Le démantèlement du barrage de Milltown donne lieu à une modification des passes à poisson de la rivière Sainte-Croix

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Kevin Bunch
water flows through former milltown dam site

Depuis cet été, le barrage de Milltown n’empêche plus le passage des poissons le long de la rivière Sainte-Croix.

Le propriétaire du barrage, Énergie Nouveau-Brunswick (Énergie NB), poursuit les travaux de déclassement et de démantèlement de l’ouvrage entamés à l’été 2023. Le barrage de Milltown est le premier obstacle que les espèces de poissons de mer, comme le gaspareau et l’ombre, doivent franchir pour remonter la rivière et frayer en amont. Selon Energie NB, bien qu’il reste encore du travail à faire sur le site du barrage, le franchissement de cette section par les gaspareaux a été rendu possible à temps pour la saison de frai de 2024.

« Le projet de déclassement de Milltown progresse et des travaux sont en cours des deux côtés de la frontière internationale », déclare Phil Landry, directeur exécutif du bureau de gestion de projet et d’ingénierie d’Énergie NB.

« Cela comprend les travaux de restauration des berges du côté canadien et, du côté américain, l’enlèvement des dernières structures mouillées. Ces activités auront lieu au cours de l’été et de l’automne, et la mise hors service sera effective avant la fin de l’année. » 

Par ailleurs, Energie NB restaure un terrain de base-ball collectif en bordure d’eau.

L’enlèvement du barrage a contribué positivement au suivi du nombre de gaspareaux qui remontent la rivière pour y frayer, ce dont divers organismes se chargent depuis 1980. Maintenant que le barrage s’est déclassé, ces organismes ont mis au point d’autres méthodes et se sont concentrés sur d’autres structures pour étudier les déplacements des poissons le long de la rivière.

Le Conseil international du bassin hydrographique de la rivière Sainte-Croix de la CMI a appuyé un projet d’étiquetage du poisson pour évaluer le passage des poissons aux barrages de Woodland, de Grand Falls et de Vanceboro, dans le secteur amont de la rivière. 

L’étude en question a consisté à étiqueter les gaspareaux à l’aide de radio-émetteurs dont les émissions sont captées par des récepteurs disposés le long de la rivière. Les chercheurs peuvent ainsi suivre le déplacement des poissons par rapport aux divers barrages. Ce projet permet aux chercheurs de mieux comprendre la mesure dans laquelle les barrages entravent la montaison des poissons dans la rivière Sainte-Croix. Jusqu’à maintenant, le marquage n’a concerné que les gaspareaux. Il s’agit d’un effort mené conjointement par les Passamaquoddy d’Indian County, par les Peskotomuhkati de Skutik et par la Woodland Pulp et New Brunswick Power.

Afin de faciliter le dénombrement des poissons, des caméras sous-marines supplémentaires ont été installées aux barrage Woodland et Vanceboro, en amont de Grand-Sault et de l’exutoire du lac Spednic.

portion milltown dam still standing

En juin, une partie du barrage de Milltown était toujours debout le long de la rive américaine de la rivière. Source : CMI

Les opération de dénombrement des poissons au barrage Woodland ont débuté en 2024.

« Maintenant que le barrage Woodland est le premier obstacle permanent le long de la rivière Sainte-Croix, après le déclassement du barrage de Milltown, la St. Croix International Waterway Commission (SCIWC) a examiné les images sous-marines quotidiennes de la migration du gaspareau depuis l’échelle à poissons du barrage Woodland de mai à juillet, » précise Neal Berry, directeur exécutif de la SCIWC. « En tout, 610 452 gaspareaux (faux harengs) ont été dénombrés en 2024. »

Le SCIWC a prévenu que ces dénombrements ne sont pas directement comparables à ceux qui ont été effectués antérieurement au barrage de Milltown, car les poissons ne franchissent pas tous les passes de Woodland.

Une étude de faisabilité du Conseil de la rivière Sainte-Croix de 2021 (en anglais seulement) a proposé que les passages pour poissons au barrage soient entièrement améliorés, car les structures existantes sont inadéquates pour permettre à la plupart des poissons de franchir le barrage. Dans la foulée, le Department of Marine Resources du Maine et la tribu des Passamaquoddy ont cherché à obtenir du financement afin de moderniser les passes à poisson du barrage Woodland. 

Grâce à une loi américaine bipartisane (l’Infrastructure Law and Inflation Reduction Act), au Department of Marine Resources du Maine et à des fonds du Congrès, ce projet est désormais entièrement financé, nous apprend Sean Ledwin, directeur de Sea Run Fisheries au Department of Marine Resources du Maine. Son exécution fera l’objet d’un appel d’offres à la fin de 2024 ou au début de 2025, et les travaux débuteront l’an prochain. Celui-ci répondra aux approches privilégiées proposées dans le rapport du Conseil selon lequel les travaux devraient coûter quelque 20 millions de dollars.

« Le financement accordé permettra de réaliser ce projet passionnant qui consiste à permettre à des millions de poissons de mer de réintégrer leurs habitats historiques et à donner un coup de pouce écologique et économique à la région », explique Sean Ledwin. Dans le cadre de la proposition formulée, le barrage Woodland sera doté de deux nouvelles passes pour favoriser les mouvements vers l’amont, de nouveaux filtres en aval et de voies de contournement grâce auxquelles les poissons pourront retourner à la mer en toute sécurité. En outre un pont sera construit et des améliorations seront apportées à l’ouvrage.

Selon l’étude de faisabilité de 2021, le barrage de Grand Falls qui se situe au-delà du barrage Woodland, présente, lui aussi, une passe à poissons qui est désuète et largement inefficace. Le remplacement par une nouvelle passe migratoire devrait coûter quelque 35 millions de dollars américains, comme l’a annoncé M. Ledwin lors d’une réunion du Conseil international du bassin de la rivière Sainte-Croix, en juin dernier. M, Ledwin a ajout. que son organisme cherche à concevoir et à financer ce projet en partenariat avec la tribu et The Nature Conservancy.

Si de nouvelles passages à poissons sont installées aux barrages Woodland et de Grand-Falls, le Gaspareau pourra accéder à 99 % de son habitat dans la rivière Sainte-Croix, ce qui permettra à l’espèce de réinvestir les secteurs historiques de la rivière qui existaient avant la construction des barrages. Le gaspareau est un aliment important pour les humains et la faune, ainsi qu’un appât pour la pêche au homard.

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.