
L’écoulement de l’eau procède d’un seul cycle allant de l’air aux eaux de surface et aux eaux souterraines, ou de la terre aux lacs et aux cours d’eau, avant de s’évaporer et de céder la place à un nouveau cycle. Cependant, les lois et les politiques environnementales négligent souvent un aspect complet du cycle parce qu’elles encadrent séparément les eaux souterraines, ce qui augmente les risques pour la santé publique ainsi que la dégradation des écosystèmes.
Tout cela commence à changer grâce à l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs de 2012. L’inclusion d’une annexe consacrée aux eaux souterraines constitue un important pas en avant. L’annexe 8 engage les gouvernements du Canada et des États-Unis à arrimer les mesures de gestion des eaux souterraines aux données scientifiques. Il s’agit de constituer un corpus de connaissances sur l’impact des eaux souterraines sur les Grands Lacs, ce qui mènera à des politiques et à des mesures scientifiques précises.
Cet engagement a déjà porté ses fruits. Dans un rapport de 2016 préparé pour le Comité exécutif des Grands Lacs par des scientifiques des deux pays, les auteurs de l’annexe 8 font remarquer que le volume d’eaux douces dans l’aquifère du bassin hydrographique est à peu près égal à celui du lac Huron.
Ils estiment que les rejets directs et indirects d’eaux souterraines dans les eaux de surface des Grands Lacs peuvent représenter jusqu’à 2,7 % et 42 %, respectivement, des apports d’eau dans les Grands Lacs. L’importance de la qualité de l’aquifère pour la qualité de l’eau des lacs est évidente.
C’est pourquoi FLOW (For Love of Water), une organisation sans but lucratif du Michigan, exerce des pressions pour que des mesures soient prises à l’échelon des États. Dans un rapport récent et dans le cadre de l’étude des eaux souterraines StoryMap, des scientifiques et des représentants de groupes clés demandent des changements en faisant des eaux souterraines une priorité de l’État du Michigan en matière de protection et de conservation.
Ce récent rapport, intitulé « Building Consensus : Securing Protection of Michigan’s Groundwater », reflète le travail de 22 participants compétents et influents des administrations locales, du milieu universitaire et des organismes de réglementation qui ont participé à la Table sur les eaux souterraines du Michigan convoquée par FLOW.
Les membres de la Table sur les eaux souterraines se sont réunis à distance pendant plus d’un an, pour en arriver à un accord général sur les conclusions concernant l’état des aquifères du Michigan, tout en discutant des solutions stratégiques possibles. Dans une série de rapports antérieurs datant de 2018, FLOW a attiré l’attention sur l’écart entre l’importance des eaux souterraines pour la santé et le bien-être du Michigan et l’absence historique de politiques cohérentes en matière d’eaux souterraines par l’État.
Dans le rapport, les membres de la Table ont souligné que les aquifères du Michigan constituent « une ressource essentielle et souvent négligée », cruciale pour la santé publique de l’État, pour l’agriculture et d’autres activités, pour la pêche en eaux froides, pour l’écologie des cours d’eau et pour les milieux humides. Ils ont également constaté que le Michigan n’avait pas investi suffisamment dans la surveillance, la cartographie et la déclaration de la quantité et de la qualité des eaux souterraines. De plus, la qualité des aquifères du Michigan s’est détériorée au cours du dernier siècle, ce qui a entraîné la contamination de plus de 15 000 sites et la contamination de milliers de puits privés.
Mesures prises dans d’autres États et en Ontario
Le rapport fait partie d’une série d’interventions récentes sur les eaux souterraines dans la région des Grands Lacs. Un sommet organisé en 2021 par la Grand Valley State University du Michigan a permis d’élaborer des recommandations consensuelles sur l’amélioration de la recherche et de la surveillance. La Freshwater Society du Minnesota dirige une analyse de la gouvernance des eaux souterraines dans la région des Grands Lacs. Une analyse récente de la politique sur les eaux souterraines du Wisconsin a également révélé des lacunes auxquelles il importera de remédier.
En février, le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs de l’Ontario a publié des lignes directrices sur la protection des sources d’approvisionnement en eau, y compris celles qui dépendent des eaux souterraines, qui ne sont pas incluses dans un plan de protection des sources ou qui ne sont pas réglementées par la Loi sur l’eau saine de la province.
En mai, le Comité de coordination des recherches du Conseil consultatif scientifique des Grands Lacs de la Commission mixte internationale a publié un rapport demandant aux gestionnaires de l’eau autour des Grands Lacs de collaborer dans la perspective de l’annexe 8 et d’élaborer un modèle numérique intégré des eaux souterraines et de surface à l’échelle du bassin.
Les auteurs du rapport de 2016 de l’annexe 8 font remarquer que les eaux souterraines, n’étant pas visibles, demeurent une énigme pour de nombreuses personnes, y compris celles qui en dépendent pour leur approvisionnement en eau. Au Michigan, c’est vrai même pour certains des 45 % des résidents de l’État qui dépendent des eaux souterraines comme source d’eau potable.