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Le savoir autochtone, fer de lance de l’adaptation aux changements climatiques dans les Grands Lacs

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Chrissy Chiasson
IJC
Great Lakes coastal marsh

À mesure que les changements climatiques intensifient les difficultés connues et en ajoutent d’autres dans le bassin des Grands Lacs, il y a tout lieu d’apprendre de gens dont l’histoire est étroitement liée aux terres et aux eaux de la région.  

L’adaptation au climat n’a rien de nouveau pour les nations et les tribus autochtones qui vivent autour des Grands Lacs depuis des millénaires. Au fil du temps, elles ont su se familiariser avec leur milieu et acquérir des connaissances qui leur ont permis de s’adapter au territoire. Nombreux sont les peuples et tribus qui continuent à enrichir leur savoir sur la région et à s’en servir pour composer avec un environnement changeant et les caprices d’un climat transformateur.

La Commission indienne pour le poisson et la faune des Grands Lacs (GLIFWC) est un exemple d’organisation tribale qui prend les devants et s’inspire du savoir autochtone pour s’équiper en vue de mieux relever les défis que les changements climatiques posent à l’environnement de la région des Grands Lacs.

cover art tribal adaptation menu
Page de couverture du menu tribal d’adaptation au climat de la GLIFWC. Photo : Commission indienne pour le poisson et la faune des Grands Lacs.

La GLIFWC est un collectif de 11 tribus ojibwées du Michigan, du Minnesota et de Wisconsin qui se distingue par son travail de conservation et de mise en valeur des ressources naturelles des Grands Lacs d’amont.

Pour préserver les précieuses ressources de la région face aux changements climatiques, la GLIFWC vient de concevoir un outil destiné à encourager les décideurs à intégrer le point de vue des Anishinaabes dans un cadre de gestion adaptative. Les Anishinaabes sont un groupe culturel qui comprend les peuples Ojibwé, Odawa et Algonquin de la région des Grands Lacs.

Le menu tribal d'adaptation aux changements climatiques est un outil conçu pour que les décideurs puissent intégrer le savoir autochtone dans la planification des mesures d’adaptation au climat. Il propose tout un choix de stratégies et d’approches pratiques pour que les gestionnaires des ressources puissent atteindre leurs objectifs dans ce contexte.

En plus d’offrir une orientation technique utile, le menu apprend au lecteur comment faire preuve de respect à l’égard du savoir autochtone et des gardiens de ce savoir. Il aborde tout un éventail de sujets, dont la réduction de l'impact des facteurs de stress d'origine humaine, le maintien et l'amélioration de la diversité génétique, la conception et la modification des infrastructures pour se préparer aux conditions futures projetées, et le soutien à la participation des tribus à la gestion des ressources naturelles et à la gérance de l'environnement.

De l’autre côté de la frontière, plusieurs Premières Nations du bassin des Grands Lacs se sont associées au Service canadien de la faune (SCF) pour entreprendre des projets d'intendance environnementale à l’échelle nationale dans le cadre du programme pilote des gardiens autochtones. Le programme, qui a débuté en 2017 pour une durée initiale de cinq ans, s'étend d’un bout à l’autre du Canada et compte sur la participation d’Inuits, de Métis et de Premières Nations qui dirigent plus de 70 projets de gestion des ressources naturelles. Le programme des gardiens permet aux peuples autochtones d'utiliser leur connaissance approfondie de leurs terres et de leurs eaux ancestrales pour se protéger contre les perturbations environnementales.

À l’instar de toutes les collectivités des Grands Lacs, les Premières Nations doivent relever de nouveaux défis environnementaux imposés par les changements climatiques. Les gardiens écologiques traditionnels anishinaabes de la baie Georgienne, dirigés par la Première nation de Magnetawan et le Réseau régional de gardiens de Four Rivers, organisé par la Première nation de Matawa, ne sont que quelques exemples du travail effectué dans le cadre du programme des gardiens dans la région des Grands Lacs.

Le programme géré par les gardiens écologiques traditionnels anishinaabes comprend la surveillance permanente des espèces en péril dans la rivière Magnetawan, qui alimente la baie Georgienne, et l’étude des répercussions des changements climatiques sur les habitats de la baie situés sur le territoire anishinaabe.

Le Réseau régional de gardiens de Four Rivers est un groupe en pleine création fondé par les Premières Nations membres de Matawa, dont le territoire comprend une vaste région le long de la rive nord du lac Supérieur, et les rivières qui se jettent dans le lac. Le réseau renforce la capacité des nations Matawa à gérer leurs terres ancestrales et leurs territoires traditionnels, ce qui comprend les terres et les eaux du lac Supérieur, par l’entremise d’un groupe de surveillants environnementaux communautaires. Les deux programmes sont financés jusqu’en 2022.

Il existe de nombreux exemples d’importants projets entrepris par les peuples autochtones dans les Grands Lacs qui sont à l’avant-garde en ce qui a trait aux mesures d’intervention et d’adaptation aux changements climatiques dans la région. L’expérience et le savoir-faire de générations d’Autochtones en matière d’intendance et de gestion de l’environnement des Grands Lacs devraient continuer d’être transmis, appréciés et mis en valeur, car tous les résidents du bassin pourraient profiter de ces enseignements. 

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Chrissy Chiasson
IJC

Christina Chiasson is a policy analyst for the Canadian Section of the IJC in Ottawa, Ontario.

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