La CMI publie le Seizième Rapport biennal sur la qualité de l’eau dans les Grands Lacs : progrès considérables accomplis, mais il faut une action et un investissement soutenus

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La Commission mixte internationale (CMI) publie aujourd’hui un rapport qui montre comment la santé des Grands Lacs a évolué depuis 25 ans.

Si les efforts soutenus des gouvernements et de la population ont amélioré de façon mesurable la qualité de l’eau des Grands Lacs, la diminution rapide de la couverture de glace et la réapparition de certains polluants, dont des substances nutritives en surabondance, sont parmi les indicateurs préoccupants. S’appuyant sur les travaux de multiples spécialistes du Canada et des États-Unis, le rapport révèle un mélange de réalisations et d’enjeux à conquérir.

Joe Comuzzi, président de la CMI pour le Canada, fait remarquer que, par la révision toute récente de l’Accord, en 2012, le Canada et les États-Unis ont renouvelé et renforcé leur engagement de protéger et de rétablir les Grands Lacs. Il ajoute que les budgets serrés des deux côtés de la frontière rendent d’autant plus important de concerter les mesures d’assainissement et que les recommandations formulées dans le rapport peuvent y aider.

La CMI, créée par traité en 1909, se compose de six commissaires à qui il incombe de conseiller les gouvernements du Canada et des États-Unis sur les questions relatives à des milliers de kilomètres d’eaux limitrophes. L’an dernier, les deux gouvernements ont signé une version révisée de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs, demandant de nouveau à la CMI de rendre compte périodiquement de la santé des lacs et de la mesure dans laquelle les gouvernements remplissent les obligations que leur fait l’Accord.

Dereth Glance, commissaire américain, souligne que la préservation et l’amélioration de l’intégrité chimique, biologique et physique des Grands Lacs constituent le principal engagement que prennent les États-Unis et le Canada l’un envers l’autre. « Le rapport décrit où nous en sommes et le chemin qu’il nous reste à parcourir », dit-elle.

Rich Moy, commissaire américain, assure que le rapport ne constitue qu’un début : « la Commission définie d’importants indicateurs clés de l’écologie et de la santé humaine qui pourront servir à long terme à évaluer dans quelle mesure les gouvernements répondent aux exigences de la nouvelle mouture de l’Accord et des réglementations nationales en vigueur. »

Le rapport de la CMI se fonde sur 16 mesures qui indiquent l’état de santé chimique, physique et biologique des Grands Lacs.


Indicateurs de l’intégrité chimique

Les sept indicateurs de l’intégrité chimique montrent que la situation est stable ou évolue favorablement depuis 1987, ce qui témoigne du succès des modifications apportées aux politiques dans les deux pays après la signature de l’Accord d’origine, en 1972. Toutefois, certaines données révèlent un ralentissement, voire une inversion de la tendance à la réduction des charges de toxiques chimiques, comme le mercure, et de nutriments au cours de la dernière décennie et avant.

 

Indicateurs de l’intégrité biologique

Les cinq indicateurs biologiques révèlent des résultats variables. Par exemple, les amphipodes benthiques du genre Diporeia, petits crustacés ressemblant à des crevettes qui constituent un élément important de la chaîne alimentaire, abondaient dans les eaux froides loin des rives, mais ils ont complètement disparu de grandes parties des lacs Michigan, Huron, Ontario et Érié. En outre, de 1987 à 2006, 34 nouvelles espèces exotiques se sont établies dans les Grands Lacs, ce qui a causé des dommages étendus et coûteux à l’écosystème. Aucune autre espèce envahissante n’aurait été introduite avec les eaux de ballast après 2006, lorsque les nouvelles règles de gestion des eaux de ballast ont été appliquées, mais deux espèces se sont établies par d’autres voies.


Indicateurs de l’intégrité physique

Les deux indicateurs physiques montrent que la température de l’eau en surface augmente et que la couverture de glace diminue, ce qui signale vraisemblablement des changements climatiques. Le réchauffement des Grands Lacs soulève des préoccupations au sujet du maintien des espèces indigènes de poisson d'eaux froides et de l’augmentation des efflorescences d’algues, entre autres effets. Par ailleurs, ces indicateurs sont utiles à la CMI au vu de ses responsabilités touchant la gestion des niveaux et des débits. Les préoccupations au sujet du réchauffement de la planète ont poussé la CMI à appuyer une enquête plus approfondie sur les pratiques de gestion adaptative qui pourraient être essentielles pour limiter les dommages futurs à de nombreux secteurs d’intérêt des Grands Lacs.

Lana Pollack, présidente de la CMI pour les États-Unis, affirme que les données témoignent de progrès importants, mais qu’elles montrent aussi qu’il faut continuer d’investir, car protéger et restaurer les Grands Lacs est un travail qui exige une vigilance constante.


Prochaines étapes

Comme le veut l’Accord révisé, les parties et la CMI vont convoquer le Forum public sur les Grands Lacs, qui aura lieu à Milwaukee, au Wisconsin, les 9 et 10 septembre. Tenu durant la Semaine des Grands Lacs, le Forum offrira à la population l’occasion d’être informée par les gouvernements de l’état des lacs et des projets de recherche scientifique et d’intervention. Au Forum, la CMI renseignera le public et l’invitera à donner son opinion sur les indicateurs de la santé humaine et de l’écosystème et sur la façon dont elle compte évaluer les progrès du rétablissement. Le rapport final de la Priorité écosystème du lac Érié de la CMI [site en anglais] sera publié avant le Forum. L’inscription au Forum pourra bientôt se faire sur le site www.binational.net