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Des chercheurs et des résidents travaillent sur de nouveaux outils de suivi des efflorescences algales dans la baie Saginaw

Jeff Kart
IJC
saginaw bay algae

Comment se porte l’eau dans la baie Saginaw? En été, il arrive que l’eau à proximité des berges « verdisse » en raison de la prolifération d’algues nuisibles. Or, ces efflorescences peuvent regorger de minuscules cyanobactéries qui produisent des toxines durant leur cycle de vie. Vous avez peut-être entendu parler de ce phénomène dans le lac Érié. En 2014, il y avait atteint une ampleur telle qu’à Toledo (Ohio), il avait fallu interrompre le pompage de l’eau de la ville pendant plus de deux jours.

Or, tel ne fut pas le cas dans la région de la baie Saginaw. Et cela ne s’est plus produit à Toledo après 2014, notamment grâce au système de suivi des proliférations d’algues nuisibles du lac Érié. Cet outil est principalement utilisé par les usines de traitement de l’eau pour surveiller l’état de santé des eaux et s’assurer que l’approvisionnement demeure sûr.

Faudrait-il doter la baie Saginaw d’un système de suivi semblable pour émettre des prévisions et informer le public de l’état des plages, par exemple? Les chercheurs se sont penchés sur cette idée avec des groupes de la région, notamment lors d’ateliers, à l’été 2019, en compagnie des personnes qui fréquentent la baie pour des activités comme la natation, la pêche ou la navigation de plaisance.

Un tel système de suivi des algues dans la baie Saginaw bénéficierait des récentes percées de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis, déclare Mark Rowe, chercheur en physique au Great Lakes Environmental Research Lab (GLERL), une division de la NOAA située à Ann Arbor (Michigan).

En juillet 2019, la NOAA a commencé à exploiter un modèle de prévision tridimensionnel amélioré baptisé Lake Michigan-Huron Operational Forecast System (système de prévision opérationnelle des lacs Michigan-Huron). Celui-ci fournit des prévisions en temps réel sur cinq jours pour ce qui est de la circulation, de la température et du niveau de l’eau. En 2017, la NOAA a également introduit un indice cyanobactérien qui mesure l’intensité des efflorescences d’algues nuisibles à l’aide d’images de meilleure qualité provenant du satellite Sentinel-3 de l’Agence spatiale européenne.

« Nous avons l’occasion de déterminer si nous pouvons tirer parti de ces nouvelles percées pour mettre en œuvre des programmes utiles pour les parties prenantes de la région de la baie Saginaw », dit Rowe.

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Un plongeur de la NOAA écarte des algues nuisibles dans la baie Saginaw pour favoriser l’observation des populations de moules zébrées et quagga au fond du lac. Crédit photo : Paul Glyshaw

La situation

Les scientifiques de GLERL étudient les proliférations d’algues nuisibles au large de la baie Saginaw depuis 2012, en collaboration avec le Cooperative Institute for Great Lakes Research (CIGLR) du GLERL.

L’agence environnementale de l’État, le Michigan Department of Environment, Great Lakes, and Energy, surveille également les plages et les usines de traitement d’eau, en collaboration avec le Michigan Department of Health and Human Services.

Les cyanobactéries (algues bleues d’eau douce) peuvent produire des toxines, les microcystines, qui sont nocives à la santé humaine. Comme c’est souvent le cas, les efflorescences de la baie Saginaw sont causées par les nutriments contenus dans les eaux de ruissellement des exploitations agricoles, des zones urbaines et dans les rejets des usines de traitement des eaux usées.

Les chercheurs expliquent que les microcystines sont régulièrement présentes dans la baie Saginaw de la mi-juillet à septembre, mais dans des concentrations inférieures à celles mesurées dans le lac Érié.

Dans la baie Saginaw, on dépasse rarement les niveaux maximums de microcystines fixés pour les activités récréatives. En revanche, les concentrations de microcystines dans la baie intérieure dépassent souvent celles établies dans les avis d’eau potable, mais les prises d’eau potable sont situées au nord de la région touchée.

La plupart des efflorescences le long de la berge proche de la baie intérieure ne dépassent pas cinq milles de longueur, explique Tom Johengen, directeur du Michigan Sea Grant, un projet de l’université du Michigan, de l’université d’État du Michigan et de la NOAA. « C’est la partie de la baie qui est la plus directement influencée par la rivière Saginaw », ajoute Johengen.

La rivière Saginaw et la baie Saginaw ont été désignées secteurs préoccupants dans les années 1980, et des mesures sont en cours pour régler les divers problèmes qu’on y rencontre, notamment celui des algues.

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Images satellitaires de la baie Saginaw. Crédit photo : NOAA

Évaluation des besoins

Lors des ateliers d’été, les chercheurs se sont fait dire qu’il n’était pas vraiment nécessaire d’installer un système de suivi des proliférations d’algues nuisibles dans la baie Saginaw, précise M. Rowe.

« Nous ne cherchons pas à sensibiliser le public à un problème qui n’en est peut-être pas vraiment un », a-t-il ajouté.

Selon Mark Rowe, la surveillance et les discussions se poursuivent dans la collectivité, et certains produits d’information sur les algues de la baie Saginaw pourraient être introduits à l’avenir.

« Au stade où nous en sommes, nous envisageons de poursuivre la recherche pendant une autre année », ajoute-t-il. « Nous nous intéressons aux phénomènes naturels, comme le vent, qui peuvent transporter les algues de l’intérieur de la baie, le long de la berge, et qui ont un impact sur les prises d’eau potable, les collectivités et les parcs d’État. »

Les recherches dans la baie Saginaw constituent une petite partie d’un projet plus vaste et permanent financé par la US Great Lakes Restoration Initiative. Une subvention annuelle de 1,5 million de dollars a permis de financer la surveillance du lac Érié et de la baie Saginaw, la mise en place du système de suivi des efflorescences d’algues dans le lac Érié et l’application de technologies de pointe pour l’échantillonnage du lac Érié.

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Les scientifiques remorquent deux filets capteurs de plancton dans un secteur de la baie Saginaw envahi par les algues. Ces filets permettent de prélever des échantillons de plancton de différentes tailles, mais leurs fines mailles sont très vites obstruées lors d’un passage dans une efflorescence d’algues. Crédit photo : Paul Glyshaw
Jeff Kart
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Jeff Kart is executive editor of the Shared Waters IJC newsletter and a contractor to the US Section of the International Joint Commission in Washington, D.C.

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