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Comme un requin : Des algues qui engloutissent les dollars dans le lac Érié

Par le personnel de la CMI

On pourrait comparer les algues du lac Érié à un requin vorace.

La saison propice à la formation d’algues dans le lac Érié en 2015 a été la pire jamais enregistrée. Heureusement, les gens en ont moins souffert qu’en 2014, alors que des centaines de milliers de résidents de la région de Toledo, en Ohio, n’avaient pas eu accès à de l’eau potable propre pendant trois jours. Une situation semblable s’était produite en 2014 sur l’île Pelée, située dans la partie ontarienne du lac, au Canada.

Les proliférations des algues du lac Érié comparables à un requin vorace sont exacerbées par le phosphore qui s’échappe des sols urbains et des terres agricoles. Les éléments nutritifs alimentent les efflorescences algales nuisibles, qui peuvent s’avérer toxiques pour les humains et les animaux.

Quels sont les coûts économiques associés aux efflorescences algales nuisibles du lac Érié? La Commission mixte internationale a tenté de répondre à cette question dans son dernier rapport sur la Priorité de l’écosystème du lac Érié (PELE). Autrement dit, quel serait l’intérêt d’éviter que de futures proliférations d’algues toxiques soient dommageables pour la santé de l’écosystème et les activités humaines comme les loisirs ou la pêche commerciale?

Dans notre rapport sur la PELE, publié en février 2014, nous avons pressé les gouvernements de s’attaquer à la prolifération d’algues en fixant des cibles de réduction du phosphore, en diminuant les charges de phosphore d’origine agricole et urbaine et en renforçant la surveillance et la recherche.

Près de deux années plus tard, nous publions le rapport d’un expert-conseil (disponible en anglais seulement), qui s’intitule « Economic Benefits of Reducing Harmful Algal Blooms in Lake Erie ».

  

Le rapport se penche sur les efflorescences algales de 2011 (la plus grosse jamais enregistrée à l’époque) et de 2014. Les répercussions sur les loisirs, les prélèvements d’eau, le tourisme et la valeur des propriétés y sont examinées.

Les scénarios qui ont été élaborés dans le cadre du rapport indiquent que les pertes d’avantages économiques découlant des proliférations ont totalisé près de 71 millions de dollars américains en 2011, et 65 millions de dollars en 2014. D’après les proliférations de 2014, on estime que sur 30 ans, les avantages perdus se chiffrent à plus de 1,3 milliard de dollars. 

Dans l’ensemble, le montant des répercussions économiques totales des proliférations de 2011 est fondé sur des estimations de $16 millions de dollars pour la diminution de la valeur des propriétés, de 20 millions de dollars pour la perte de revenus touristiques, de 31 millions de dollars pour la perte d’activités récréatives et de 4 millions de dollars pour le traitement de l’eau. Les estimations associées aux proliférations de 2014 sont quant à elles un peu moins élevées, puisqu’elles se chiffrent à 65 millions de dollars.



Efflorescence algale dans le lac Érié en 2011, le long du rivage sud-est de l’île Pelée, en Ontario, au Canada. Photo : Michigan Sea Grant

Dernièrement, Environnement Canada a analysé la même question économique dans un rapport intitulé « Algal Blooms: Estimating Costs to the Lake Erie Basin Economy ». Tandis que l’étude réalisée par la Commission mixte internationale tient compte des parties américaines et canadiennes du secteur ouest du lac Érié, l’analyse d’Environnement Canada se limite à la partie du lac située au Canada, notamment aux rives de Leamington, en Ontario, où la Commission mixte internationale a tenu des réunions publiques sur la PELE en 2014.

Selon l’étude canadienne, les coûts annuels associés aux dommages découlant des trois scénarios sont évalués à environ 142 millions de dollars « si le lac est stabilisé », à 272 millions de dollars « si rien ne change », et à 126 millions de dollars « si des mesures politiques sont prises ».

Autrement dit, la prise de mesures qui permettraient de réduire les efflorescences algales pourrait valoir environ 146 millions de dollars, selon l’étude d’Environnement Canada. Ces montants sont en dollars canadiens, alors qu’ils sont en dollars américains dans le rapport de la Commission mixte internationale, lequel, rappelons-le, évalue les coûts annuels d’une nouvelle occurrence à environ 71 millions de dollars pour 2011 et à 65 millions de dollars pour 2014.

Des progrès ont été réalisés, conformément aux recommandations que contenait notre rapport sur la PELE de février 2014.

Des cibles de réduction du phosphore provisoires fixées à 40 % ont été annoncées en juin par l’Environmental Protection Agency des États-Unis et Environnement Canada aux fins de consultation publique; les organismes doivent maintenant aller de l’avant avec leurs plans d’action nationaux afin d’atteindre les cibles.

Les États de l’Ohio et du Michigan et la Province de l’Ontario ont également annoncé leur intention d’accélérer la réduction de la pollution qui nourrit les algues, et ont établi des cibles de réduction de 20 % d’ici 2020 et une réduction totale de 40 % d’ici 2025.

Ce rapport d’un expert-conseil renforce les dizaines de millions de raisons que nous avons d’investir dans des solutions qui permettront de régler le problème continu que posent les algues, non seulement dans le lac Érié, mais également dans d’autres parties des Grands Lacs. Si nous ne le faisons pas, cette menace verte reviendra nous hanter sans arrêt, comme un mauvais film. 


Panneau au sujet des algues au Headlands State Park, à Mentor, en Ohio, en septembre 2015. Photo : Phil Kalina

 

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