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Lac à la Pluie et lac Namakan : le Groupe d’étude discute des études des courbes d’exploitation avec les résidents

kevin bunch
Kevin Bunch

Kevin Bunch, CMI

 


La Commission mixte internationale (CMI) mène des activités de barrage afin de gérer les niveaux des eaux du lac à la Pluie et du lac Namakan depuis 1949, et une chose est devenue évidente au fil des années : il est difficile de définir, pour les niveaux des eaux, des cibles qui soient optimales pour tout le monde. La modification de ces cibles soulève diverses questions : Comment les poissons comme le grand brochet et le doré jaune s’en tirent-ils? Qu’en est-il de la production de riz sauvage? Quelle est la situation dans l’industrie de la villégiature?

Depuis 2015, le Groupe d’étude international sur les courbes d’exploitation du lac à la Pluie et du lac Namakan étudie les avantages et les inconvénients liés à la réglementation en vigueur et examine les possibilités d’amélioration en s’appuyant sur un certain nombre d’études scientifiques et de réunions publiques.

Deux plaisanciers se dirigent près des massettes dans le lac à la Pluie. Crédit : Eric Olson
Deux plaisanciers se dirigent près des massettes dans le lac à la Pluie. Crédit : Eric Olson

Pour y parvenir, le Groupe d’étude et la CMI utilisent des courbes d’exploitation qui sont essentiellement une plage de cibles pour les niveaux des eaux que les exploitants de barrages devraient tenter de respecter tout au long de l’année. Les courbes d’exploitation ont été modifiées pour la dernière fois en 2000 à la lumière d’études exhaustives de la CMI préconisant la modification des courbes d’exploitation établies en 1970.

Les courbes d’exploitation de 2000 avaient pour but d’augmenter les niveaux de l’eau du lac Namakan au printemps et d’améliorer les conditions écologiques, la navigation et les activités touristiques pendant cette saison. Les courbes d’exploitation des deux lacs ont également été rajustées pour l’été et l’automne afin de permettre un abaissement des niveaux plus naturel par rapport aux niveaux de l’hiver. En établissant les courbes d’exploitation en 2000, la CMI prévoyait étudier les changements 15 ans plus tard afin d’évaluer leur efficacité et de déterminer s’il y avait lieu d’effectuer d’autres rajustements.

Courbes d’exploitation du lac Namakan et du lac à la Pluie en 1970 et en 2000, tirées de l’ébauche de la stratégie d’étude provisoire.
Courbes d’exploitation du lac Namakan et du lac à la Pluie en 1970 et en 2000, tirées de l’ébauche de la
stratégie d’étude provisoire.

Pour prendre sa décision, le Groupe d’étude a recueilli des données préliminaires de 39 études sur le lac Namakan, le lac à la Pluie et la rivière à la Pluie afin de déterminer l’incidence des courbes d’exploitation de 2000 sur les espèces sauvages telles que le rat musqué, le grand brochet, le doré jaune et l’esturgeon, sur l’énergie hydroélectrique des barrages, sur la végétation telle que le riz sauvage et sur les facteurs économiques tels que les activités de villégiatures et l’inondation de propriétés littorales.

Entre autres constatations provisoires, les études ont révélé que les habitats de frai et d’alevinage du grand brochet se sont améliorés dans les deux lacs, tout comme l’habitat de frai du doré jaune dans le lac Namakan. Les massettes envahissantes sont devenues plus prolifiques dans le lac à la Pluie, mais sont demeurées à peu près inchangées dans le lac Namakan. Les rats musqués, qui se nourrissent de massettes, sont légèrement plus abondants dans le lac Namakan, mais pas beaucoup plus qu’avec les courbes d’exploitation précédentes. La végétation des terres humides s’est améliorée dans le lac Namakan, mais est demeurée inchangée dans le lac à la Pluie, la production de riz sauvage dans les deux lacs étant demeurée inchangée avec les nouvelles courbes d’exploitation. Depuis 2000, les niveaux d’eau maximums sont légèrement plus élevés dans les deux lacs au cours des années de débits entrants élevés, mais les études indiquent que cette hausse est attribuable aux années plus humides plutôt qu’aux courbes d’exploitation. La situation de l’industrie de la villégiature s’est beaucoup améliorée pour la chaîne de lacs Namakan, car plus de clients peuvent mettre leur bateau à l’eau plus tôt au printemps.

Le Groupe d’étude a également tenu six réunions publiques du 26 au 28 juillet au Minnesota et en Ontario : à Crane Lake, au Rainy River Community College d’International Falls et à Kabetogama Lake aux États-Unis, et à Rainy River, au centre d’interprétation Kay-Nah-Chi-Wah-Nung de Stratton et à la salle de réunion de la Première Nation Nigigoonsiminikaaning au Canada. Le Groupe d’étude a également rencontré plusieurs autres groupes au cours de ces journées, y compris deux groupes consultatifs, le Adaptive Rule Curve Group et le Groupe consultatif public sur les courbes d’exploitation, ainsi que la Première Nation Mitaanjigamiing. Ces réunions visaient à obtenir les commentaires des gens qui habitent ou travaillent près du bassin hydrographique et qui connaissent de façon concrète les répercussions de ces courbes d’exploitation.

Le lac à la Pluie est l’une des plus importantes masses d’eau touchées par les courbes d’exploitation. Il accueille des villégiatures, des ports de plaisance et une variété d’espèces fauniques que le Groupe d’étude doit prendre en considération dans ses recommandations. Crédit : CMI
Le lac à la Pluie est l’une des plus importantes masses d’eau touchées par les courbes d’exploitation. Il accueille des villégiatures, des ports de plaisance et une variété d’espèces fauniques que le Groupe d’étude doit prendre en considération dans ses recommandations. Crédit : CMI

Environ 75 personnes ont participé aux réunions publiques, fournissant au Groupe d’étude beaucoup d’idées, d’opinions et de renseignements. Les résidents sur le lac Kabegotama et les propriétaires d’établissements touristiques ont approuvé en grande majorité la modification des courbes d’exploitation de 2000 pour leur lac, car le niveau d’eau supérieur au début du printemps a amélioré l’accès des bateaux pour les touristes. Les participants à ces réunions publiques, et aux autres réunions, sont également conscients que l’inondation de 2014 se serait produite quelles que soient les courbes d’exploitation, car les modèles ont montré que la courbe d’exploitation de 1970 n’aurait eu au plus qu’un effet minime. De plus, les participants à la réunion sur le lac Crane ont convenu en grande majorité que des niveaux d’eau supérieurs étaient préférables à la courbe d’exploitation de 1970 pour permettre la mise à l’eau des bateaux dans leur région. Certains ont mentionné, de façon anecdotique, que la population de rat musqué semblait s’améliorer. Les deux lacs font partie de la chaîne de lacs Namakan.

Lors de la réunion à International Falls, le public a discuté de la possibilité d’ajuster les courbes d’exploitation chaque année selon les conditions météorologiques et les attentes, et a abordé des préoccupations portant généralement sur le niveau élevé de l’eau du lac à la Pluie et les pressions qu’exerce sur la rivière à la Pluie et d’autres zones en aval la fluctuation des niveaux d’eau selon les besoins des propriétaires de barrage. D’autres ont proposé de modifier les courbes de sorte que les entreprises d’électricité n’aient plus besoin de se préoccuper de maintenir les niveaux d’eau dans le milieu de la bande de la courbe d’exploitation. À Rainy River, les résidents ont souligné l’importance de communiquer les changements touchant la rivière et, à la Première Nation Nigigoonsiminikaaning, les résidents ont discuté de la façon dont les connaissances traditionnelles autochtones peuvent être incorporées à la réglementation relative au lac.

Erika Klyszejko, hydrologue, Environnement et Changement climatique, et les membres du Groupe d’étude sur les courbes d’exploitation expliquent quelques-unes des constatations préliminaires au public à la mairie de Kabegotama Lake. Crédit : CMI
Erika Klyszejko, hydrologue, Environnement et Changement climatique, et les membres du Groupe d’étude sur les courbes d’exploitation expliquent quelques-unes des constatations préliminaires au public à la mairie de Kabegotama Lake. Crédit : CMI

Le barrage international sur la rivière à la Pluie peut aider à réduire la charge en cas de pluies abondantes, mais la structure géographique de la rivière à la Pluie comporte des points de passage obligatoires qui limitent le volume d’eau pouvant s’écouler du lac. En cas de tempêtes suffisamment violentes, ces points de passage obligatoires peuvent provoquer des inondations même lorsque toutes les vannes de barrages sont ouvertes.

Les recommandations finales seront présentées à la CMI au printemps 2017, après quoi la CMI organisera des audiences publiques si elle décide d’apporter des changements importants.

Kevin Bunch est rédacteur spécialiste des communications au bureau de la Section américaine de la CMI à Washington, D.C.

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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