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Le nouveau guide sur les sels de voirie vise à protéger des vies et des écosystèmes

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Kevin Bunch
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Le sel de voirie peut assurer la sécurité des routes en hiver, mais ce même sel se retrouve dans les réserves d’eau douce, ce qui a une incidence sur l’eau potable des collectivités et les habitats aquatiques des plantes et des animaux indigènes. Les nouvelles directives (en anglais seulement) de l’Ontario Good Roads Association et de Conservation Ontario visent à aider les municipalités et les entrepreneurs en épandage de sels de voirie à trouver un meilleur équilibre pour sauver des vies, des biens et l’environnement.

Une étude publiée (en anglais seulement) plus tôt cette année a révélé que les lacs d’Amérique du Nord qui sont entourés par plus de 1 % de couverture terrestre imperméable (comme le béton ou un autre matériau que l’eau ne peut pas pénétrer) deviennent de plus en plus salés. Cela est dû au ruissellement et au fait que ces lacs ont tendance à être de plus en plus entourés de milieux urbains, a déclaré Hilary Dugan, limnologue et professeure adjointe au Centre de limnologie de l’Université du Wisconsin. Compte tenu des tendances actuelles, l’étude révèle que de nombreux lacs en Amérique du Nord dépasseront dans les 50 prochaines années le seuil de salinité aux fins de la vie aquatique de l’Environmental Protection Agency des États-Unis.

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Un camion épand du sel sur la route pendant une tempête hivernale à Chicago. Photo : Scott L

L’étude a porté sur environ 240 lacs du nord-est et du Midwest des États‑Unis, ainsi que des provinces canadiennes correspondantes. Mme Dugan a déclaré qu’en utilisant des ensembles de données à long terme - qui remontent à au moins 10 ans, et jusqu’à 70 ans pour certains lacs – les chercheurs ont constaté une tendance constante à la contamination de l’eau par une quantité de plus en plus grande de chlorure de sodium, ce qui indique que le sel de voirie pénètre dans l’eau.

L’élimination de concentrations élevées de chlorure et de sodium dans l’eau est une entreprise coûteuse et avancée sur le plan technologique, semblable à celles que l’on utilise dans les usines de dessalement pour transformer l’eau de mer en eau potable, a déclaré Chitra Gowda, responsable de la protection de l’eau de source à Conservation Ontario. Prévenir l’entrée de grandes quantités de sel dans le réseau d’approvisionnement en eau est une stratégie plus viable sur le plan économique pour protéger les sources d’eau potable, a dit Mme Gowda. De concert avec des gestionnaires municipaux de la voirie, des membres du personnel d’offices de protection de la nature et des experts fédéraux et provinciaux, l’Ontario Good Roads Association et Conservation Ontario ont publié le guide de recommandations l’été dernier.

« Il s’agit d’une démarche multipartite visant à résoudre le problème de l’entretien des routes et de la sécurité routière, et à remédier au niveau élevé de sel de voirie dans notre eau », a dit Mme Gowda.

Les lignes directrices sont axées principalement sur les zones vulnérables aux sels de voirie autour des sources d’eau potable municipales, comme les prises d’eau et les têtes de puits, où le niveau de sodium et/ou de chlorure peut être plus élevé, ou est plus à risque de l’être.

Parmi les approches que les municipalités peuvent adopter, mentionnons la possibilité d’élaborer des plans de gestion des risques pour les stationnements privés et les routes afin de régler les problèmes d’entreposage des sels de voirie, d’application et d’incidence sur les sources d’eau potable; de tenir compte des répercussions sur la qualité de l’eau dans les plans d’aménagement et de zonage; d’assurer la formation des gestionnaires, du personnel d’entretien des routes et des entrepreneurs sur l’épandage des sels et ses répercussions sur l’approvisionnement en eau; et de mettre à jour régulièrement les plans municipaux de gestion des sels afin de mieux protéger les sources d’eau potable.

Les lignes directrices renferment des suggestions pour que ces plans de gestion prévoient une utilisation plus efficace du sel. Pour ce qui est des méthodes peu coûteuses, une meilleure formation sur les plages de température où le sel et les autres techniques de dégivrage sont inefficaces pourrait aider à réduire les déchets de sel et la surutilisation. L’utilisation de la saumure pour prétraiter les routes peut empêcher la formation de verglas et le gel, et le prétraitement du sel avec de la saumure peut le rendre moins susceptible de rebondir et d’élargir sa plage de température effective.

De plus, de nouvelles technologies - comme les contrôleurs informatisés d’épandage des sels, les capteurs de température, l’étalonnage des épandeurs et les lames de chasse-neige renforcées - peuvent réduire l’utilisation des sels tout en assurant le même degré de sécurité routière, selon les lignes directrices. Cela pourrait également exiger l’actualisation de la formation dispensée aux conducteurs de camion, au moyen de cours de recyclage offerts chaque saison.

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L’apport de sel de voirie dans l’approvisionnement en eau a été l’une des questions soulevées pendant le débat public en 2016.

Une utilisation plus efficace des sels de voirie devrait aider les réseaux d’aqueduc à risque à se rétablir, a déclaré Mme Dugan. À mesure que l’eau des rivières et des lacs se renouvellera au fil du temps, elle emportera le sel avec elle.

« Si nous nous occupons des apports (de sel), les lacs se videront naturellement », a dit Mme Dugan. « Contrairement au mercure ou au phosphore -- car ceux-ci peuvent rester à l’intérieur des lacs dans le réseau trophique ou dans les sédiments -- le sel est beaucoup plus simple. Il suffit d’en réduire l’utilisation. » Selon une étude réalisée en 2005 (en anglais seulement), environ 18 millions de tonnes métriques de sel de voirie sont épandues aux États-Unis chaque année; un rapport d’Environnement Canada paru en 2012 a révélé que 5 millions de tonnes métriques de sel étaient épandues chaque année sur les routes au Canada.

La prochaine étape de la recherche consistera à déterminer les effets spécifiques de ce sel supplémentaire sur les plantes et les espèces sauvages vivant dans ces lacs, a déclaré Mme Dugan.

Même si ces lignes directrices ont été élaborées pour l’Ontario, Mme Gowda fait remarquer qu’elles devraient s’appliquer à de nombreuses autres régions au Canada et aux États-Unis. En autant que les zones vulnérables aux sels sont identifiées, les administrations municipales et celles des États et des provinces peuvent déterminer la meilleure façon d’assurer la protection des automobilistes et des sources d’eau douce.

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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