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La restauration des lieux de fraye de l’esturgeon jaune affiche des résultats prometteurs

kevin bunch
Kevin Bunch
Lake sturgeon on a spawning reef

L’esturgeon jaune était jadis abondant dans le bassin des Grands Lacs, mais la surpêche et la destruction de l’habitat qui se sont produites de la fin des années 1800 jusqu’au début des années 1900 ont décimé ses effectifs. Depuis, l’absence de lieux propices à la fraye de cette espèce a freiné considérablement les efforts de rétablissement la visant.

 

Un esturgeon jaune cherche un endroit pour frayer sur un récif naturel. Source : Adam Lintz.
Un esturgeon jaune cherche un endroit pour frayer sur un récif naturel. Source : Adam Lintz.

Donc, il y a environ 15 ans, des organisations et des chercheurs intéressés ont décidé de construire des récifs de fraye rocheux imitant les frayères naturelles qui ont été détruites. « Leur plan de construire des lieux de fraye de l’esturgeon jaune dans la rivière Détroit et la rivière Sainte-Claire il y a des années affichent maintenant des résultats prometteurs », a déclaré Jennifer Read, directrice du Centre hydrologique (Water Center) de l’Université du Michigan.

Les trois premiers récifs de fraye, construits au large de Belle Isle en 2004, étaient relativement petits; ils mesuraient 50 pieds par 80 pieds ou environ 37 mètres carrés. Ils étaient constitués de divers substrats et prenaient diverses formes afin de déterminer les préférences de l’esturgeon jaune. Ce poisson recherche un substrat rocheux meuble, où l’eau propre s’écoule librement sous la surface, pour y pondre ses œufs. « Bien que ces rivières renfermaient autrefois d’innombrables lieux propices à la fraye, la plupart ont été détruits par le dragage et la construction de chenaux de navigation », a ajouté Mme Read. Des travaux de suivi ont permis de constater que l’esturgeon jaune et d’autres espèces de poissons, comme le grand corégone, le doré jaune et divers meuniers, fréquentaient les récifs, et de confirmer que d’autres espèces y frayaient.

Construction d’un récif d’essai près du parc Historic Fort Wayne, dans le secteur sud-ouest de Détroit. Source : James Conway.
Construction d’un récif d’essai près du parc Historic Fort Wayne, dans le secteur sud-ouest de Détroit. Source : James Conway.

Selon Rich Drouin, biologiste de gestion principal à la division du lac Érié du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, « l’esturgeon jaune s’est révélé ne pas être exigeant quant au type de substrat, ce qui nous a incité à construire les nouveaux récifs de calcaire fracturé relativement peu dispendieux ».

D’autres récifs ont été construits à d’autres endroits dans les rivières Détroit et Sainte-Claire où l’eau est vive. Ils ont été aménagés près des îles Fighting et Grassy, dans la rivière Détroit, et près de Pointe Aux Chenes, du phare de Harts Landing et dans le chenal du milieu, dans les eaux d’amont de la rivière Sainte‑Claire. Mme Read a précisé qu’un total de huit récifs ont été construits jusqu’ici. Un plan de construction d’un autre près de Belle Isle est en préparation; il sera d’une superficie d’environ 5 acres ou 2 hectares.

« Nous sommes passés d’une superficie minuscule à une superficie passablement importante, a expliqué Mme Read. La construction de voies de navigation et l’aménagement des rives ont réduit les lieux propices à la fraye de 90 %. Quelque 500 acres peuvent avoir été détruites, et même s’ils constituent un petit pourcentage, cela a un impact important sur l’esturgeon jaune. » Ensemble, les huit récifs déjà aménagés et le neuvième qui le sera à Belle Isle, les récifs restaurés auront une superficie totale d’environ 20 acres ou 8 hectares.

Voir aussi - Petit poisson deviendra grand : les récifs projetés dans la rivière Détroit au secours de l’esturgeon jaune, qui menace de disparaître

« Jusqu’ici, les espèces envahissantes ne se sont pas révélées un grave problème aux récifs artificiels, a déclaré Lynn Vaccaro, spécialiste en recherche sur les écosystèmes côtiers au Centre hydrologique (Water Center) de l’Université du Michigan. Les roches meubles choisies sont trop grosses pour plaire à la grande lamproie marine parasite et trop petites pour accueillir le gobie à taches noires, mangeur d’œufs, en grand nombre. Bien que des moules envahissantes se soient fixées aux roches, elles n’ont pas encore dissuadé l’esturgeon jaune d’utiliser les sites pour frayer. »

Mme Read a précisé que la construction à elle seule du nouveau récif de Belle Isle pourrait coûter plus de 1 million de dollars de la part de la Great Lakes Restoration Initiative, y compris les consultations bilatérales, la préparation des documents et la supervision, mais non les évaluations avant et après la construction. Ces évaluations sont des outils précieux pour cerner les critères de recherche du meilleur endroit pour construire un récif et établir la réaction des poissons par la suite. L’une de ces évaluations a permis d’établir que du limon, qui nuit à la fraye de l’esturgeon jaune, se déposait au site du chenal du milieu dans la rivière Sainte‑Claire.

Étant donné que l’esturgeon jaune prend jusqu’à 25 ans avant d’atteindre la taille adulte, M. Drouin a expliqué qu’il faudrait peut-être aussi longtemps pour déterminer si ses effectifs augmentent grâce à la restauration de son habitat ou s’il déplace simplement ses activités de fraye d’autres emplacements vers les récifs. Il faudra également consacrer de nombreuses années à l’étude d’autres espèces, mais si elles affichent une augmentation de leurs effectifs, cela pourrait être important pour la gestion des pêches.

M. Drouin a précisé que l’esturgeon jaune mange des moules zébrées et des moules quagga, qui sont des espèces envahissantes, mais comme il n’est pas abondant, la quantité qu’il mange n’est pas suffisante pour faire une grande différence à l’échelle du bassin.

Bien que les besoins actuels de l’urbanisation et de la navigation limitent la superficie d’habitat qui peut être restaurée dans les réseaux fluviaux, M. Read a affirmé que tous les efforts, petits et grands, comptent dans le but de tirer le plus gros poisson des Grands Lacs du gouffre.

Un esturgeon jaune se déplace sur un récif artificiel aménagé dans le chenal du milieu de la rivière Sainte‑Claire. Source : USGS.
Un esturgeon jaune se déplace sur un récif artificiel aménagé dans le chenal du milieu de la rivière Sainte‑Claire. Source : USGS. 

 

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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