Pour bien comprendre le cheminement de l’eau à l’état naturel, il faut disposer de cartes précises de la surface et du lit des lacs et des rivières.
L’International Osoyoos Lake Board of Control (ou Conseil international du lac Osoyoos) a récemment terminé une étude à cette fin, fondée sur des photos numériques et des relevés aériens LIDAR (Light Detection and Ranging, pour : détection et télémétrie par ondes lumineuses) dans le but de cartographier le lit du lac Osoyoos jusqu’à une profondeur de 10 mètres (32,8 pieds), ainsi que certains tronçons des rivières Okanogan et Similkameen, des deux côtés de la frontière canado-américaine.
Le maître d’œuvre du projet, NV5 Geospatial, a également effectué des relevés au sol pour confirmer l’exactitude des photographie aériennes et des balayages LIDAR. Le lac Osoyoos étant peu profond, ce balayage a permis de cartographier la plus grande partie du fond.
« Cette technique permet de représenter numériquement un plan d’eau comme s’il avait été entièrement drainé », précise Anna Warwick Sears, membre de l’International Osoyoos Lake Board of Control de la Commission mixte internationale (CMI). « Il est ainsi possible de visualiser les transitions topographiques du sommet des montagnes au fond du lac et de mieux comprendre le volume d’eau qu’il peut contenir. »
Selon notre interlocutrice, il est en effet important d’avoir une bonne idée de la façon dont la topographie et le niveau d’eau du cours inférieur de la rivière Similkameen influent sur l’hydrologie de la rivière Okanogan et donc du lac Osoyoos.
Les deux rivières se rejoignent tout juste après le barrage Zosel et le lac Osoyoos. Quand le débit de la rivière Similkameen est élevé, il peut se produire un phénomène de refoulement d’eau de l’amont de la rivière Okanogan jusqu’au lac Osoyoos avec, pour conséquence, des inondations inattendues. Selon Mme Sears, c’est ce qui s’est produit en novembre 2021, lorsqu’un panache d’eau chargé de sédiments a été poussé du barrage et a inondé les zones riveraines du lac Osoyoos en aval.
Le Conseil international du lac Osoyoos est en train d’élaborer un modèle hydrologique pour les deux rivières dans le cadre d’un projet plus vaste lié au Cadre d’orientation sur les changements climatiques, cela pour déterminer en quoi les changements climatiques pourraient influer sur la capacité du Conseil à s’acquitter de ses responsabilités dans l’avenir. Mme Sears précise que ces données bathymétriques seront intégrées à un modèle combiné destiné à améliorer le comportement hydrographique des deux rivières à leur confluence, selon différents scénarios climatiques. Le Conseil sera alors en mesure de recommander d’éventuels changements aux ordonnances de la CMI concernant l’exploitation du barrage Zosel, en fonction d’événements futurs possibles.
Imagerie LIDAR des rivières Okanagan et Similkameen près du sentier du canyon Whistler. La coloration sert à illustrer la topographie de surface et du fond des rivières. Source : NV5
« Afin de déclarer que le lac Osoyoos est en situation d’étiage et de déterminer les risques que cela pose, il faut tenir compte des débits dans les réseaux des rivières Similkameen et Okanogan », nous précise Mme Sears. « Or, il est de plus en plus difficile de faire des prévisions exactes en la matière parce que nous sommes régulièrement soumis à des événements climatiques hors norme, d’où l’espoir que cette technique nous aidera à peaufiner les ordonnances d’exploitation. »
Outre qu’elles renseignent sur les changements climatiques, ces données sont utiles pour la planification des infrastructures et le peaufinage des cartes des plaines inondables ainsi que des plans d’atténuation des risques, comme nous l’apprend la description du projet de l’Initiative internationale des bassins hydrographiques de la CMI.
Le volet canadien de l’étude du Conseil international du lac Osoyoos a été réalisé par le Canadian Okanagan Basin Watershed Board, tandis que l’Initiative internationale des bassins versants de la CMI a financé le travail sur la partie américaine du bassin versant afin d’assurer un ensemble de données homogène pour la région.
Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.