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Les États Unis et le Canada ont mis du temps à prendre des mesures contre la pollution chimique

Michael Mezzacapo
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La qualité de l’eau est généralement bonne dans les Grands Lacs, mais le Canada et les États‑Unis tardent encore à atteindre les objectifs de désignation des produits chimiques sources de préoccupations mutuelles et à élaborer des stratégies de lutte contre la pollution.

Tous les Grands Lacs ont été altérés par les activités humaines et industrielles. Depuis de nombreuses années, la CMI invite les gouvernements à redoubler d’efforts afin de désigner les produits chimiques qui pénètrent dans les lacs et à mettre fin à ce type de pollution.

La pollution chimique se présente sous diverses formes, de minuscules particules invisibles dans l’air et l’eau qui ne sont pas détectables par l’humain à des substances toxiques comme du mercure provenant de centrales de production d’énergie dans la région et à l’extérieur de celle‑ci. Ces produits chimiques néfastes peuvent constituer des risques pour la santé humaine et nuire à la qualité de l’eau potable.

De nombreux produits chimiques s’accumulent au fil du temps dans le réseau trophique. Des substances telles que le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) ou des biphényles polychlorés (BPC) peuvent demeurer dans l’écosystème des Grands Lacs durant de longues périodes, même si elles ont été bannies au Canada et aux États‑Unis depuis plusieurs décennies. La bonne nouvelle : les concentrations de substances interdites diminuent lentement dans ces écosystèmes.

Graphiques illustrant les tendances des concentrations de BPC dans les poissons et l’atmosphère
Graphiques illustrant les tendances des concentrations de BPC dans les poissons et l’atmosphère. Crédit : State of the Great Lakes 2017 Highlights Report

Conformément à l’Accord de 1978 relatif à la qualité de l’eau des Grands lacs (AQEGL), le Canada et les États‑Unis doivent interdire le rejet de substances toxiques en quantités reconnues toxiques et tâcher d’éliminer les rejets de toutes les substances toxiques rémanentes. Ces objectifs n’ont toutefois pas encore été atteints. La liste des substances dangereuses et potentiellement dangereuses établie lors de l’entrée en vigueur de l’Accord comprenait des centaines de substances et de produits chimiques.

Au fil du temps, les deux gouvernements ont imposé des interdictions ou mis en œuvre des règlements afin de réduire et d’éliminer la production et l’utilisation de substances toxiques telles que les BPC, mais de nouvelles substances qui pourraient constituer des risques sur la santé des humains, des poissons et des espèces sauvages sont continuellement créées.

Aux États‑Unis, environ 2 000 produits chimiques sont créés chaque année. La précédente règlementation sur les produits chimiques comprenait des lacunes qui limitaient le nombre de produits chimiques mis à l’essai pour en examiner la sécurité. En 2016, le Congrès a adopté le Frank R. Lautenberg Chemical Safety for the 21st Century Act (LCSA), qui met à jour les normes et méthodes des États‑Unis visant à protéger la santé du public et de l’environnement. Malgré cette nouvelle loi, l’EPA pourrait nécessiter des décennies afin d’examiner l’arriéré de produits chimiques non réglementés. Le Canada règlemente les produits chimiques par le biais du Plan de gestion des produits chimiques (PGPC), adopté en 2006.

Le Canada a évalué près de 23 000 produits chimiques qui ont été utilisés commercialement pendant les deux dernières décennies. Ce processus a permis de déterminer approximativement 4 300 substances chimiques qui nécessiteront des essais ou des évaluations additionnels. Le PGPC vise à évaluer la sécurité de ces 4 300 substances d’ici 2020.

L’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs de 2012 continue de faire appel aux pays pour qu’ils éliminent tous les produits chimiques sources de préoccupations mutuelles (PCSPM). Ces produits, de source humaine, constituent une menace pour la santé humaine et l’environnement. L’approche est différente des autres versions de l’AQEGL, où on énumérait une longue liste de substances dangereuses.

L’Accord de 2012 demande au Canada et aux États-Unis de sélectionner conjointement les produits chimiques qui posent une menace à la santé humaine et à l’environnement, comme les PCSPM, et d’élaborer des stratégies binationales à ce sujet.

En date de 2018, seulement huit produits chimiques ou catégories de produits chimiques ont été désignés comme des PCSPM. Le public a exprimé ses préoccupations, que la CMI partage, concernant la lenteur du processus de désignation des PCSPM. Dans le cadre de la première évaluation triennale des progrès (ETP), la CMI recommande aux gouvernements d’accélérer les travaux portant sur les stratégies binationales d’élimination ou de réduction continue des PCSPM, d’établir des échéanciers précis et de se rencontrer afin d’élaborer et de mettre en œuvre les stratégies.

La CMI recommande également aux gouvernements de mettre en œuvre les principes de l’AQEGL visant l’absence de rejet, l’élimination complète, la reddition de compte et la participation du public ainsi que la responsabilité élargie des producteurs. De plus, la CMI est d’avis que les stratégies de réduction des polluants dans les Grands Lacs doivent comprendre des échéanciers précis pour la mise en œuvre des mesures. La CMI a conclu dans son ETP qu’il est nécessaire d’élargir et d’accélérer le processus de désignation des PCSPM et d’élaborer des stratégies binationales claires visant à réduire ou à éliminer les substances toxiques pour que les deux pays respectent leurs obligations conformément à l’AQEGL. 

Michael Mezzacapo

Michael Mezzacapo is the 2017-2018 Michigan Sea Grant Fellow at the IJC’s Great Lakes Regional Office in Windsor, Ontario.

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