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Plus de cent ans d’intendance internationale pour les rivières St. Mary et Milk

Le Traité des eaux limitrophes de 1909 cible les plans d’eau d’un océan à l’autre, mais fait spécifiquement mention de deux bassins versants seulement : celui des chutes du Niagara ainsi que celui des rivières Milk et St. Mary. Le bassin versant des rivières Milk et St. Mary est depuis longtemps une source de tensions en Amérique du Nord. En juillet, les commissaires sont retournés à ce bassin versant pour rencontrer des experts locaux et acquérir une compréhension directe des enjeux et des possibilités de cet unique réseau hydrographique des Prairies alimenté par l’eau de fonte des glaciers.

Les eaux d’amont de ce bassin versant se trouvent dans le parc international de la paix Waterton-Glacier. La route Going-to-the-Sun du parc national Glacier est un bon exemple de beauté, d’innovation, d’engagement, de vision et d’émerveillement de la Couronne du continent – épine dorsale de l’Amérique du Nord. Il s’agit également d’un des meilleurs endroits pour observer le recul des glaciers. Le nombre de glaciers du parc national Glacier, qui s’élevait à plus de 150 en 1825, n’est plus que de 25 environ. Les glaciers restants devraient fondre d’ici les 10 à 15 prochaines années, selon des recherches effectuées par le Geological Survey des États-Unis (site en anglais seulement).

Les accumulations de neige et les champs de glace demeureront, mais l’écoulement lent et prévisible de l’eau douce provenant des glaciers situés dans les montagnes au cours de la saison de croissance cessera.

Photo prise au parc national des Lacs‑Waterton durant une visite des commissaires et du personnel de la Commission mixte internationale (CMI).Photo prise au parc national des Lacs‑Waterton durant une visite des commissaires et du personnel de la Commission mixte internationale (CMI).

Dans les Prairies, l’eau est rare et précieuse. Les rivières Milk et St. Mary sont deux cours d’eau distincts qui traversent la frontière internationale. La rivière St. Mary est courte; elle prend naissance dans le parc national Glacier, au Montana, et coule jusqu’en Alberta. La rivière Milk est beaucoup plus longue et plus typique des réseaux hydrographiques de « crues éclairs » des Prairies, qui sont torrentiels au printemps, mais qui s’écoulent très lentement ou même s’assèchent en été.

Au début du 20e siècle, le débit fiable de la rivière St. Mary a été dérivé au Montana, dans un canal et deux gros tuyaux en acier, sur près de 1,5 km, de manière à traverser le paysage et à fournir un débit de base plus fiable aux fermes et aux collectivités situées le long de la rivière Milk.

Au Canada, les parties intéressées ont réagi avec frustration à la dérivation effectuée aux États‑Unis; on a donc commencé la construction d’un « fossé de retour » (ou « Spite Ditch »; lien en anglais seulement) pour ramener l’eau qui avait été détournée. La construction du fossé de retour n’a jamais été terminée, l’enjeu ayant attiré l’attention nationale et les principes de partage et d’attribution à parts égales de ce bassin versant étant spécifiquement mentionnés dans le Traité des eaux limitrophes de 1909.

Après une série d’ordonnances temporaires, la CMI a adopté en 1921 une ordonnance qui oriente aujourd’hui le régime de répartition. La répartition du débit entre les États‑Unis et le Canada nécessite une bonne compréhension des débits et des utilisations. Il existe 66 stations de jaugeage le long des rivières St. Mary et Milk, qui fournissent les données nécessaires pour diviser le débit d’après le principe de l’ordonnance de 1921.

Contrairement aux autres conseils visant des plans d’eau le long de la frontière, des agents régulateurs s’occupent du dossier des rivières Milk et St. Mary et de la justification des ressources en eau et de la répartition.

Au fil des ans, des représentants sur le terrain et d’autres experts ont été appelés à éclairer les discussions à propos des rivières Milk et St. Mary. Les agents régulateurs et les représentants sur le terrain ont demandé à la CMI de tenir compte de la participation continue des experts et ont manifesté leur intérêt à un engagement accru dans le cadre de l’Initiative internationale des bassins hydrographiques. La CMI poursuivra les conversations engagées avec les agents régulateurs, les représentants sur le terrain, les représentants étatiques et provinciaux ainsi que les citoyens du bassin versant. Les discussions continueront lors de la réunion semestrielle de l’automne de la CMI, qui aura lieu à Ottawa, en Ontario.

Taken at Glacier National Park during a visit by IJC commissioners and staff.Photo prise au parc national Glacier durant une visite des commissaires et du personnel de la CMI

La gestion de l’eau innovatrice et collaborative est un mode de vie dans les Prairies. À cause des changements climatiques, qui accélèrent la fonte des glaces, et des sécheresses et tempêtes de plus en plus extrêmes, les dirigeants du domaine de l’eau au sein des collectivités doivent être bien informés et préparés pour faire face à ces enjeux.

Des experts des deux côtés de la frontière, sous la direction des agents régulateurs, ont présenté des demandes de projet pour assurer une meilleure utilisation de l’eau des rivières Milk et St. Mary. De tels projets visent à répondre aux besoins de ce bassin versant vulnérable nécessitant un soutien systématique et solide. En ce début du deuxième siècle de partenariat international des rivières Milk et St. Mary, les enjeux liés au recul des glaciers, à la demande croissante en eau et au déclin prévu de la disponibilité de l’eau soulèvent des questions importantes à propos du partage équitable, de l’intendance et de la durabilité.

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