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Le Canada et les États-Unis fixent des cibles de réduction des algues dans le lac Érié : et maintenant?

Personnel de la CMI

 


Les organismes gouvernementaux du Canada et des États-Unis, et la CMI, sont sur la même longueur d’onde en ce qui touche les cibles de réduction du phosphore qui sont nécessaires pour rétablir le lac Érié.

Le 22 février, Mme Gina McCarthy, administratrice de l’Agence des États-Unis pour la protection de l’environnement, et Mme Catherine McKenna, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, ont annoncé des cibles de 40 %. Elles ont indiqué que, si elles sont atteintes, ces cibles permettront de contenir la croissance des algues à un niveau compatible avec le maintien d’écosystèmes aquatiques sains et de limiter la biomasse algale à un niveau qui ne produise pas de toxines dangereuses pour la santé humaine ni pour la santé des écosystèmes.

Mme McCarthy a qualifié la fixation des cibles de « première étape des travaux urgents que nous devons accomplir ensemble afin de protéger le lac Érié ». Mme McKenna a précisé que le Canada est conscient de l’urgence et de l’ampleur de la menace pour la qualité de l’eau du lac Érié.

Vagues sur le lac Érié. Photo : Michael S.
Vagues sur le lac Érié. Photo : Michael S.

La partie ouest du lac Érié a connu sa pire prolifération d’algues à l’été de 2015. En août 2014, les algues en recrudescence ont contaminé l’approvisionnement en eau de Toledo, en Ohio, et de l’île Pelée, en Ontario, ce qui a obligé à diffuser des avis de ne pas boire l’eau.

Les sources des apports de phosphore dans la partie ouest du lac Érié englobent les stations municipales d’épuration des eaux usées et les eaux de ruissellement urbaines, mais les grandes coupables sont les eaux contenant du phosphore et des déchets animaux qui ruissellent des terres agricoles.

Ruissellement durant une forte pluie. Photo : Gary O’Dell.
Ruissellement durant une forte pluie. Photo : Gary O’Dell.

Par le protocole de 2012 qui a modifié l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs, les deux gouvernements fédéraux se sont engagés à fixer des cibles. Maintenant que les cibles sont adoptées, ils doivent, selon le protocole, élaborer des plans d’action nationaux pour les atteindre d’ici février 2018. Les plans comprendront une évaluation des conditions d’environnement, la détermination des priorités de recherche et de suivi à l’échelle binationale et la détermination des mesures prioritaires de gestion des apports de phosphore.

Dans un rapport présenté en février 2014 sur sa Priorité écosystème du lac Érié (PELE), la CMI a recommandé des cibles comparables : réduire de 37 % le phosphore total et de 41 % le phosphore réactif soluble entrant au printemps dans le lac Érié en provenance de la rivière Maumee. Les cibles de la CMI sont le fruit d’un examen scientifique et d’un atelier.

Les cibles des gouvernements, dont l’atteinte sera mesurée en fonction des réductions par rapport aux concentrations de 2008, ont été fixées après des études scientifiques et des consultations publiques. Des spécialistes de la modélisation du Canada et des États-Unis ont employé neuf modèles de simulation par ordinateur pour corréler l’évolution des concentrations de phosphore avec les niveaux de croissance des algues, afin de déterminer les cibles de réduction des charges de phosphore.

Une consultation publique binationale au sujet des cibles a eu lieu en 2015, entre le 30 juin et le 31 août. L’appui donné par la population aux cibles proposées et au processus ayant mené à leur établissement a contribué à faire adopter les cibles définitives.

Les gouvernements de l’Ontario, de l’Ohio et du Michigan se sont aussi engagés en faveur d’une réduction de 40 % des charges de phosphore et ils ont annoncé un accord de collaboration [en anglais] en juin 2015 en vue de réduire ainsi le phosphore total et le phosphore réactif dissous qui parviennent dans le bassin occidental du lac Érié d’ici 2025, un objectif intermédiaire de réduction de 20 % étant fixé pour 2020.

En juin 2015, le groupe de travail sur les cibles de réduction des éléments nutritifs du lac Érié de la Commission des Grands Lacs a aussi appelé à une réduction de 40 % des charges de phosphore sous les niveaux de 2008 d’ici 2025, avec un objectif intermédiaire de 20 % pour 2020. L’Ontario et les États du Michigan, de l’Ohio, de la Pennsylvanie et de New York étaient représentés au sein du groupe de travail.

Il sera difficile d’atteindre les cibles de réduction de 40 %. Tous les secteurs de la société, et non simplement le secteur agricole, auront leur rôle à jouer. Un climat en évolution, marqué par des pluies plus variables, d’intenses tempêtes printanières et la température des eaux qui réchauffe, compliquera la tâche. Outre les incitations à opérer volontairement des réductions, le rapport PELE publié par la CMI en 2014 recommande de renforcer les normes dans la législation et dans les règles pour obliger à effectuer les réductions.

Le lac Érié est un lieu de pêche reconnu mondialement et la source d’approvisionnement en eau potable de millions de personnes, en plus d’offrir des possibilités inégalées d’activités récréatives, mais les proliférations d’algues nuisibles font du mal aux gens et à l’économie. La bonne nouvelle, c’est qu’en agissant ensemble, nous pouvons réduire la pollution par les éléments nutritifs. Réduire la pollution exige des mesures audacieuses et l’abandon certain du statu quo.

Au forum public sur les proliférations d’algues nuisibles dans le lac Érié tenu en novembre 2014 à Leamington, en Ontario.
Au forum public sur les proliférations d’algues nuisibles dans le lac Érié tenu en novembre 2014 à Leamington, en Ontario.

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