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Les commissaires « de l’Ouest » récemment nommés aspirent à un consensus dans les dossiers transfrontaliers

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Kevin Bunch
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Les commissaires Merrell-Ann Phare et Lance Yohe ont tous deux été nommés à peu près en même temps à la CMI par les gouvernements du Canada et des États-Unis, respectivement, mais ils ont une autre chose en commun, et c’est la rivière Rouge.

M. Yohe a passé la majeure partie de sa carrière à vivre et à travailler dans la vallée de la rivière Rouge au Dakota du Nord, tandis que Mme Phare a vécu à Winnipeg, au Manitoba, pendant une bonne partie de sa vie. Et comme ils ont tous deux des années d’expérience de la gestion de l’eau et du partage des droits entre plusieurs administrations, les deux ont décidé de se joindre à la CMI afin de poursuivre la recherche d’un consensus et d’une entente dans l’ensemble de la région transfrontalière.

La commissaire Phare : À la recherche d’un terrain d’entente avec les administrations autochtones

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Phare

Mme Phare a vécu une grande partie de sa vie dans l’Ouest canadien, où elle a pratiqué le droit de l’environnement, en particulier en ce qui a trait aux droits et aux préoccupations des Autochtones, y compris l’eau. Bien qu’elle ne soit pas autochtone, Mme Phare se considère comme une collaboratrice chargée de bâtir des ponts entre les administrations et les populations autochtones et non autochtones.

Mme Phare a été directrice générale fondatrice du Centre for Indigenous Environmental Resources, une initiative de collaboration qui a débuté avec 10 chefs de Premières Nations de partout au Canada. Elle y a travaillé dans les dossiers concernant les droits fonciers issus de traités, l’environnement et l’eau, et il fallait trouver un terrain d’entente au-delà des frontières et des cultures pour créer un contexte propice au développement durable. Afin de profiter de son expertise, le gouvernement des Territoires du Nord‑Ouest l’a nommée en 2009 négociatrice en chef chargée de conclure une entente sur l’eau avec le Yukon, la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le gouvernement fédéral et les Premières Nations en ce qui concerne le bassin du fleuve Mackenzie, le plus long réseau fluvial au Canada et le deuxième bassin hydrographique en importance en Amérique du Nord, après le Mississippi. Selon elle, cet effort lui en a beaucoup appris sur la façon dont les divers ordres de gouvernement, y compris les administrations autochtones, pouvaient travailler en collaboration afin de trouver une solution concertée en matière de gestion de l’eau.

« C’est là que j’ai vraiment appris beaucoup de choses sur les questions relatives aux eaux transfrontalières, et compris à quel point c’était un dossier complexe et fascinant », a dit Mme Phare. Plus récemment, elle a travaillé à une initiative de leadership dans le cadre d’une collaboration entre 10 Premières Nations et 16 municipalités du sud du Manitoba, qui représentent 70 % de la population de la province, en vue d’assurer la restauration du lac Winnipeg, qui a souffert de problèmes de qualité de l’eau causés par un excès de nutriments.

La longue histoire de la CMI – créée dans la foulée du Traité des eaux limitrophes de 1909 – en a fait un endroit attrayant pour Mme Phare. Elle a souligné que l’organisation est fondée et repose sur la confiance, la bonne volonté et la collaboration entre le Canada et les États-Unis, tout comme les dossiers de gestion de l’eau auxquels elle a participé au Canada.

Le commissaire Yohe : Réduire le plus possible les conflits liés à l’eau 

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Yohe

M. Yohe connaissait bien les problèmes d’inondation de la rivière Rouge avant d’assumer le rôle de ministre luthérien dans une paroisse de la vallée de la rivière Rouge, après avoir fait des études au Collège Concordia à Moorhead, non loin de ses berges. Lorsqu’il a appris à quel point les inondations avaient bouleversé la vie de sa congrégation des deux côtés de la rivière, il a décidé de s’associer à une organisation formée par les maires des municipalités locales et d’autres dirigeants après les inondations de 1979.

Il a passé une bonne partie des années 1980 à travailler avec ce groupe communautaire qui cherchait des solutions aux problèmes d’inondation et de sécheresse, et il y est retourné en 2001 à titre de directeur général lorsque le groupe a fusionné avec une autre organisation qui s’occupait de l’octroi de permis au niveau des États et des provinces, ce qui a mené à la mise sur pied de la Red River Basin Commission (Commission du bassin de la rivière Rouge), une commission indépendante.

Le Minnesota, le Dakota du Nord et le Manitoba ont tous des lois et des pratiques différentes dans le dossier des eaux qu’ils partagent.

Par exemple, M. Yohe a fait remarquer qu’en cas de sécheresse, le Minnesota réduit la consommation d’eau de tout le monde également, tandis que le Dakota du Nord réduit d’abord la consommation d’eau de la personne ayant obtenu le permis le plus récent, et ainsi de suite jusqu’à ce que la rivière soit asséchée. Le Manitoba applique quant à lui le principe du « premier arrivé, premier servi » en le modifiant quelque peu en situation d’urgence. De plus, les deux États appliquent les procédures d’urgence des États-Unis en cas d’inondation, tandis que le Manitoba doit s’occuper de l’eau qui provient de l’amont de la rivière en vertu de ses propres directives canadiennes. Enfin, M. Yohe souligne qu’avec 23 organismes fédéraux et de nombreux organismes des États et des provinces, les municipalités et les comtés ayant compétence sur la rivière Rouge, il a été difficile de réunir tout le monde pour traiter de ces questions.

« Tout cela m’a permis de me familiariser avec les dossiers relatifs à l’eau à la CMI et au Conseil international de la rivière Rouge, puisque nous travaillions sans cesse de part et d’autre de la frontière », a dit M. Yohe.

En apprenant à connaître les anciens commissaires et ce que fait la CMI, M. Yohe s’est dit intéressé à conclure sa carrière en réduisant le plus possible les conflits qui ont tendance à surgir au sujet de l’eau dans toute la région transfrontalière. Grâce à son expérience à la Commission du bassin de la rivière Rouge, M. Yohe a acquis de l’expérience en ce qui a trait aux inondations, à la sécheresse et à l’excès de nutriments, et il se réjouit de pouvoir tirer parti de cette expérience et d’en apprendre davantage sur les nouveaux enjeux.

Se tourner vers l’avenir dans de nouveaux rôles

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Les commissaires Yohe, à gauche, et Phare, à droite, avec d’autres nouveaux commissaires canadiens et américains. Photo : CMI

La CMI couvre les cours d’eau du Pacifique jusqu’à l’océan Atlantique, et les six commissaires sont toujours en train de se familiariser avec les subtilités et les enjeux locaux de chacun des bassins dans lesquels la CMI a un rôle à jouer. Les commissaires ont souvent des sujets précis à examiner, mais ceux‑ci ne représentent pas les points de vue ou les priorités de la Commission tant que l’ensemble du groupe n’y donne pas son aval. La CMI présentera d’autres commissaires des deux pays dans les prochains numéros du bulletin.

Les inondations et les sécheresses, surtout dans un contexte de changements climatiques, préoccupent M. Yohe. Il est également intéressé à en apprendre davantage sur les problèmes de qualité des eaux transfrontalières dans le contexte des dossiers en cours de la CMI.

Mme Phare a dit que le temps qu’elle a passé à négocier l’accord sur les eaux du fleuve Mackenzie et son expérience de collaboration avec des intérêts autochtones l’ont amenée à se soucier de la situation de plusieurs cours d’eau de l’Ouest, comme les rivières Rouge, Sainte-Marie et Milk et le réseau du fleuve Columbia, y compris les régions transfrontalières situées le long des rivières Osoyoos et Kootenay.

Elle s’intéresse particulièrement à la façon dont la CMI peut appuyer les ententes sur les bassins hydrographiques de l’Ouest, réduire les nutriments dans les cours d’eau et les grands plans d’eau, veiller à ce qu’il y ait suffisamment d’eau pour les écosystèmes et le débit environnemental, et appuyer la mise en œuvre des droits et de la gouvernance autochtones en ce qui a trait à l’eau. M. Yohe et elle ont tous deux l’intention de veiller à ce que les gouvernements et les peuples autochtones puissent collaborer avec la CMI dans les dossiers qui leur tiennent à cœur.

Bien que la CMI ne puisse pas forcer les gouvernements à suivre ses recommandations, M. Yohe a rappelé que la Commission du bassin de la rivière Rouge a réussi à convaincre de multiples intervenants que les conclusions d’un rapport sur la stratégie de réduction des inondations valaient la peine d’être prises en compte. Mme Phare et lui disent qu’au bout du compte, il est difficile de réunir les gens, d’écouter leurs préoccupations et d’essayer de trouver une façon de procéder qui convient à tout le monde, mais que c’est exactement pour cela que la CMI a été mise sur pied.

 « Je veux que nous fassions de notre mieux pour régler les problèmes dans les deux pays », a dit M. Yohe. « C’est au cœur de ce que fait la CMI et c’est aussi ce que je veux faire. »

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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