Nous gérons les niveaux d’eau des Grands Lacs de manière adaptative, et le Comité de gestion adaptative des Grands Lacs et du fleuve Saint‑Laurent de la CMI dirige des projets qui aideront à améliorer la surveillance du climat dans le bassin. Selon le guide 2009 du département de l’Intérieur des États‑Unis, la gestion adaptative est une approche systématique pour l’amélioration de la gestion des ressources à la lumière des leçons tirées des résultats en matière de gestion.
Le Groupe d’étude international sur le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent a recommandé la gestion adaptative en 2006 afin d’améliorer ses recommandations, qui étaient fondées sur des simulations informatiques montrant comment les niveaux d’eau auraient une incidence sur plusieurs objectifs de gestion, y compris la santé des milieux humides et les coûts de la protection des rives. Le processus recommandé par ce groupe d’étude aux fins de modélisation, de décision, de surveillance ainsi que de révision du modèle et de la décision est l’essence même de la gestion adaptative.
La collaboration n’est pas un souhait du Comité de gestion adaptative des Grands Lacs, il s’agit d’une nécessité. La CMI a créé un espace pour la gestion adaptative, mais il s’agit d’une salle de réunion et non d’un centre de commande. Les travaux décrits dans le Rapport d’étape semestriel à la CMI du Comité de gestion adaptative des Grands Lacs (couvrant la période de mars à août 2016) comprennent les travaux réalisés par ses membres, des organismes et des particuliers dans nombre de catégories, y compris l’amélioration des pêches (voir l’article intitulé « De l’aide pour les poissons des rapides Ste-Marie à la pression d’un bouton ») et de la surveillance du climat ainsi que la validation de modèles.
Amélioration de la surveillance du climat
Les spécialistes du climat recherchent des tendances dans les données sur les précipitations, le ruissellement et la température qui pourraient indiquer une variation du climat ou des niveaux des lacs. Les estimations relatives au volume d’eau qui entre et sort des lacs chaque jour sont toutefois imprécises. Deux approches différentes sont utilisées dans les Grands Lacs pour mesurer les débits entrants et sortants, et les différences entre les estimations peuvent être importantes, ce qui contraint les chercheurs à déterminer si les tendances constituent des erreurs ou si les erreurs cachent des tendances. Le Comité de gestion adaptative des Grands Lacs a contribué à l’organisation et au soutien du financement de la CMI, qui a tiré parti de trois projets d’amélioration de ces estimations.
Andrew Gronewold, du laboratoire de recherche environnementale des Grands Lacs à Ann Arbor au Michigan, a recours à un nouveau modèle statistique qui utilise les différences entre les deux estimations comme indices pour cerner les erreurs dans celles-ci. Une première expérience axée sur un petit jeu de données a permis essentiellement d’éliminer la différence. Le laboratoire tentera maintenant d’appliquer la méthode à un jeu de données beaucoup plus grand.
Un autre projet, dirigé par Vincent Fortin d’Environnement et Changement climatique Canada, vise à améliorer les estimations historiques des précipitations sur les lacs. Les données que nous possédons sont des extrapolations à partir de données de stations terrestres, et ces estimations sont suspectes. Les prévisions à haute résolution et à court terme des précipitations peuvent fournir de façon plus systématique des estimations précises des précipitations sur les lacs. Quand les facteurs utilisés dans ces prévisions sont disponibles sous forme de jeux de données historiques, les modèles peuvent les utiliser pour produire des simulations rétrospectives, soit des prévisions relatives à des événements passés.
Une simulation rétrospective d’une période de cinq ans menée dans le cadre de l’Étude internationale des Grands Lacs d’amont a fourni des preuves convaincantes qu’une meilleure série chronologique des précipitations serait ainsi possible, mais qu’une puissance informatique considérable serait nécessaire pour ce faire. Un ordinateur de bureau typique aurait besoin d’environ 900 ans pour produire la série chronologique de 30 ans souhaitée. Environnement et Changement climatique Canada utilisera un nouveau superordinateur pour effectuer les calculs nécessaires en moins d’un an.
Finalement, le Comité de gestion adaptative des Grands Lacs appuie le financement de la CMI pour les projets visant à mesurer l’évaporation à la surface des lacs au moyen de techniques de covariance des turbulences. Avant l’Étude internationale des Grands Lacs d’amont, il n’y avait aucune mesure soutenue de l’évaporation à la surface des Grands Lacs, qui est beaucoup plus importante que celle aux chutes Niagara.
Station de covariance des turbulences à l’île Granite, sur le lac Supérieur. Source : John Lenters
Validation de modèles Le Comité de gestion adaptative des Grands Lacs gère les travaux de validation des modèles de protection des rives et des végétaux des milieux humides qui étaient si importants dans l’élaboration du Plan proposé en 2014 par la CMI pour la régularisation du lac Ontario. En collaboration avec le Comité de gestion adaptative des Grands Lacs, Environnement Canada, The Nature Conservancy et l’État de New York surveillent les types de végétaux des milieux humides en fonction des emplacements et de l’altitude depuis 2009, et ces résultats sont maintenant comparés aux prévisions du modèle des milieux humides. L’État de New York et le Army Corps des États-Unis ont réalisé des relevés des structures de protection des rives afin d’améliorer les estimations des dommages calculées durant l’étude.
Le guide du département de l’Intérieur des États-Unis a mentionné précédemment des rapports selon lesquels la gestion adaptative comme elle est décrite ici est rarement mise en œuvre, et ce, même si elle est nécessaire selon nombre de documents de planification des ressources et si elle est mentionnée par de nombreux gestionnaires des ressources. Il n’est pas facile d’assurer une collaboration relative aux lacs lorsque plus d’un pays et différentes organisations sont concernés. Une planification en toute connaissance de cause est nécessaire pour recueillir les données requises afin d’assurer une gestion axée sur la science. Ce n’est pas facile, mais le processus est lancé dans le cas des Grands Lacs.
Le groupe de travail sur le cadre de lutte contre les changements climatiques Les conseils de la CMI collaborent aux fins de préparation aux changements climatiques. Des représentants de ces conseils des deux côtés de la frontière ont créé le groupe de travail sur le cadre de lutte contre les changements climatiques afin d’approfondir les idées de base acceptées lors de l’Atelier de l’Initiative internationale des bassins hydrographiques tenu à Washington (D.C.) le 20 avril 2016.
Le cadre est encore en voie d’élaboration, mais il est fondé sur trois idées principales : le fait que chaque conseil utiliserait des méthodes de planification uniformes des deux côtés de la frontière, mais suffisamment souples pour tenir compte des différences entre les missions des conseils, que la CMI et les conseils appuieraient et partageraient un centre d’échange d’information et de leçons apprises, et que la gestion adaptative ferait l’objet d’un soutien institutionnel. Le concept initial est décrit dans l’ébauche d’un livre blanc et a été présenté au Conseil international du bassin de la rivière Sainte-Croix le 29 novembre 2016. Le plan consiste à présenter le cadre aux commissaires en janvier 2017 pour obtenir leurs commentaires.
Bill Werick est un planificateur des ressources en eau. Il est retraité du Institute for Water Resources de l’Army Corps of Engineers des États-Unis depuis 2004, mais il continue de jouer un rôle dans le domaine des ressources en eau ici et ailleurs dans le monde. Il représente les États‑Unis au sein du Comité de gestion adaptative des Grands Lacs et du fleuve Saint‑Laurent.
Bill Werick is a member of GLAM Committee.