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Conception d’une passe à poissons sur la rivière Sainte-Croix

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Kevin Bunch
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Les poissons ne peuvent pas traverser un barrage sur une rivière sans aide. Les chercheurs étudient les meilleures façons d’aider les poissons de la rivière Ste-Croix à franchir les barrages de Woodland et de Grand-Sault, en collaboration avec la société Woodland Pulp, qui en est propriétaire.

Ils étudient l’état des rivières autour des barrages afin de cerner les options les plus efficaces pour améliorer les passes à poissons. L’étude d’un an menée par le Conseil international du bassin de la rivière Ste-Croix (le Conseil) de la CMI aidera Woodland Pulp et les organismes gouvernementaux à déterminer les meilleures solutions pour les nouvelles passes migratoires.

La majeure partie de l’habitat du poisson dans le réseau hydrographique se trouve en amont des barrages de Woodland et de Grand-Sault, a déclaré Sean Ledwin, membre du Conseil et directeur de la  division des pêches et de l’habitat marin du département des Ressources marines de l’État du Maine. Ces deux barrages disposent d’échelles à poisson, mais elles sont vieilles et ne sont pas conçues pour de nombreuses espèces indigènes importantes, dont le gaspareau (ou hareng de rivière), l’alose savoureuse, la lamproie marine, l’anguille d’Amérique et le saumon de l’Atlantique.

Chaque espèce a des comportements et des besoins différents pour se déplacer en amont et en aval, a déclaré Doug Bradley, de LimnoTech au Michigan, un chercheur indépendant engagé pour le projet. Tout nouveau passage pour poissons doit être conçu pour ces diverses espèces, en fonction de leur nombre et du moment où chacune effectue sa migration.

Selon M. Ledwin, les options possibles comprennent un élévateur à poissons qui transporterait  le poisson au-dessus du barrage, et l’agencement de canaux artificiels imitant la nature. Ceux-ci pourraient contourner entièrement le barrage et donner aux poissons des endroits où se reposer pendant leurs déplacements.

Entre-temps, Énergie Nouveau-Brunswick travaille à l’approbation de la désaffectation et du démantèlement éventuel du barrage de Milltown, en aval de Woodland et de Grand-Sault. Il serait ainsi plus facile pour les poissons de remonter la rivière jusqu’à Woodland, ce qui leur donnerait un accès supplémentaire aux frayères en amont.

Le rétablissement de ces espèces dans leurs frayères historiques n’est pas seulement bon pour l’environnement. Selon M. Ledwin, les gaspareaux en particulier sont une espèce clé. En plus d’être capturés par les gens pour se nourrir et se procurer des appâts au homard, ils nourrissent des poissons prisés par les amateurs de pêche sportive, des aigles, des phoques, voire des morues et des baleines dans l’océan Atlantique. Historiquement, les gaspareaux pouvaient produire jusqu’à 1 milliard de juvéniles dans le réseau de la rivière Ste-Croix, et leur retour aurait un impact énorme sur les pêches commerciales et les collectivités autochtones de la région.

« Il y a beaucoup d’habitats du poisson en amont de cette zone du projet, a dit M. Ledwin. Si nous concevons la passe comme il faut, nous pourrions avoir le plus grand nombre de harengs de rivière en Amérique du Nord dans ce réseau. »

Une équipe de chercheurs et d’experts techniques s’efforce de comprendre les possibilités et les limites du réseau fluvial et des barrages existants, a déclaré M. Bradley. Ils visent à déterminer les meilleures options pour améliorer le passage des poissons en tenant compte des facteurs environnementaux, structurels et financiers entourant les barrages. Pour formuler leurs recommandations, les chercheurs se penchent sur des questions comme la façon dont les barrages sont exploités, la façon dont l’eau et les sédiments se déplacent dans le réseau fluvial, ainsi que les diverses tendances migratoires des poissons.

L’Initiative internationale sur les bassins hydrographiques de la CMI fournit environ 184 000 dollars américains pour le projet, qui compte également sur un soutien financier et en nature supplémentaire de la part d’entités fédérales, étatiques et tribales, dont la National Oceanic and Atmospheric Administration des États-Unis, Pêches et Océans Canada, le Fish and Wildlife Service des États-Unis, le Maine Department of Marine Resources, et la tribu des Passamaquoddy de la nation Peskotomuhkati.

Un rapport initial contenant les options de passage recommandées devrait être prêt à être examiné par le Conseil cet été, a ajouté M. Ledwin.

Les conclusions du rapport final pourraient être utiles pour recueillir des fonds publics et privés afin de construire de meilleurs passes à poissons. En attendant, il se trouve que le département de l’Agriculture des États-Unis a récemment annoncé un programme qui pourrait fournir jusqu’à 30 millions de dollars américains pour la connectivité des cours d’eau dans le Maine et le cours inférieur de la baie de Fundy. Une partie de ce financement pourrait servir à construire de nouvelles passes à poissons aux barrages de Woodland et de Grand-Sault, a conclu M. Ledwin.

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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