« Ce n’est pas parce que le lac Supérieur est grand qu’il ne peut pas changer... en fait, c’est l’un des lacs qui change le plus rapidement au monde », selon Jay Austin, professeur à l’Observatoire des grands lacs de l’Université du Minnesota à Duluth.
Dans son deuxième rapport de 2020 sur l’évaluation triennale des progrès (ETP) réalisés pour améliorer la qualité de l’eau des Grands Lacs (Rapport sur l'ETP de 2020), la Commission mixte internationale (CMI) signale que les répercussions des changements climatiques sur le lac Supérieur doivent être considérées comme un signe avant-coureur au même titre que le proverbial canari dans la mine de charbon.
M. Austin a expliqué les vecteurs et les répercussions des changements climatiques sur le lac Supérieur dans sa présentation principale à un symposium tenu à Thunder Bay, en Ontario, dans le cadre des efforts déployés par la CMI en 2019 pour consulter les intéressés en vue de la rédaction du rapport sur l’ETP de 2020.
Par rapport à tous les lacs, l’eau du lac Supérieur est parmi celle des lacs qui réchauffent le plus en été. En outre, le lac Supérieur est celui qui affiche la plus forte diminution de la durée de sa couche de glace hivernale.
Les agents stressants et la population sont moins nombreux dans le bassin hydrographique du lac Supérieur que dans les autres lacs, ce qui permet aux scientifiques « d’étudier les répercussions des changements climatiques sur un lac où les autres agents stressants ne sont pas présents », a ajouté M. Austin.
Brenda Lafrancois, écologiste aquatique du Service des parcs nationaux des États-Unis, a donné d’autres explications au cours de la séance d’information de la CMI sur la qualité de l’eau tenue en 2019 au Northland College à Ashland, dans le Wisconsin.
Le lac Supérieur figure parmi les lacs qui se réchauffent le plus rapidement au monde, et les projections climatiques laissent entrevoir un réchauffement dans l’avenir. « Nous pouvons donc nous attendre à voir des températures plus chaudes (de l’eau l’été) qui pourraient soutenir davantage de proliférations (d’algues bleu-vert) et nous savons aussi que les projections climatiques pointent vers un réchauffement et davantage de tempêtes dans l’avenir », a expliqué Mme Lafrancois.
Même si le lac Supérieur est le moins accueillant de tous les lacs pour les proliférations d’algues bleu-vert, celles‑ci ont pu être observées dans la partie occidentale du lac Supérieur en 2012 et de nouveau en 2016, 2017 et 2018.
Les changements climatiques ont des répercussions sur la température et les précipitations, deux facteurs importants qui contribuent à la présence de proliférations d’algues bleu‑vert dans le lac Supérieur.
Au cours de la séance d’information tenue au Northland College, le directeur adjoint Matt Hudson, du Burke Center for Freshwater Innovation, a décrit comment de grandes charges de sédiments et de nutriments s’écoulent dans la partie occidentale du lac Supérieur à la suite d’intenses précipitations.
Certaines parties de la même zone occidentale du lac Supérieur ont connu des augmentations d’environ 35 à 40 % de l’intensité des précipitations depuis le milieu des années 1900, selon M. Hudson.
Selon Mme Lafrancois, les expériences en laboratoire montrent que ces conditions plus propices aux tempêtes et au réchauffement « sont probablement plus favorables aux proliférations ».
Dans son rapport sur l’ETP de 2020 (en anglais seulement), la CMI recommande que les gouvernements du Canada et des États-Unis mènent un effort concerté et coordonné pour éliminer les proliférations d’algues bleu-vert (cyanobactéries) dans le lac Supérieur.
La recommandation de la CMI voulant que les gouvernements du Canada et des États-Unis dirigent l’élimination des proliférations d’algues dans le lac Supérieur comprend quatre composantes principales :
- Appuyer les observations, les expériences et les modèles pour décrire les charges de nutriments et la dynamique des proliférations
- Établir des cibles de charge de nutriments en réduction de la pollution provenant de sources ponctuelles et diffuses
- Investir dans les contrôles de la pollution et les pratiques exemplaires de gestion pour réduire la charge
- Intégrer les constatations et les cibles de réduction de la charge de nutriments dans la mise à jour de 2025 du Plan d’action et d’aménagement panlacustre du lac Supérieur.
Dans le rapport sur l’ETP de 2020 (en anglais seulement), la CMI note que le lac Supérieur, compte tenu de la richesse des ressources qu’il renferme, offre « peut-être la meilleure occasion de coordonner l’intervention des gouvernements pour s’adapter aux répercussions des changements climatiques sur les Grands Lacs dont nous avons la responsabilité partagée ».
Les vidéos et toutes les présentations des séances de mobilisation de 2019 de la CMI sont compilées dans cet exposé interactif (en anglais seulement).
Allison Voglesong Zejnati is public affairs specialist at the IJC’s Great Lakes Regional Office in Windsor, Ontario.