Section 2: Mesures d'atténuation et impacts

2.1 Quels types de solutions sont envisagés pour atténuer les impacts des inondations ?

Le Groupe d'étude évalue actuellement plusieurs solutions possibles réparties sous quatre thèmes (voir ci-dessous). Les recommandations du Groupe d'étude peuvent comprendre des mesures portant sur plus d’un thème.

Solutions structurelles pour réduire les niveaux d'eau élevés (Thèmes 1 et 2)

  1. Réduire les niveaux d'eau dans le lac Champlain et la rivière Richelieu
    LCRR - Common terms FR

Exemples : enlever les vestiges de structures comme les cages à anguilles ou d'autres remblais et structures qui sont situés sur le haut-fond Saint-Jean ; créer des dérivations pour éloigner les eaux de crue des zones sujettes aux inondations critiques ou pour déplacer les eaux en aval plus rapidement ; gérer les eaux de crue par le dragage et au moyen de réservoirs gonflables.

  1. Réduire les apports d'eau dans le lac Champlain et la rivière Richelieu en emmagasinant ou en entravant l'écoulement de l'eau provenant des bassins versants contributeurs

Exemples : récupérer et aménager les corridors riverains et les plaines inondables, protéger les milieux humides existantes dans les tributaires ou inonder temporairement les terres agricoles.

Solutions non structurelles pour réduire les impacts des inondations (thèmes 3 et 4)

  1. Améliorer les plans d'intervention en cas d'inondation et l’état de préparation aux situations d'urgence

    Exemples : améliorer les modèles de prévision des inondations ; mettre en place de meilleurs moyens d’intervention en cas d’inondation, y compris la police, la gestion des urgences et la sensibilisation du public.
  1. Améliorer la gestion des plaines inondables et l’adaptation aux inondations  

    Exemples : améliorer les règlements, ordonnances et lois existants ou en adopter de nouveaux aux niveaux municipal, étatique, provincial et fédéral, y compris des normes uniformes d’aménagement des plaines inondables s’étendant au-delà de la plaine inondable de récurrence 100 ans ; mettre en place des restrictions d'utilisation du territoire pour les zones fréquemment inondées.

Consultez la fiche d'information décrivant le cadre d'atténuation des inondations sur notre site web.

 

2.2 Comment l'étude permettra-t-elle de s’assurer que les solutions recommandées profiteront à l'économie, aux collectivités et à l'environnement naturel sans leur nuire?

L'étude vise à s’assurer que les avantages des solutions recommandées l'emportent sur les effets négatifs grâce à des communications continues avec les intervenants et à la modélisation informatique.

Les scientifiques de l'étude travaillent à la conception d’un modèle informatique complexe pour évaluer et comparer les solutions possibles en fonction de leurs impacts sur l'économie, la société et l'environnement.

Les critères clés (appelés "indicateurs de performance") du modèle permettront d'évaluer à quel point les mesures d'atténuation pourraient contribuer à réduire les dommages causés aux résidences, aux entreprises, aux infrastructures et aux récoltes, ainsi qu'à mieux protéger les populations vulnérables. D'autres indicateurs de performance évalueront les impacts environnementaux potentiels sur les milieux humides, les poissons, les habitats fauniques et les espèces menacées. Les impacts potentiels sur les ressources culturelles des populations indigènes et sur l'utilisation de l'eau à des fins récréatives seront également pris en compte à l'aide de ce modèle, appelé le système d’intégration socio-économique et environnementale (ISEE).

Liste des indicateurs de performance :

Économique

Dommages résidentiels, commerciaux et industriels, dommages aux infrastructures publiques, effets sur les utilisations récréatives (terrains de camping, marinas), coût des interventions d'urgence, agriculture (perte de rendement), agriculture (fermes inondées, zone inondée)

Social

Vulnérabilité de la population, dommages socio-sanitaires (santé), impacts sur les terres et les communautés indigènes (à confirmer)

Environnement

Rat musqué, tortue, riz sauvage, chevalier cuivré, plantes des milieux humides, habitat des milieux humides (brochet, oiseaux des marais), services écosystémiques

Le Groupe d’étude identifie également des mesures structurelles et non structurelles possibles ainsi que leurs impacts et les avantages de ces mesures. Il en discute avec le public, les peuples autochtones, les propriétaires d'entreprises, les groupes d'intérêt et les dirigeants municipaux et les élus du Québec, de l’état de New York et du Vermont afin de déterminer le degré d'acceptabilité sociale et politique des mesures proposées dans le cadre de l'étude. De plus, des spécialistes des sciences sociales mènent un sondage d’évaluation des risques à l'échelle du bassin versant auprès des membres du public afin mieux comprendre la perception qu’a le public des mesures d'atténuation proposées.


2.3 L'eau du lac Champlain peut-elle être détournée vers la rivière Hudson par le canal Champlain pour aider à minimiser les inondations dans la rivière Richelieu?

La dérivation Hudson s'étend de Whitehall (État de New York, dans la région de South Bay), à Fort Edward sur une distance totale de 33,6 km (21,5 miles). Le dénivelé total entre le lac et la rivière Hudson est de 13,3 m (43,5 pi). La distance, le dénivelé et le volume d'eau à pomper et évacuer pour réduire les niveaux d'eau du lac Champlain rendent cette solution irréalisable.
 

2.4 Le canal de Chambly peut-il avoir un effet sur la réduction des inondations ?

Le canal de Chambly est un canal construit par l’homme qui s'étend sur environ 20 km le long de la rivière Richelieu. Construit à l'origine dans les années 1840 pour la navigation commerciale, il a depuis été réaménagé pour la navigation de plaisance et est géré par Parcs Canada comme un lieu historique national. Le canal a été élargi dans la rivière sur 800 m (2625 pieds) dans les années 1970, et une étude de la Commission mixte internationale de l'époque a révélé que cela a probablement fait monter le niveau d'eau du lac Champlain de 3 à 10 cm (1,2 à 4 pouces). Le Groupe d'étude étudie s'il est viable de modifier cette section du canal pour lui permettre de supporter en toute sécurité des débits d'eau plus élevés pendant les années où la région est menacée d'inondation. À l'heure actuelle, le canal et ses systèmes d'écluses n'ont pas été construits pour résister à des débits d'eau élevés. Si cette solution est jugée viable, le Groupe d'étude travaillera avec le gouvernement du Canada pour déterminer comment le canal pourrait être modifié pour permettre le passage de débits plus élevés.

Si l'étude conclut que l'utilisation du canal de Chambly comme mesure de réduction des inondations est une solution viable, le canal resterait toujours sous la juridiction de Parcs Canada, mais une structure de gouvernance binationale serait recommandée pour gérer son utilisation en cas d'inondation.

 Consultez la fiche d'information sur le canal de Chambly sur notre site web.
 

2.5 La réduction des niveaux d'eau au moyen de mesures structurelles affectera-t-elle les activités de loisirs, telles que la navigation de plaisance et la pêche ?

Agir pour faire baisser le niveau d'eau de la rivière Richelieu n'est qu'un des nombreux scénarios possibles pour atténuer les inondations. La probabilité que les gouvernements mettent en œuvre ce scénario est faible, mais si c'est le cas, l'étude produira des informations statistiques détaillées sur les impacts de la baisse des niveaux d'eau. Le niveau du lac Champlain augmente généralement depuis des décennies, de sorte que de petites réductions pourraient ne pas avoir beaucoup d'impact.
 

2.6 Le Groupe d’étude étudie-t-il la protection, l'amélioration et l'expansion potentielle des milieux humides existants pour contribuer au stockage de l'eau ?

Oui, le Groupe d’étude étudie cette option, même si le stockage des eaux de crue dans les milieux humides est complexe et doit être évalué en termes d'impacts positifs et négatifs. L'étude développe un indicateur de performance sur l'évolution des milieux humides afin d'estimer les impacts de l'atténuation des inondations sur la superficie et la composition de ceux-ci.

Bien que le Groupe d’étude examine les milieux humides comme moyen d'atténuation des inondations, ces écosystèmes peuvent avoir plusieurs autres avantages, comme la réduction de la sévérité des faibles débits dans des conditions plus sèches. De tels avantages supplémentaires pourraient être pris en compte dans l'analyse économique de l'étude.

La préservation et la protection des milieux humides existantes constituent un moyen important pour réduire l'ampleur des futures inondations dans le bassin versant. La modélisation a montré que les milieux humides existants ont contribué à une réduction significative des niveaux d'eau maximum lors de l’inondation de 2011. Bien que l'étude se concentre sur la recherche de solutions aux inondations majeures telles que celle de 2011, la modélisation est utilisée pour déterminer dans quelle mesure les milieux humides peuvent également réduire les dommages causés par des inondations mineures à modérées.
 

2.7 D'autres options de stockage de l'eau sont-elles envisagées, telles que l'utilisation de terres agricoles ?

Les experts ont modélisé l'impact du stockage temporaire des eaux de crue sur les terres agricoles. Les résultats montrent qu'il faudrait inonder une quantité considérable de terres pour commencer à voir une réduction substantielle des inondations. Dans le bassin versant du lac Champlain, environ 7 % de la superficie est actuellement constituée de milieux humides. La modélisation suggère que pour une réduction de 5 % du débit de pointe de 2011 à Fryers, il faudrait disposer de jusqu'à 18 % de terres agricoles et de milieux humides.
 

2.8 Dans des conditions extrêmes telles que la crue printanière de 2011, la rivière en amont de Saint-Jean-sur-Richelieu peut recevoir de l'eau de la baie Missisquoi, quelle est la contribution de celle-ci au débit de la rivière Richelieu ?

Lorsque le niveau d'eau dans la baie Missisquoi monte suffisamment, il y a une connexion hydraulique à travers les milieux humides qui contribue au débit de la rivière Richelieu. Cependant, la modélisation a démontré que le débit de cette connexion est négligeable par rapport au débit sortant du lac à Rouses Point (c'est-à-dire moins de 1 %).
 

2.9 L'étude envisage-t-elle la construction de barrages dans le bassin versant pour gérer les niveaux d'eau, le débit sortant ou les apports au lac ?

L'étude examine des mesures structurelles modérées comme solution pour atténuer les inondations. Il s'agit de structures de type déversoir à proximité ou sur le haut-fond Saint-Jean au Québec. L'étude n'examine pas la possibilité de construire des structures plus importantes, comme un barrage, comme solution potentielle. L'option privilégiée qui est examinée consiste à utiliser une structure préexistante dans la rivière (le canal de Chambly). Le rapport coût-bénéfice de cette option est à l'étude.

Les niveaux d'eau du lac Champlain ne sont pas gérés à l'échelle du bassin versant. Il existe seulement quelques barrages qui gèrent entre 2 et 3 % de l'eau dans l'ensemble du système.

Consultez la fiche d'information sur les barrages et réservoirs du bassin du lac Champlain et de la rivière Richelieu sur notre site web.