’objectif zéro défaut, zéro blessure et zéro rejet ». Mme Hanson, du Minnesota Pollution Control Agency, travaille au Programme de démonstration du rejet zéro depuis 1992.

L’atteinte des cibles d’ici 2020 n’est pas sans embûches. Après avoir diminué durant dix ans, les concentrations de mercure semblent augmenter dans les truites du lac Supérieur, et l’intensification de l’activité minière et d’autres activités de développement rendent difficile l’obtention d’autres réductions dans l’avenir. De plus, de nouveaux contaminants menaçant la qualité de l’eau apparaissent sur le radar des scientifiques. Il s’agit notamment de substances toxiques contenues dans des produits hygiéniques personnels, des produits pharmaceutiques et des ignifuges.

Si l’on veut continuer à réduire les apports de mercure au lac Supérieur, il faudra aussi que des mesures soient prises pour en juguler les sources ailleurs dans le monde, comme les centrales électriques à charbon en Asie, dont les émissions sont transportées sur de grandes distances jusqu’aux Grands Lacs.

Les premières réussites engrangées par le Programme de démonstration du rejet zéro étaient les plus faciles – on a cueilli les fruits à portée de la main, c’est-à-dire nettoyer et confiner les zones où se concentraient les polluants et mobiliser les citoyens et les décideurs en faveur des programmes de réduction ou d’élimination de l’utilisation de produits dangereux.

La réduction des BPC [en anglais seulement] en est un exemple. Ces composés toxiques ont déjà été communément utilisés comme réfrigérants ou comme isolants dans les transformateurs et autres appareils. Les BPC étant interdits aux États‑Unis depuis 1979, une grande partie des appareils contenant des BPC atteignent de façon naturelle la fin de leur cycle de vie et sont remplacés par du matériel sans BPC.

Les premières victoires ayant été, pour ainsi dire, remportées, les prochains enjeux seront plus difficiles à conquérir, et il faudra peut‑être user davantage de créativité.

An example of legacy pollutants.  Credit: Gina Temple Rhodes, Western Lake Superior Sanitary District.

Le Programme de démonstration du rejet zéro montre que les intervenants peuvent travailler ensemble à l’amélioration de l’état de santé du bassin du lac Supérieur. Le concours apporté par le public a aidé énormément les instances gouvernementales participant à l’initiative et il est essentiel à la réussite du programme. Chacun peut individuellement économiser l’énergie et utiliser du matériel efficace, se débarrasser correctement des pesticides aux collectes de déchets domestiques dangereux et prendre d’autres mesures [en anglais seulement] qui favorisent la santé du bassin.

Le programme visant le lac Supérieur doit servir de modèle pour les autres Grands Lacs, qui ont subi de manière plus marquée les répercussions des activités humaines. S’appuyant sur la réussite du Programme de démonstration du rejet zéro, certaines initiatives menées dans d’autres Grands Lacs comme le lac Érié – pour résoudre les problèmes liés à la pollution par les nutriments – peuvent s’inspirer des efforts déployés en amont. Même si l’on n’atteint pas complètement la cible, on peut considérer le Programme de démonstration du rejet zéro comme une réussite, et en appliquer les leçons à d’autres Grands Lacs.

 

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