
Quand on demande à un scientifique ce qu’il fait, sa réponse risque toujours de porter à confusion.
Les scientifiques ont l’habitude de discuter entre eux, au laboratoire ou dans le cadre de leurs recherches, mais il suffit de demander à un chercheur d’expliquer son travail à un élève du primaire, et d’inviter le jeune élève à juger la présentation pour que les deux en bénéficient.
C’est ce qui s’est fait lors de la foire Flip the Science Fair, une sorte « d’anti-exposition scientifique » organisée plus tôt cette année par des étudiants de 2e et de 3e cycle de Virginia Tech et par les bibliothèques publiques de Roanoke. Une présentation sur l’événement a même été inscrite au programme de la Joint Aquatic Sciences Meeting, la JASM (ou réunion conjointe sur les sciences aquatiques), qui a eu lieu en mai à Grand Rapids (Michigan), sur le bords du lac Michigan.
Dans une séance de présentation par affiches traditionnelle, les étudiants exposent leurs recherches et leurs affiches sont jugées par le corps enseignant ou par des experts du domaine. Cependant, à Flip the Fair, les étudiants de 2e et de 3e cycle ont présenté des affiches résumant leurs recherches à des élèves de troisième, quatrième et cinquième année, âgés de 8 à 10 ans, qui les ont jugé.
Pour la lauréate, Holly Morrison (doctorante au programme de sciences biomédicales et vétérinaires de Virginia Tech), ce prix est le plus significatif qu’elle a gagné jusqu’alors, d’autant que l’événement a inspiré les enfants en leur faisant comprendre que leur avenir en science peut être à la hauteur de leurs rêves.
Les étudiantes de 2e et 3e cycle Abigail Lewis, Carla López Lloreda, Grace O’Malley et Heather Wander ont fait une présentation au JASM et ont contribué à l’organisation de la foire.

L’équipe d’organisation de Flip the Science Fair, de gauche à droite : Heather Wander, Emma Bueren, Carla López Lloreda, Amanda Hensley, Claudia Perez, Abby Lewis, Grace O’Malley et Sophie Drew avec Gates Palissery (en encadré). Crédit photo : Virginia Tech
L’anti-exposition scientifique visait à renforcer la sensibilisation aux sciences et la formation des diplômés.
Grace O’Malley est consciente que « ce ne sont pas tous les étudiants des cycles supérieurs qui ont l’occasion de communiquer avec un public diversifié ou de parler de leurs travaux scientifiques à des enfants ».
Les organisateurs se sont associés au Centre for Communicating Science de Virginia Tech pour la tenue de cet événement de deux heures auquel ont pris part 27 étudiants des 2e et 3e cycle et plus de 250 participants.
Le centre a organisé à l’avance des ateliers pour discuter des moyens d’inculquer la science aux jeunes et aux personnes de divers milieux. Les organisateurs ont songé à se tourner vers les écoles primaires de Roanoke pour la foire. La plupart des écoles de la région sont fréquentées par des élèves de familles à faible revenu pour qui l’accès à des domaines scientifiques est un vrai parcours du combattant.
« Grâce à ces ateliers, nous avons pu renforcer la confiance en soi de nos présentateurs et leur conférer les compétences nécessaires pour participer à l’anti-exposition scientifique, » devait ajouter Grace O’Malley.
Selon les organisateurs, cet événement a aidé les élèves du primaire à se voir comme des scientifiques en herbe aptes à poursuivre une carrière dans ce vaste domaine. Les étudiants ont aussi appris de leurs jeunes juges.
Pour Carla López Lloreda, les présentateurs sondés après la foire se sont dit récompensés en voyant l’expression d’élèves ayant compris leurs explications.
Deux courts métrages documentaires ont été créés à la suite de la foire, dont un de six minutes.
D’après les participants, l’anti-expo a permis aux enfants de se faire une idée du travail de scientifique. Les étudiants des cycles supérieurs devaient réfléchir à de nouvelles façons de présenter leur matériel, en décomposant les questions et les conclusions scientifiques pour les rendre facilement assimilables par des élèves du primaire.
Jeffery Anderson Jr., étudiant au 2e cycle, indique s’être préparé en s’adressant à des membres de sa famille qui ne sont pas des scientifiques et en apprenant à leur expliquer les choses sans les « barber ».
Un étudiant de 2e cycle, Brian Ruether, s’est rendu compte que sa recherche sur les insectifuges n’était pas vraiment complexe, « la question étant juste de savoir ce qui « sent » mauvais pour les insectes ».
Grace O’Malley nous a précisé que l’Université Yale (Connecticut) a contribué à faire avancer le concept d’anti-expo. La direction de l’université dit s’être senti inspirée par la foire de neurosciences Kid Judge de l’université de Pennsylvanie.
Heather Wander et d’autres organisateurs recommandent le format anti-expo à d’autres écoles et organisations dans la région des Grands Lacs, de part et d’autre de la frontière, et ailleurs. Des subventions sont offertes. Virginia Tech a reçu du financement du programme de partage scientifique de l’American Geophysical Union.

Jeff Kart is executive editor of the Shared Waters IJC newsletter and a contractor to the US Section of the International Joint Commission in Washington, D.C.