La régularisation du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent
L’eau du lac Ontario se déverse dans le fleuve Saint‑Laurent en traversant le complexe hydroélectrique aménagé entre Cornwall, en Ontario, et Massena, dans l’État de New York. La Commission mixte internationale (CMI) a approuvé la réalisation de ce projet en 1952. Avec l’assentiment des gouvernements du Canada et des États-Unis l’ordonnance supplémentaire d’approbation de 1956 par la CMI relativement à ce projet incluait des exigences afin de réduire la plage du niveau d’eau du lac Ontario, fournir un débit fiable pour la production hydroélectrique, des profondeurs adéquates à la navigation, la protection des rives et aux autres secteurs d'activité en aval, au Québec.
Le 8 décembre 2016, la CMI, après des études approfondies, une consultation publique et avec l’assentiment des gouvernements du Canada et des États-Unis, a établi une nouvelle ordonnance d’approbation supplémentaire du projet et a adopté un nouveau plan de régularisation pour le débit du lac Ontario-fleuve Saint-Laurent. L’ordonnance et le nouveau plan, dénommé « Plan 2014 », remplacent les ordres de 1952 et 1956 de même que le Plan 1958-D. Le Plan 2014 continue de protéger les propriétés riveraines et d’offrir des bénéfices économiques nets, de même que des mesures visant à améliorer la santé des écosystèmes et la diversité du lac Ontario sur la partie amont du fleuve Saint-Laurent. Le plan maintien, pratiquement sans changements, les conditions environnementales et la protection des rives du Saint-Laurent, en aval du barrage Moses-Saunders. En permettant des variations plus naturelles du niveau de l’eau, le plan vise à favoriser les conditions nécessaires pour restaurer les zones humides littorales et améliorer l’habitat du poisson et de la faune du lac Ontario et de la partie amont du fleuve Saint-Laurent. Le plan va également permettre plus fréquemment de prolonger la saison de plaisance du lac Ontario à l’automne, mieux maintenir les niveaux pour la navigation sur l’ensemble du système et permettre une modeste augmentation de la production hydroélectrique par rapport au plan précédent.
Le Conseil international du Lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent précise le débit du lac Ontario, selon Plan 2014 comme l’exige l’ordonnance supplémentaire de 2016 par la Commission mixte internationale. Ce plan fut accepté par les États-Unis et le Canada en décembre 2016 dans un effort d’amélioration de la performance environnementale tout en conservant la plupart des avantages offerts aux autres intérêts par le précédent Plan 1958-D, lequel était en opération depuis 1963. Pour déterminer le débit, le Conseil, en collaboration avec son personnel, accorde une attention particulière au niveau d’eau sur tout le système du lac Ontario/fleuve Saint-Laurent de même que sur les Grands Lacs en amont et aux répercussions sur les intervenants du bassin.
Le niveau d’eau varie d’année en année et tout au long de l’année selon les conditions météorologiques et les conditions d’apports d’eau du bassin. De telles variations aident les zones humides littorales et sont essentielles pour un environnement sain du lac, mais peuvent parfois, selon des circonstances propres à certains secteurs, augmenter la vulnérabilité des structures littorales et réduire les possibilités d’activités de plaisances. Le Conseil suggère vivement à tous d’être prêts à « vivre » avec la gamme complète de niveau d’eau survenu par le passé et de ceux qui pourraient se produire dans le futur. À partir d’observations historiques et de prochaines conditions prévisibles, nous anticipons que le niveau d’eau du lac Ontario pourrait facilement fluctuer d’un haut niveau de 75,73 m (248,5 pieds) à un creux de 73,56 m (241,3 pi). Cependant, il est également reconnu que les conditions climatiques futures sont incertaines, que des circonstances d’extrême niveau d’eau pourraient être atteintes et que ces circonstances extrêmes pourraient se produire plus souvent. La gamme de fluctuations du niveau d’eau sur le fleuve Saint-Laurent est plus grande que celle du lac Ontario. En outre, ces fluctuations n’incluent pas les divers effets locaux des forts vents ni du mouvement des vagues qui augmentent ou diminuent de façon significative, le niveau local de l’eau sur le lac et le fleuve, avec des modifications temporaires potentielles de plus d’un demi mètre (2 pi) à certains endroits.
Ouvrages de régularisation
Le débit du lac Ontario est régularisé depuis 1960, principalement par le barrage hydroélectrique Moses‑Saunders entre Cornwall et Massena, à environ 160 kilomètres (100 milles) à l’est du lac. Cet ouvrage, illustré dans l’agrandissement en bas, appartient à Ontario Power Generation et à la New York Power Authority, qui l’exploitent conjointement. Un autre barrage, situé près de Long Sault, NY, sert d’évacuateur de crues quand le débit dépasse la capacité du barrage hydroélectrique. Un troisième ouvrage, à Iroquois, en Ontario, illustré sur la carte principale, sert surtout à favoriser la formation d’un couvert de glace stable et à régulariser le niveau d’eau au barrage hydroélectrique.
Les autres projets sur le Saint‑Laurent ne sont pas supervisés par la CMI. Il s’agit notamment de trois écluses de navigation dans le tronçon international du fleuve, deux à Massena et un à Iroquois, ainsi que des ouvrages de production hydroélectrique et de navigation en aval, dans la province de Québec. Les Ordres de la CMI ne gèrent pas les écluses de la Voie maritime, car leur exploitation n’a pas d’effet sur les débits et niveaux, même au quotidien. De même, la CMI ne gère pas non plus les centrales électriques en aval, parce qu’elles ne se situent pas dans la section transfrontalière et que leur exploitation ne joue pas sur le niveau et débits des eaux limitrophes.
Plan de régularisation du lac Ontario
Les apports naturels d’eau, non régularisés, au lac Ontario sont le principal facteur qui détermine le niveau et le débit du lac. Ces apports sont les eaux qui arrivent du lac Érié, les précipitations sur le lac (dont il faut soustraire l’évaporation) et le ruissellement provenant du bassin. Le Plan 2014, en vigueur, précise le débit hebdomadaire en fonction du niveau du lac Ontario, de l’eau que le lac reçoit, et des conditions du fleuve en amont et en aval. En général, si le niveau d’eau est élevé et les apports abondants, le débit est fort, et l’inverse s’applique. Le plan prévoit un certain nombre de limitations de débit en vue de protéger divers intérêts sur le fleuve Saint‑Laurent qui pourraient subir un débit ou niveau d’eau extrême. Ces limitations maintiennent un débit suffisant pour la production hydroélectrique, des profondeurs minimales pour les prises d’eau municipales, la navigation et la protection contre les inondations.
La régularisation du débit du lac Ontario ne garantit pas le plein contrôle du niveau du lac ni du niveau du fleuve en aval. Les principaux facteurs naturels qui influent sur le niveau d’eau (débit provenant du lac Érié, précipitations, évaporation, ruissellement et action du vent) ne peuvent être maîtrisés. Il est très difficile de les prévoir, et les prévisions ne sont pas toujours exactes. Néanmoins, la régularisation de débit a aidé, et va continuer d’aider, à rendre le niveau de l’eau à des valeurs moins extrêmes.
Au début de l’hiver, alors que le couvert de glace commence à se former sur le fleuve Saint-Laurent, le débit est habituellement réduit pour aider à sa formation stable. Lorsque le couvert de glace stable est bien prit, le débit peut être augmenté. L’expérience a montré qu’au moment de la crue printanière de la rivière des Outaouais, qui est un grand affluent, les inondations dans la région de Montréal ont été réduites grâce à la diminution temporaire du débit du lac Ontario. Plan 2014 intègre formellement ces réductions temporaires de débit.