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Élaboration d’un système d’alerte précoce pour le bassin des Grands Lacs

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Allison Voglesong Zejnati
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 A naval officer stands lookout on a ship. Credit: U.S. Pacific Fleet

Sur un navire, l’un des emplois les plus importants est celui de sentinelle ou de « vigie ». Le rôle de la vigie est de scruter l’horizon et de surveiller attentivement les menaces pour empêcher le navire de se mettre en danger. Or, qu’en est-il dans le bassin des Grands Lacs? Qui devrait être la sentinelle de la qualité de l’eau? Qui devrait être aux aguets pour prévoir les menaces à l’écosystème et galvaniser une intervention proactive?

Dans une nouvelle étude, le Conseil consultatif scientifique des Grands Lacs de la CMI définit une approche privilégiée pour l’organisation d’un Système d’alerte précoce des Grands Lacs, ou GLEWS.

La prévention des dommages à l’écosystème affiche un bilan plutôt décevant dans la région des Grands Lacs. Qu’il s’agisse d’espèces envahissantes comme la moule zébrée ou de sous-produits chimiques nocifs issus d’activités industrielles, les menaces s’avèrent aussi nombreuses que variées, se produisant parfois sous l’effet d’une interaction que les gens n’ont pas vu venir à temps pour pouvoir l’empêcher.

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Matériel d’échantillonnage environnemental du lac Michigan recouvert de moules zébrées envahissantes. Source : Laboratoire de recherches environnementales sur les Grands Lacs de la NOAA (États-Unis)

« S’il y a tout lieu de nous féliciter des énormes progrès réalisés pour remédier à ces problèmes, il y a aussi une leçon à tirer, à savoir qu’il faut des ressources importantes pour pouvoir vraiment les résoudre », a déclaré Lucinda Johnson, membre du Conseil consultatif scientifique de la CMI et directrice adjointe chargée de la direction d’une initiative pour l’eau entreprise par le Natural Resources Research Institute à l’Université de Minnesota-Duluth.

« Le Conseil consultatif scientifique a donc jugé prudent de se demander ce qu’il faudrait pour que la communauté des Grands Lacs puisse mieux prévoir et prévenir les problèmes, plutôt que de se contenter de réagir a posteriori. C’est ainsi que nous avons lancé l’étude du Système d’alerte précoce des Grands Lacs, ou GLEWS », a-t-elle précisé.

Mme Johnson copréside le groupe de travail chargé de l’étude, avec Michael Twiss, membre du Conseil consultatif scientifique de la CMI et président du département de biologie de l’Université Clarkson à New York.

Il y a plusieurs systèmes d’alerte précoce autour des Grands Lacs, mais ils se concentrent habituellement sur une seule menace ou région, ou sur des menaces qui se manifestent rapidement et qui ne tardent que quelques jours, voire des heures, à toucher les lacs.

Citons entre autres le Système d’information sur les espèces aquatiques non indigènes des Grands Lacs (GLANSIS) de la National Oceanic and Atmospheric Administration des États-Unis, le Huron to Erie Drinking Water Monitoring Network de la Wayne State University, le Système d’alerte précoce de la prolifération d’algues nuisibles du Système d’observation des Grands Lacs et le Réseau d’observation en temps réel de l’écosystème aquatique (RAEON) de l’Université de Windsor. Dans le cadre d’une étude menée en 2016, 53 plateformes ont utilisé des technologies émergentes pour effectuer des observations et détecter les changements dans la qualité de l’eau et les conditions environnementales dans les Grands Lacs.

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Carte illustrant la répartition géographique des exploitants de technologies émergentes pour la surveillance des Grands Lacs en 2016. Photo : Michael Twiss, Kinga M. Stryszowska

L’objectif global du projet GLEWS est de comprendre la faisabilité d’un cadre de surveillance et d’intervention à l’échelle du bassin pour prévoir toute la gamme des menaces émergentes qui pèsent sur les Grands Lacs et y réagir, en particulier les menaces peu visibles qui prennent des années ou des décennies à se manifester. Les contaminants qui s’accumulent lentement dans l’eau et le sol et l’augmentation à long terme de la température de l’eau causée par les changements climatiques sont des exemples de facteurs de stress qui se manifestent lentement.

« Peu importe à quoi pourrait ressembler un système d’alerte précoce des Grands Lacs, sa mise en œuvre exigera une participation binationale de taille, a déclaré M. Twiss. Mais nous savons par expérience qu’il en coûte beaucoup plus cher de ne rien faire. »

Le projet GLEWS comporte deux phases, car il y a deux questions distinctes auxquelles il faut répondre. Premièrement, qui est responsable d’un tel système? Deuxièmement, quels renseignements le système devrait-il analyser pour évaluer le risque?

En mai 2020, les commissaires de la CMI ont approuvé le rapport final du Conseil consultatif scientifique sur la première phase du projet GLEWS.

Pour le rapport de la première phase, un groupe d’experts a examiné six structures organisationnelles différentes pour superviser la mise en œuvre du GLEWS parmi les nombreux organismes gouvernementaux et autres qui sont actifs dans le bassin hydrographique des Grands Lacs. Les six options ont été élaborées à partir d’un examen des cadres existants du système d’alerte précoce.

Compte tenu des options, les experts ont conclu qu’au vu de ses attributs comme organisation indépendante, binationale et scientifique, la CMI était le mieux placée pour constituer un groupe d’experts qui serait chargé de surveiller les activités du GLEWS sous l’égide du Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs de la Commission.

Un navire ne peut pas naviguer avec seulement une vigie; il a aussi besoin d’un équipage hautement qualifié pour se frayer passage. De même, le GLEWS devrait être appuyé par une diversité d’experts en la matière, comme le veut le rapport du Conseil consultatif scientifique. Le rapport reconnaît que le GLEWS doit être appuyé par des experts et des ressources des organismes gouvernementaux du Canada et des États-Unis afin de pouvoir soupeser et classer les menaces émergentes pour l’écosystème des Grands Lacs, et d’en faire rapport.

La prochaine étape du projet consiste à examiner les composantes du système d’alerte précoce aux fins de l’analyse et de l’évaluation des risques, sur lesquelles le Conseil travaillera au cours des prochaines années.

« Nous savons que nous ne pouvons pas tout savoir ni voir l’avenir - nous sommes des scientifiques, pas des magiciens. L’avantage de la science, c’est que pour peu que nous disposions de la bonne série d’indicateurs, des données de surveillance, des modèles, des scénarios et de la participation commune, nous serons déjà mieux équipés pour prendre les devants », a déclaré M. Twiss.

Le Système d’alerte précoce des Grands Lacs est l’un des nombreux outils en cours d’élaboration par les groupes d’étude des Grands Lacs de la CMI pour aider à prendre soin de la santé de l’écosystème des Grands Lacs de manière proactive et holistique. Le Comité de la priorité scientifique du Conseil consultatif scientifique est également sur le point de terminer une étude sur les effets interactifs et cumulatifs des facteurs de stress importants dans les Grands Lacs. Surveillez les prochains numéros de Connexion Grands Lacs pour rester au courant.

 

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Allison Voglesong Zejnati
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Allison Voglesong Zejnati is public affairs specialist at the IJC’s Great Lakes Regional Office in Windsor, Ontario.

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