L’article suivant est tiré d’un bulletin archivé. Consultez notre bulletin Eaux partagées.

La CMI fait part de ses recommandations aux gouvernements à propos des cibles en matière de nutriments pour la rivière Rouge

kevin bunch
Kevin Bunch
lake winnipeg research vessel

Après des années d’études scientifiques complexes, un examen indépendant, une période de consultation publique et deux audiences publiques, la CMI a soumis ses recommandations aux gouvernements canadien et américain au sujet des objectifs de concentration et des cibles de charge en nutriments pour améliorer la qualité de l’eau ainsi que pour réduire la fréquence et la gravité des proliférations l’algues dans la rivière Rouge.

Dans son rapport (rapport disponible en anglais seulement), la CMI recommande un objectif de phosphore total de 0,15 milligramme par litre, soit 0,15 parties par million (ppm), et un objectif d’azote total de 1,15 mg/l, soit 1,15 ppm, pour la rivière. Les cibles de charges annuelles recommandées (une mesure de la concentration moyenne dans l’eau multipliée par le volume total d’eau franchissant la frontière internationale) sont de 1 400 tonnes pour le phosphore et de 9 525 tonnes pour l’azote.

Cela représente 50 % de la cible de charge pour la rivière Rouge. L’autre moitié est constituée des nutriments qui proviennent du côté canadien du bassin, à partir de la communauté d’Emerson au Manitoba (à la frontière internationale), puis qui se dirigent ensuite vers le nord en direction du lac Winnipeg au Manitoba.

La rivière Rouge, qui est transfrontalière, se forme près des frontières du Dakota du Sud, du Dakota du Nord et du Minnesota, puis s’écoule vers le nord jusqu’au Manitoba, pour finalement se déverser dans le lac Winnipeg. Le bassin de la rivière Rouge est vaste et important dans les régions des Prairies au Canada et des Grandes Plaines aux États-Unis. Il s’agit d’un bassin hydrographique complexe en raison d’une géographie plate et en pente lente ainsi que des variations dans l’utilisation des terres (prairies, zones humides, agriculture et villes). Des infrastructures telles que le barrage de White Rock ont été construites au cours de nombreuses décennies pour aider à contrôler les inondations. Le lac et la rivière ont toujours été et continuent d’être affectés par des problèmes de qualité de l’eau, notamment un apport excessif en nutriments, tels que le phosphore et l’azote. Dans le lac Winnipeg, cela a entraîné des proliférations chroniques d’algues depuis la fin des années 1990.

« Le problème s’est aggravé avec le temps, et il ressort des travaux effectués par le Manitoba qu’une quantité importante (de nutriments) se déversant dans le lac Winnipeg provient de la rivière Rouge elle-même » [traduction], a déclaré Jim Ziegler, directeur régional de Detroit Lakes de la Minnesota Pollution Control Agency et membre du Conseil international de la rivière Rouge de la CMI. « Pour que l’on puisse s’attaquer à ce problème dans le bassin de la rivière Rouge, nous devons comprendre les contributions des différentes administrations. » [Traduction]

algal blooms nearshore winnipeg
Les proliférations d’algues dominant les rives du lac Winnipeg en juillet 2018. Source : NASA/Lake Winnipeg Research Consortium

Les recommandations de la CMI au sujet des objectifs et des cibles liés à la qualité de l’eau font partie du mandat du Conseil de faire rapport sur la qualité de l’eau de la rivière Rouge à la frontière afin d’aider les deux gouvernements à respecter les engagements pris dans le cadre du Traité relatif aux eaux limitrophes de 1909.

La CMI surveille la qualité de l’eau de la rivière Rouge depuis 1969, date à laquelle les deux gouvernements ont approuvé la création du Conseil international de lutte contre la pollution de la rivière Rouge et l’ont chargé de faire rapport sur la qualité de l’eau de la rivière à la frontière. Lorsque l’actuel Conseil international de la rivière Rouge a été formé en 2001 à partir de la fusion du Conseil international de lutte contre la pollution et du Conseil technique international des rivières Souris et Rouge, il a également été chargé de recommander des stratégies pour s’attaquer aux problèmes de qualité de l’eau et de santé de l’écosystème aquatique dans le bassin.

Les avis fournis par la CMI en vertu du Traité relatif aux eaux limitrophes de 1909 ne sont pas contraignants. Il appartient maintenant aux gouvernements canadien et américain de décider d’approuver ou non les objectifs et cibles recommandés par la CMI. Les concentrations et les charges en nutriments ont augmenté au cours des décennies, et la réduction des apports en nutriments dans la rivière Rouge posera donc un défi majeur pour les deux pays. La CMI estime que l’adoption des objectifs et des cibles proposés constitue une étape importante pour résoudre les problèmes complexes liés aux nutriments dans la rivière et le bassin.

Red River flowing Manitoba
La rivière Rouge qui traverse le Manitoba. Source : Agriculture et Développement des ressources du Manitoba

Actuellement, le Conseil international de la rivière Rouge fait rapport sur cinq objectifs de qualité de l’eau : oxygène dissous, total des solides dissous, chlorure, sulfate et bactéries fécales (E. coli). La surveillance de la qualité de l’eau est assurée par Environnement et Changement climatique Canada, et les résultats sont communiqués au Conseil deux fois par an, puis sont comparés aux cinq objectifs de qualité de l’eau.

La CMI signale aux gouvernements les dépassements des objectifs de qualité de l’eau et peut, par l’intermédiaire du Conseil et des organismes participants, mener des études pour comprendre la source des dépassements et encourager les organismes responsables à prendre les mesures appropriées pour prévenir ou atténuer les problèmes potentiels. S’ils sont approuvés par les deux gouvernements fédéraux, les objectifs et cibles proposés en matière de nutriments seront ajoutés à la liste des cinq objectifs et figureront dans les rapports du Conseil.

La CMI remercie toutes les personnes qui ont participé aux audiences publiques tenues à Fargo (Dakota du Nord) et à Winnipeg (Manitoba), au début de 2020, ainsi que celles qui ont participé à la période de consultation publique. De plus amples informations sur les objectifs et les cibles proposés en matière de nutriments, y compris les rapports de fond préparés par le Conseil international de la rivière Rouge (CIRR) et son comité de la qualité de l’eau, se trouvent sur le site Web du Conseil.

Le travail d’élaboration des objectifs et des cibles en matière de nutriments a été effectué avec le soutien de la CMI, du Conseil et des agences partenaires, notamment la Minnesota Pollution Control Agency, le North Dakota Department of Environmental Quality, le ministère de l’Agriculture et du Développement des ressources du Manitoba, le Buffalo Red River Watershed District, Environnement et Changement climatique Canada, Agriculture et Agroalimentaire Canada, l’US Environmental Protection Agency et l’US Geological Survey.

La CMI et ses partenaires se consacrent à l’amélioration de la santé de la rivière Rouge et du lac Winnipeg. Une carte historique détaillant l’histoire de la CMI dans le bassin a été élaborée afin de fournir un guide historique et visuel. Cette carte est publiée sur le site Web de la CMI.

red river farm field
La rivière Rouge et un affluent, avec un champ agricole le long des berges. Source : Lake Winnipeg Research Consortium
kevin bunch
Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

Abonnez-vous à notre bulletin !

Formulaire d'inscription