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État général des Grands Lacs : passable et inchangé

kevin bunch
Kevin Bunch
Lake Huron beach with footsteps
The condition of Great Lakes beaches, like this one on Lake Huron near Oscoda, Michigan, range from good-to-fair, according to a Canada-US report. Credit: BB and HH
L’état des plages des Grands Lacs, comme celui de cette plage du lac Huron située près d’Oscoda, au Michigan, varie de bonne à passable, selon un rapport Canada-États‑Unis. Source : BB and HH 

Bien que des progrès aient été réalisés pour rétablir et protéger la valeur écologique des Grands Lacs, la présence excessive d’éléments nutritifs et d’espèces envahissantes continue d’affecter la région, d’après ce qu’indique le nouveau rapport État des Grands Lacs 2017 préparé par Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) et l’Environmental Protection Agency (EPA) des États‑Unis.

Dans le rapport, on évalue l’état des Grands Lacs à l’aide de neuf indicateurs fondés sur les objectifs de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs de 2012 : l’eau potable, les plages, la consommation de poisson, les produits chimiques toxiques, l’habitat et les espèces, les éléments nutritifs et les algues, les espèces envahissantes, les eaux souterraines ainsi que les répercussions sur le bassin versant et les tendances climatiques. Les scientifiques et d’autres spécialistes analysent les données pour déterminer si, sur le plan de ces indicateurs, l’état des lacs est bon, passable ou médiocre et s’il y a amélioration, détérioration ou absence générale de changement. Un rapport technique indiquant la façon dont la conclusion a été tirée sera publié plus tard, d’après l’EPA et ECCC.

An overall assessment of the Great Lakes for each indicator. Credit: State of the Great Lakes Highlights report
Évaluation globale des Grands Lacs selon chaque indicateur. Source : rapport sur l’état des Grands Lacs

Du point de vue positif, le rapport indique que la qualité de l’eau potable provenant des Grands Lacs est bonne et qu’elle le demeurera pourvu qu’elle soit traitée. À l’aide des données de 2012 à 2014, on a analysé cette eau en fonction de paramètres microbiens, radiologiques et chimiques pour déterminer si elle est sans danger. L’Ontario et les huit États bordant les Grands Lacs suivent tous des méthodes différentes pour établir la qualité de l’eau, mais la conclusion globale est que les normes de qualité de l’eau sont respectées pour la grande majorité de la population à laquelle ces normes s’appliquent.

Dans la période visée par le rapport, soit de 2011 à 2014, l’état des plages variait de bon à passable selon l’endroit, bien qu’il ait été médiocre et qu’il se soit détérioré (par comparaison avec les données de 2008 à 2010) le long des plages du lac Érié dans les deux pays. Cette tache au dossier est en partie due à la bactérie d’origine fécale Escherichia coli, qui peut être emportée jusqu’au front de mer par les usines d’épuration des eaux usées, le ruissellement des eaux pluviales, les fosses septiques défaillantes et les grands rassemblements d’oiseaux.

Sur le plan des produits chimiques toxiques, l’état des lacs est passable, mais il y a des sédiments contaminés à certains endroits précis et, selon ce que semble indiquer la tendance, l’état s’améliore ou est demeuré inchangé pendant les 40 ans de surveillance.

D’un autre côté, les espèces envahissantes continuent de causer des effets négatifs, entraînant globalement les plans d’eau dans un état médiocre et une tendance à la détérioration. Même si seulement une nouvelle espèce aquatique non indigène – un type de zooplancton – a été signalée depuis 2006, les espèces envahissantes déjà présentes dans les lacs ont continué de causer des problèmes là où elles se sont établies. Les lamproies marines continuent de se nourrir de poissons indigènes, malgré le récent succès des mesures de lutte.

La moule zébrée et la moule quagga continuent de dominer dans l’écosystème des grandes profondeurs et d’avoir des répercussions sur les communautés de plancton dans l’ensemble des lacs. Cinq espèces terrestres envahissantes – le roseau commun, l’agrile du frêne, la salicaire pourpre, l’herbe à l’ail et le longicorne asiatique – sont toutes largement répandues et leur aire de répartition continue de s’étendre. Ces espèces sont un facteur important de l’évaluation négative sur le plan des espèces envahissantes, puisque ces dernières peuvent dégrader la qualité de l’eau et l’habitat.

Cladophora mats, like these in Lake Michigan off the Sleeping Bear Dunes, can overtake swaths of the lakes thanks to nutrient pollution and invasive mussels clarifying the water. Credit: R. Whitman, US Geological Survey
Les tapis de Cladophora (comme ici dans le lac Michigan, au large de Sleeping Bear Dunes) peuvent envahir le fond des lacs à la faveur de la pollution par les éléments nutritifs et des moules envahissantes qui clarifient l’eau. Source : R. Whitman, US Geological Survey

Sur le plan du phosphore, des éléments nutritifs et de la prolifération des algues, l’état global des Grands Lacs est considéré comme « passable », mais la tendance est inchangée ou en détérioration, selon le lac. Les concentrations d’éléments nutritifs augmentent dans tous les lacs sauf le lac Supérieur, et l’algue verte Cladophora – qui peut encrasser les plages et boucher les prises d’eau – est très répandue dans les lacs Michigan, Érié et Ontario. À cause de la prolifération d’algues nuisibles, l’état du lac Érié est médiocre et tend à se détériorer, et celui du lac Ontario est passable et tend à se détériorer.

En ce qui concerne d’autres indicateurs consultés pour la rédaction du rapport, l’état est généralement passable, et la tendance, inchangée. Sur le plan de la consommation de poisson, l’état de tous les lacs est considéré comme passable – les concentrations de biphényles polychlorés (BPC) et de mercure étant à la baisse dans les lacs Supérieur, Michigan et Ontario, mais stables ou en légère augmentation dans les lacs Érié et Huron.

L’état de l’habitat et la santé des populations de certaines espèces sont variables dans l’ensemble du bassin, étant bons dans certaines régions et médiocres ailleurs. Les milieux humides ont été rétablis dans certaines régions, mais souffrent du ruissellement des éléments nutritifs et de la sédimentation ailleurs. Malgré les revers infligés par les plantes envahissantes que sont l’hydrocharide grenouillette et la châtaigne d’eau, la diversité des espèces de poissons dans les milieux humides s’est améliorée partout. L’état du réseau trophique aquatique est mixte : les moules entraînent la détérioration de l’état sur le plan du phytoplancton dans les lacs Michigan, Huron et Érié, et les Diporeia, espèces de petits crustacés ressemblant à des crevettes, ont souffert dans ces lacs et dans le lac Ontario – peut‑être à cause des moules. L’état des populations d’esturgeon jaune est médiocre, mais il s’améliore, et celui d’autres espèces importantes de poissons est passable ou bon, mais reste en bonne partie inchangé.

Sur le plan des répercussions sur le bassin versant et les tendances climatiques, certains lacs se tirent mieux d’affaire que d’autres. L’état du lac Érié est médiocre selon trois sous-indicateurs – le couvert forestier, la couverture terrestre et les agents stressants ayant une incidence sur les bassins versants – tandis que celui du lac Ontario est médiocre sur le plan des agents stressants ayant une incidence sur les bassins versants et de l’aménagement du littoral en dur. L’aménagement peut exacerber les problèmes de ruissellement d’éléments nutritifs et d’autres polluants. Les tendances climatiques semblent indiquer qu’il y aura davantage de précipitations, que la couverture de glace en hiver sera moins épaisse et que la température de l’eau en été pourrait continuer à augmenter. Ces effets pourraient à leur tour avoir des répercussions sur la quantité d’habitats disponibles pour les espèces, permettre aux espèces envahissantes de se répandre plus au nord dans des régions où la température a toujours été plus froide et faire en sorte que la saison de croissance se prolonge – et, par conséquent, entraîner une augmentation du ruissellement.

D’après l’ECCC et l’EPA, le rapport technique sur l’état des Grands Lacs 2017 sera publié bientôt. Les rapports précédents sur l’état des Grands Lacs peuvent être consultés sur les sites Web de l’Environmental Protection Agency des États-Unis et des Publications du gouvernement du Canada.

 

The invasive aquatic plant European frog-bit, pictured here from Lake St. Frances off the St. Lawrence River, can choke out native plants and destroy habitat for fish and other species. Credit: Denis-Carl Robidoux
La plante aquatique envahissante, l’hydrocharide grenouillette, figurant ici sur la photo prise au lac St‑François, dans le fleuve Saint-Laurent, peut étouffer les plantes indigènes et détruire l’habitat des poissons et d’autres espèces. Source : Denis-Carl Robidoux

 

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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