Savoirs autochtones et gestion de l’eau: Initiatives actuelles et passées de la CMI reposant sur les savoirs autochtones, la consultation des peuples autochtones et la collaboration avec ces derniers

Seine River First Nation Sturgeon Spawning Project

 

La CMI a grandement bénéficié des savoirs et des points de vue autochtones. Voici quelques exemples de collaboration.  

 

Rivière à la Pluie et lac des Bois 

Recours à des indicateurs de savoirs autochtones pour anticiper le moment de la fraie de l’esturgeon jaune dans la rivière Seine (projet IIBH, 2012-2015) (en anglais seulement).  

Afin d'identifier la période de frai de l'esturgeon jaune dans la rivière Seine et de mieux gérer les niveaux d' eau dans le système, une étude a été menée de2011 à 2015 afin de déterminer le moment de la fraie de l’esturgeon jaune dans la rivière Seine et d’appuyer l’examen, par le Conseil, des opérations de régularisation du barrage et de la gestion des niveaux d’eau dans le réseau. L’étude en question, qui a notamment reposé sur l’emploi d’une caméra sous-marine, a permis de recueillir des données sur les tapis d’œufs et la dérive larvaire, et de déterminer le meilleur moment d’augmenter le débit d’eau pour éviter que les œufs d’esturgeon ne soient exposés à l’air. Les détenteurs de savoirs de la Première Nation de Seine River ont désigné deux indicateurs de savoirs autochtones qui coïncident avec la période de reproduction de l’esturgeon. Ces indicateurs sont particulièrement utiles quand les données de température ne sont pas disponibles.  

 

Rétablissement d’un peuplement de riz sauvage à la suite de l’enlèvement mécanique de quenouilles à feuilles étroites (projet IIBH, 2016) (en anglais seulement). 

L’envahissement par des quenouilles, la gestion anthropique de l’eau et les changements climatiques ont provoqué une diminution de la production de riz sauvage ou manoomin (en ojibwé) dans le bassin versant de la rivière à la Pluie et du lac des Bois. Le manoomin est un aliment de base de la Première Nation de Couchiching (en anglais seulement). Ces dernières années, la CMI a cherché à améliorer la production de riz sauvage dans cette région. Pour ce projet, la Commission a collaboré avec les Premières Nations de la région ainsi qu’avec des spécialistes de l’écologie des milieux humides. Grâce au financement de la CMI, Peter Lee, un spécialiste de l’écologie des milieux humides de l’Université Lakehead, a pu travailler (en anglais seulement) avec la Première Nation de Seine River pour déterminer quelles conditions hydriques sont les meilleures pour la croissance du riz. 

 

Grands Lacs 

Élaboration d’un cadre sur la consommation de poisson en liaison avec le Conseil mohawk d’Akwesasne, le Conseil consultatif scientifique des Grands Lacs et le Conseil consultatif des professionnels de la santé  

En raison des défis continus entre les bienfaits pour la santé et les menaces associées à la consommation de poisson, le Conseil consultatif des professionnels de la santé de la CMI travaille en partenariat avec le Programme environnemental du Conseil des Mohawks d’Akwesasne afin d’élaborer un cadre de consommation du poisson dans le secteur préoccupant du fleuve Saint-Laurent (en anglais seulement). La consommation de poisson dans cette région est un sujet particulièrement déconcertant parce qu’elle concerne un secteur préoccupant qui relève de plusieurs administrations et qui fait l’objet de multiples avis contradictoires sur la consommation de poisson. La collaboration recherchée devrait permettre d’envisager des approches destinées à réduire la confusion au sujet des avis de consommation de poisson dans toute région relevant de multiples administrations. Cette initiative comporte des ateliers visant à mieux comprendre la valeur du poisson et de l’eau pour les peuples autochtones de la région, à discuter des avis actuels sur la consommation de poisson et à confirmer le partenariat entre les parties touchées. Tout cela permettra d’optimiser les conditions d’élaboration d’une approche collaborative à la consommation de poisson dans la région des Grands Lacs. Le rapport final et le cadre du projet devraient être prêts d’ici avril 2024. 

 

Le Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs a adopté les principes et les pratiques de mobilisation des peuples autochtones (2017) (en anglais seulement). 

En avril 2017, le Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs (CQE-GL) a adopté des principes et des pratiques sur la façon dont il comptait consulter les Premières Nations, les Métis et les tribus dans le bassin des Grands Lacs, et dont il entendait collaborer avec ces derniers. L’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs (2012) signé par les gouvernements du Canada et des États-Unis reconnaît l'importance de la participation des Premières Nations, des Métis et des tribus à la gouvernance et à la gestion des Grands Lacs. Le CQE, qui s’efforce de consulter les peuples autochtones du bassin des Grands Lacs, a adopté des principes et des pratiques pour assurer une consultation et une collaboration cohérentes et structurante dans le cadre de ses fonctions, en vertu de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs. 

 

Faire le pont entre les sciences occidentales et les SET  

En 2020, le Conseil consultatif scientifique des Grands Lacs (CCS) a lancé une vaste étude visant à faire le point entre les sciences occidentales et les savoirs écologiques traditionnels. En septembre 2022, dans le cadre de ce travail, le Conseil a organisé une séance d’écoute avec des membres de la communauté haudenosaunee sur le territoire de la Nation mohawk, à Akwesasne. La séance visait à aider la CMI à mieux comprendre les façons de mobiliser adéquatement les savoirs autochtones (SA) ou les savoirs écologiques traditionnels (SET) et les communautés. Il a surtout été question de ce que la communauté pensait des SA/SET, et les participants ont été invités à parler de leurs expériences, réussites et défis constatés dans l’application des SA/SEA à la faveur d’activités de conservation environnementale. Les renseignements recueillis lors de cette séance d’écoute aideront à formuler des recommandations finales pour l’élaboration d’un nouveau cadre d’inclusion des SEA dans les activités de consultation et de sensibilisation de la CMI. En février 2024, le CCS prévoyait de tenir plusieurs séances d’écoute semblables dans diverses communautés autochtones des deux côtés de la frontière dans le bassin des Grands Lacs. Ce projet devrait être terminé d’ici décembre 2024. 

 

Étude du bassin de la rivière Souris (2017-2021) 

En 2017, les gouvernements du Canada et des États-Unis ont demandé à la CMI de lancer le plan d’étude de la rivière Souris à la suite des inondations sans précédent de 2011. Dans ses travaux et ses recommandations, le Groupe d’étude a tenu compte du point de vue des Autochtones, et il a donné lieu à la consultation continue avec le Conseil international de la rivière Souris une fois l’étude terminée. L’étude a été l’occasion de collaborer avec les nations et les tribus autochtones à l’élaboration d’indicateurs de performance pour la modélisation et l’analyse afin de déterminer quels effets pourraient avoir les changements potentiels à l’entente sur les intérêts autochtones. 

 

En novembre 2019, le Groupe d’étude international de la rivière Souris a organisé un atelier de consultation autochtone au Jardin international de la paix, situé à cheval sur la frontière canado-américaine entre le Manitoba et le Dakota du Nord. L’atelier avait pour objet de discuter des préoccupations des Premières Nations, des Métis et des tribus de la région et de voir comment intégrer ces préoccupations à l’étude. À cette occasion, les peuples autochtones des deux côtés de la frontière ont été informés des principes directeurs de la CMI, du rôle de la Commission, des objectifs de l’étude de la rivière Souris et des façons d’y participer.  

 

En septembre 2020, la CMI a par ailleurs collaboré avec le Groupe d’étude international de la rivière Souris à la tenue d’un autre atelier de consultation des Autochtones. L’objectif était d’informer les nations autochtones et les tribus des progrès de l’étude sur la rivière Souris et de la façon dont les communautés autochtones pouvaient participer jusqu’à la fin de l’étude. L’atelier a également été l’occasion de discuter avec les peuples autochtones de la création projetée d’un organisme consultatif autochtone pour le groupe d’étude temporaire et le conseil permanent de la rivière dont l’objet serait d’assurer la participation des Autochtones et la prise de décisions par ces derniers, d’abord dans le cadre de l’étude, puis à plus long terme.  

 

Étude internationale du lac Champlain et de la rivière Richelieu (2016-2022) 

À la suite des graves inondations survenues en 2016 sur les rives du lac Champlain et de la rivière Richelieu, la CMI a mis sur pied le Groupe d’étude international du lac Champlain et de la rivière Richelieu qu’il a chargé « d’examiner plus à fond les causes, les répercussions, les risques et les solutions en ce qui a trait aux crues dans le bassin ». S’agissant de la consultation des Autochtones, le Conseil s’était fixé comme objectif de mieux comprendre la vision des peuples autochtones qui ont fréquenté et fréquentent encore les terres et les eaux du bassin, de communiquer régulièrement avec les Autochtones de la région pour connaître leurs intérêts relativement à l’étude, et de travailler avec eux à la formulation de plusieurs indicateurs de performance pertinents pour ceux qui sont touchés par les fluctuations de niveau d’eau en fonction des utilisations actuelles et traditionnelles des terres et des eaux du bassin.  

 

L’étude a été réalisée en étroite collaboration avec le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki, avec les Mohawks de Kahnawa:ke et les Abénakis du Vermont. Les membres de l’étude ont rencontré à de nombreuses occasions les nations autochtones qui ont des intérêts dans le bassin, et la CMI a conclu un accord avec les nations Waban-Aki et Mohawk du Québec pour travailler à un projet spécial concernant l’utilisation des terres autochtones du bassin, étude comprenant la documentation de sites archéologiques et l’élaboration d’indicateurs de performance. 

 

Conseil international du bassin de la rivière Sainte-Croix 

Dénombrement annuel des poissons au barrage de Milltown (en anglais seulement) (projets IIBH de 2011 à ce jour).  

Un dénombrement des poissons ont été effectué chaque année au barrage de Milltown, entre St. Stephen (Nouveau-Brunswick) et Calais (Maine). Le barrage de Milltown étant actuellement en cours de démantèlement, le comptage des poissons se poursuivra en amont du barrage de Woodland. Ce dénombrement se fait depuis 1981, et il est financé depuis plus de cinq ans par le programme de la CMI. L’opération est exécutée et dirigée par le Conseil international du bassin de la rivière Sainte-Croix (CIBRSC) qui travaille également en collaboration avec Pêches et Océans Canada, Énergie NB et la Première Nation Peskotomuhkati/tribu Passamaquoddy. 

 

En 2021, les poissons ont été comptés et marqués à l’aide de transpondeurs passifs intégrés (TPI) pour surveiller leur migration en amont du barrage de Milltown. Le CIBRSC s’est associé à la nation Peskotomuhkati à qui il a fourni du matériel de lecture des étiquettes TPI et communiqué les techniques d’analyse de données, ainsi qu’à la nation Passamaquoddy en ce qui a trait à surveillance des lecteurs aux barrages Woodland et de Grand-Sault. 

 

Conseil international du bassin versant de la rivière Rouge (projet IIBH, 2021-2024) 

En 2021, le Conseil a lancé un projet visant à « établir les bases d’une collaboration autochtone dans le bassin international de la rivière Rouge ». Conformément à la priorité de la CMI de resserrer la collaboration avec les peuples autochtones dans les bassins transfrontaliers, et de les consulter activement, le Conseil a lancé un projet, échelonné dans le temps, qui devait lui permettre de mieux comprendre la situation et les priorités des nations et des tribus dans le bassin de la rivière Rouge. Ces travaux ont comporté des recherches, des ateliers et des produits livrables qui devaient permettre d’acquérir une compréhension commune des nations et des tribus du bassin par le biais de réunions et d’ateliers virtuels des deux côtés de la frontière internationale. 

 

Étude internationale des rivières St. Mary et Milk  

L’étude a été lancée en novembre 2021 en vertu d’un triple engagement : consulter les nations autochtones possédant des terres dans le bassin (qu’elles occupent ou pas), par l’entremise d’un groupe consultatif spécialisé; encourager la participation des principales nations concernées au forum gouvernemental de l’étude, aux côtés d’organismes fédéraux, provinciaux et étatiques; encourager la contribution d’experts autochtones appelés à siéger aux groupes de travail techniques de l’Étude. 

 

Forum sur la science de l’eau du lac Osoyoos  

Au mois d’octobre 2022, la bande indienne d’Osoyoos et la ville d’Osoyoos (Colombie-Britannique) ont organisé le Forum sur la science de l’eau du lac Osoyoos. Celui-ci été présenté par le Conseil international de contrôle du lac Osoyoos, la Commission mixte internationale et l’Okanagan Nation Alliance, ainsi que par d’autres partenaires s’intéressant au bassin versant de l’Okanagan. Le forum a permis aux résidents du bassin d’en apprendre davantage sur la gestion de l’eau, les changements climatiques et l’écologie du lac Osoyoos ainsi que du bassin hydrographique transfrontalier en général.